[450] τί δ´ οὐκ ἐν ὑμῖν ἐστιν; οὐ πλεῖστοι φόνοι;
451 οὐκ αἰσχροκερδεῖς, οὐ λέγοντες ἄλλα μὲν
452 γλώσσηι, φρονοῦντες δ´ ἄλλ´ ἐφευρίσκεσθ´ ἀεί;
453 ὄλοισθ´. ἐμοὶ μὲν θάνατος οὐχ οὕτω βαρὺς
454 ὅς σοι δέδοκται· κεῖνα γάρ μ´ ἀπώλεσεν,
455 ὅθ´ ἡ τάλαινα πόλις ἀνηλώθη Φρυγῶν
456 πόσις θ´ ὁ κλεινός, ὅς σε πολλάκις δορὶ
457 ναύτην ἔθηκεν ἀντὶ χερσαίου κακόν.
458 νῦν δ´ ἐς γυναῖκα γοργὸς ὁπλίτης φανεὶς
459 κτείνεις μ´· ἀπόκτειν´· ὡς ἀθώπευτόν γέ σε
460 γλώσσης ἀφήσω τῆς ἐμῆς καὶ παῖδα σήν.
461 ἐπεὶ σὺ μὲν πέφυκας ἐν Σπάρτηι μέγας,
462 ἡμεῖς δὲ Τροίαι γ´. εἰ δ´ ἐγὼ πράσσω κακῶς,
463 μηδὲν τόδ´ αὔχει· καὶ σὺ γὰρ πράξειας ἄν.
464 (ΧΟΡΟΣ) οὐδέποτε δίδυμα λέκτρ´ ἐπαινέσω βροτῶν
466 οὐδ´ ἀμφιμάτορας κόρους,
467 ἔριδας οἴκων δυσμενεῖς τε λύπας·
468 μίαν μοι στεργέτω πόσις γάμοις
470 ἀκοινώνητον ἀνδρὸς εὐνάν.
471 οὐδὲ γὰρ ἐν πόλεσι δίπτυχοι τυραννίδες
474 μιᾶς ἀμείνονες φέρειν,
475 ἄχθος τ´ ἐπ´ ἄχθει καὶ στάσιν πολίταις·
476 τεκόντοιν θ´ ὕμνον ἐργάταιν δυοῖν
477 ἔριν Μοῦσαι φιλοῦσι κραίνειν.
479 πνοαὶ δ´ ὅταν φέρωσι ναυτίλους θοαί,
480 κατὰ πηδαλίων διδύμα πραπίδων γνώμα
481 σοφῶν τε πλῆθος ἀθρόον ἀσθενέστερον
482 φαυλοτέρας φρενὸς αὐτοκρατοῦς.
483 ἑνὸς ἄρ´ ἄνυσις ἀνά τε μέλαθρα
484 κατά τε πόλιας, ὁπόταν εὑρεῖν
485 θέλωσι καιρόν.
486 ἔδειξεν ἁ Λάκαινα τοῦ στρατηλάτα
487 Μενέλα· διὰ γὰρ πυρὸς ἦλθ´ ἑτέρωι λέχει,
489 κτείνει δὲ τὰν τάλαιναν Ἰλιάδα κόραν
490 παῖδά τε δύσφρονος ἔριδος ὕπερ.
491 ἄθεος ἄνομος ἄχαρις ὁ φόνος·
492 ἔτι σε, πότνια, μετατροπὰ
493 τῶνδ´ ἔπεισιν ἔργων.
494 καὶ μὴν ἐσορῶ τόδε σύγκρατον
495 ζεῦγος πρὸ δόμων ψήφωι θανάτου
496 κατακεκριμένον.
497 δύστηνε γύναι, τλῆμον δὲ σὺ παῖ,
498 μητρὸς λεχέων ὃς ὑπερθνήισκεις
499 οὐδὲν μετέχων
| [450 Quel crime est inconnu parmi vous? où voit-on plus de meurtres ? N'êtes-vous pas avides de gains honteux? ne vous surprend-on pas toujours à dire une chose, et à en penser une autre? Malheur à vous ! pour moi la mort n'est pas si redoutable que tu le crois. Je ne vis plus, depuis le jour où je vis périr la malheureuse ville des Phrygiens et mon illustre époux, dont la lance te força plus d'une fois à chercher un asile sur tes vaisseaux. Guerrier aujourd'hui, terrible contre une femme, tu me tues. Frappe, car jamais ma langue ne s'abaissera à vous flatter, toi et ta fille. Si tu es grand à Sparte, je fus puissante aussi à Troie : et si je suis dans le malheur, n'en triomphe pas trop, car tu peux y tomber à ton tour.
464 LE CHOEUR.
Jamais je n'approuverai le mortel qui forme un double hymen, et qui a des enfants de plusieurs mères, source de discorde et d'amers chagrins dans les familles. Puisse mon époux se contenter de mon seul amour, et ne jamais admettre de rivales dans ma couche !
Dans les états, deux autorités ne sont pas plus faciles à supporter qu'une seule : c'est un fardeau ajouté à un autre, et une cause de sédition parmi les citoyens. Les Muses mêmes allument la discorde entre deux poètes qui travaillent au même ouvrage.
Quand les vents rapides poussent les navires, deux pilotes assis au gouvernail et une foule de sages ont moins de force qu'un seul moins habile, mais seul maître absolu. Le pouvoir d'un seul est nécessaire dans les cités comme dans les familles, quand on veut saisir l'à-propos.
La fille du roi de Sparte le prouve par son exemple : elle a porté le feu dans un autre ménage ; elle immole à la triste discorde la Troyenne infortunée, avec son enfant. Meurtre sacrilège, injuste, dénaturé ! Un jour, Hermione, tu seras en proie au repentir de ces attentats.
Mais je vois s'avancer devant le palais ce couple si étroitement uni, frappé par une sentence de mort. Ô femme infortunée, et toi, malheureux enfant qui meurs pour expier l'hymen de ta mère,
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