[230] Λύκος κεκορεσμένος καὶ πρόβατον.
Λύκος τροφῆς κεκορεσμένος, ἐπειδὴ ἐθεάσατο πρόβατον ἐπὶ γῆς
βεβλημένον, αἰσθόμενος ὅτι διὰ τὸν ἑαυτοῦ φόβον πέπτωκε,
προσελθὼν παρεθάρσυνεν αὐτό, λέγων ὡς, ἐὰν αὐτῷ τρεῖς λόγους
ἀληθεῖς εἴπῃ, ἀπολύσει αὐτό. Τὸ δὲ ἀρξάμενον ἔλεγε πρῶτον μὲν μὴ
βεβουλῆσθαι αὐτῷ περιτυχεῖν, δεύτερον δέ, εἰ ἄρα τοῦτο ἥμαρτε,
τυφλῷ, τρίτον δὲ ὅτι " κακοὶ κακὼς ἀπόλοισθε πάντες οἱ λύκοι, ὅτι
μηδὲν παθόντες ὑφ' ἡμῶν κακῶς πολεμεῖτε ἡμᾶς." Καὶ ὁ λύκος
ἀποδεξάμενος αὐτοῦ τὸ ἀψευδὲς ἀπέλυσεν αὐτό.
Ὁ λόγος δηλοῖ ὅτι πολλάκις ἀλήθεια καὶ παρὰ πολεμίοις ἰσχύει
| [230] LE LOUP RASSASIÉ ET LA BREBIS
Un loup gorgé de nourriture vit une brebis abattue sur le sol. Comprenant
qu'elle s'était laissée tomber de frayeur, il s'approcha et la rassura, en lui
promettant, si elle lui tenait trois propos vrais, de la laisser aller. Alors la
brebis commença par lui dire qu'elle aurait voulu ne pas le rencontrer; puis,
qu'à défaut de cela, elle aurait voulu le trouver aveugle ; en troisième lieu,
elle s'écria : « Puissiez-vous, méchants loups, périr tous de male mort,
puisque, sans avoir souffert de nous aucun mal, vous nous faites méchamment la
guerre ! » Le loup reconnut sa véracité et la laissa partir.
Cette fable montre que souvent la vérité a son effet même sur des ennemis.
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