HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ESCHINE, Contre Timarque (discours complet)

Paragraphes 60-69

  Paragraphes 60-69

[60] Τῇ δὑστεραίᾳ ὑπεραγανακτήσας τῷ πράγματι Πιττάλακος ἔρχεται γυμνὸς εἰς τὴν ἀγοράν, καὶ καθίζει ἐπὶ τὸν βωμὸν τὸν τῆς μητρὸς τῶν θεῶν. ὄχλου δὲ συνδραμόντος, οἷον εἴωθε γίγνεσθαι, φοβηθέντες τε Ἡγήσανδρος καὶ Τίμαρχος μὴ ἀνακηρυχθῇ αὐτῶν βδελυρία εἰς πᾶσαν τὴν πόλιν (ἐπῄει δὲ ἐκκλησία), θέουσι πρὸς τὸν βωμὸν καὶ αὐτοὶ καὶ τῶν συγκυβευτῶν τινες, (61) καὶ περιστάντες ἐδέοντο τοῦ Πιτταλάκου ἀναστῆναι, λέγοντες ὅτι τὸ ὅλον πρᾶγμα παροινία γέγονεν, καὶ αὐτὸς οὗτος, οὔπω μὰ Δία ὥσπερ νῦν ἀργαλέος ὢν τὴν ὄψιν, ἀλλἔτι χρήσιμος, ὑπογενειάζων τὸν ἄνθρωπον καὶ πάντα φάσκων πράξειν ἂν ἐκείνῳ συνδοκῇ. πέρας πείθουσιν ἀναστῆναι ἀπὸ τοῦ βωμοῦ, ὡς τευξόμενόν τινος τῶν δικαίων. ὡς δἀπῆλθεν ἐκ τῆς ἀγορᾶς, οὐκέτι προσεῖχον αὐτῷ τὸν νοῦν. (62) βαρέως δὲ φέρων τὴν ὕβριν αὐτῶν ἄνθρωπος, δίκην ἑκατέρῳ αὐτῶν λαγχάνει. ὅτε δἐδικάζετο, ἄλλην σκέψασθε μεγάλην ῥώμην Ἡγησάνδρου· ἄνθρωπον οὐδὲν αὐτὸν ἠδικηκότα, ἀλλὰ τὸ ἐναντίον ἠδικημένον, οὐδὲ προσήκοντα αὐτῷ, ἀλλὰ δημόσιον οἰκέτην τῆς πόλεως, ἦγεν εἰς δουλείαν φάσκων ἑαυτοῦ εἶναι. ἐν παντὶ δὲ κακοῦ γενόμενος Πιττάλακος προσπίπτει ἀνδρὶ καὶ μάλα χρηστῷ. ἔστι τις Γλαύκων Χολαργεύς· οὗτος αὐτὸν ἀφαιρεῖται εἰς ἐλευθερίαν. (63) τὸ δὲ μετὰ τοῦτο δικῶν λήξεις ἐποιήσαντο. προϊόντος δὲ τοῦ χρόνου ἐπέτρεψαν διαγνῶναι τὸ πρᾶγμα Διοπείθει τῷ Σουνιεῖ, δημότῃ τε ὄντι τοῦ Ἡγησάνδρου, καὶ ἤδη ποτὲ καὶ χρησαμένῳ, ὅτἦν ἐν ἡλικίᾳ· παραλαβὼν δὲ τὸ πρᾶγμα Διοπείθης ἀνεβάλλετο χαριζόμενος τούτοις χρόνους ἐκ χρόνων. (64) ὡς δὲ παρῄει ἐπὶ τὸ βῆμα τὸ ὑμέτερον Ἡγήσανδρος, ὅτε καὶ προσεπολέμει Ἀριστοφῶντι τῷ Ἀζηνιεῖ, πρὶν αὐτῷ τὴν αὐτὴν ταύτην ἐν τῷ δήμῳ ἠπείλησεν ἐπαγγελίαν ἐπαγγελεῖν ἥνπερ ἐγὼ Τιμάρχῳ, καὶ ἐπειδὴ Κρωβύλος ἀδελφὸς αὐτοῦ ἐδημηγόρει, καὶ ὅλως ἀπετόλμων ὑμῖν οὗτοι περὶ τῶν Ἑλληνικῶν συμβουλεύειν, ἐνταῦθα ἤδη καταμεμψάμενος ἑαυτὸν Πιττάλακος, καὶ ἐκλογισάμενος ὅστις ὢν πρὸς οὕστινας ἐπολέμει εὖ ἐβουλεύσατο (δεῖ γὰρ τἀληθὲς λέγεινἡσυχίαν ἔσχεν, καὶ ἠγάπησεν εἴ τι μὴ προσλάβοι καινὸν κακόν. Ἐνταῦθα δὴ τὴν καλὴν ταύτην νίκην νενικηκὼς Ἡγήσανδρος ἀκονιτί, εἶχε παρἑαυτῷ Τίμαρχον τουτονί. (65) καὶ ταῦτα ὅτι ἀληθῆ λέγω, πάντες ἴστε· τίς γὰρ ὑμῶν πώποτε εἰς τοὖψον ἀφῖκται καὶ τὰς δαπάνας τὰς τούτων οὐ τεθεώρηκεν; τίς τοῖς τούτων κώμοις καὶ μάχαις περιτυχὼν οὐκ ἠχθέσθη ὑπὲρ τῆς πόλεως; ὅμως δέ, ἐπειδήπερ ἐν δικαστηρίῳ ἐσμέν, κάλει μοι Γλαύκωνα Χολαργέα τὸν ἀφελόμενον εἰς ἐλευθερίαν τὸν Πιττάλακον, καὶ τὰς ἑτέρας μαρτυρίας ἀναγίγνωσκε. (66) Μαρτυρίαι. {Μαρτυρεῖ Γλαύκων Τιμαίου Χολαργεύς. ἐγὼ ἀγόμενον εἰς δουλείαν ὑπὸ Ἡγησάνδρου Πιττάλακον ἀφειλόμην εἰς ἐλευθερίαν. χρόνῳ δὕστερον ἐλθὼν πρὸς ἐμὲ Πιττάλακος ἔφη βούλεσθαι διαλυθῆναι τὰ πρὸς Ἡγήσανδρον προσπέμψας αὐτῷ, ὥστε ἄρασθαι τὰς δίκας, ἥν τε αὐτὸς ἐνεκαλέσατο Ἡγησάνδρῳ καὶ Τιμάρχῳ, καὶ ἣν Ἡγήσανδρος τῆς δουλείας αὐτῷ. καὶ διελύθησαν. ὡσαύτως Ἀμφισθένης μαρτυρεῖ. ἐγὼ ἀγόμενον εἰς δουλείαν ὑπὸ Ἡγησάνδρου Πιττάλακον ἀφειλόμην εἰς ἐλευθερίαν, καὶ τὰ ἑξῆς.} (67) οὐκοῦν καὶ αὐτὸν ὑμῖν καλῶ τὸν Ἡγήσανδρον. γέγραφα δαὐτῷ μαρτυρίαν κοσμιωτέραν μὲν κατἐκεῖνον, μικρῷ δὲ σαφεστέραν τῷ Μισγόλᾳ. οὐκ ἀγνοῶ δὅτι ἀπομεῖται καὶ ἐπιορκήσει. διὰ τί οὖν καλῶ ἐπὶ τὴν μαρτυρίαν; ἵνὑμῖν ἐπιδείξω οἵους ἀπεργάζεται ἀνθρώπους τὸ ἐπιτήδευμα τοῦτο, ὡς καταφρονοῦντας μὲν τῶν θεῶν, ὑπερορῶντας δὲ τοὺς νόμους, ὀλιγώρως δὲ ἔχοντας πρὸς ἅπασαν αἰσχύνην. κάλει μοι τὸν Ἡγήσανδρον. (68) Μαρτυρία. {Ἡγήσανδρος Διφίλου Στειριεὺς μαρτυρεῖ. ὅτε κατέπλευσα ἐξ Ἑλλησπόντου, κατέλαβον παρὰ Πιτταλάκῳ τῷ κυβευτῇ διατρίβοντα Τίμαρχον τὸν Ἀριζήλου, καὶ ἐξ ἐκείνης τῆς γνώσεως ἐχρησάμην Τιμάρχῳ ὁμιλῶν τῇ αὐτῇ χρήσει καὶ τὸ πρότερον Λεωδάμαντι.} (69) οὐκ ἠγνόουν ὅτι ὑπερόψεται τὸν ὅρκον, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἀλλὰ καὶ προεῖπον ὑμῖν. κἀκεῖνό γε πρόδηλόν ἐστιν, ὅτι ἐπειδὴ νῦν οὐκ ἐθέλει μαρτυρεῖν, αὐτίκα πάρεισιν ἐν τῇ ἀπολογίᾳ. καὶ οὐδὲν μὰ Δία θαυμαστόν· ἀναβήσεται γὰρ οἶμαι δεῦρο πιστεύων τῷ ἑαυτοῦ βίῳ ἀνὴρ καλὸς κἀγαθὸς καὶ μισοπόνηρος, καὶ τὸν Λεωδάμαντα ὅστις ἦν οὐ γιγνώσκων, ἐφ ὑμεῖς ἐθορυβήσατε τῆς μαρτυρίας ἀναγιγνωσκομένης. [60] Le lendemain, il se rend nu à la place, et va, en se traînant, s'asseoir sur l'autel de la Mère des Dieux. La foule commençant à grossir autour du suppliant, Hégésandre et Timarque, éperdus, accourent eux- mêmes avec quelques compagnons de jeu. Le Peuple s'assemblait pour les délibérations, et leur scélèratesse allait éclater dans Athènes entière. <61> Ils entourent Pittalacos, le prient, le conjurent de quitter ce lieu : tout cela, disent-ils aux curieux, n'est qu'une affaire de vin. Timarque, qui avait encore une partie de la fraîcheur et de la grâce que vous chercheriez en vain sur sa personne flétrie, lui passe la main sous le menton, et lui promet toutes ses complaisances. Ils obtiennent enfin qu'il s'en retournera, sous condition qu'il lui sera fait une sorte de réparation. Mais, avant qu'il fût hors de la place publique, les coupables n'y pensaient déjà plus. <62> A ce surcroît d'outrage, Pittalacos assigne à jour fixe ses deux ennemis. Hégésandre jure de se venger. Pour y parvenir, il met la main sur son accusateur, et déclare publiquement qu'il est son esclave. Traiter ainsi un malheureux qui ne lui avait jamais fait de mal, qu'il avait déjà maltraité cruellement, et qui était au service du Peuple : que d'iniquités à la fois! Dans l'excès de son infortune, Pittalacos tombe aux genoux de cet homme impitoyable. Le nominé Glaucon, de Cholargos, le lui arrache, et le soutient libre. <63> Les juges, qui doivent vider le procès, sont tirés au sort. A l'approche de l'ouverture des débats, les deux parties en confient l'arbitrage à Diopithe de Sunium. Ce citoyen, de la même tribu qu'Hégésandre, était demeuré son affidé, après l'avoir eu pour amant. Maître de l'affaire, il la fit traîner en longueur. Un délai ne servait qu'à amener un autre délai. <64> Hégésandre, d'ailleurs, était membre d'un tribunal; ennemi d'Aristophon d'Azènia, il l'avait menacé d'une accusation semblable à celle que vous jugez aujourd'hui; frère de Krobylos, il s'appuyait du crédit toujours croissant que cet orateur acquérait par ses conseils dans la discussion des affaires de la Grèce. Aussi Pittalacos, comparant sa position à celle de son principal adversaire, prit un parti fort prudent : il se désista, heureux de ne pas essuyer de nouvelles persécutions! Dès lors Hégésandre, sûr de sa victoire, en jouit dans les bras de son cher Timarque. <65> La vérité de ces faits est connue de vous tous. Qui de vous ne s'est jamais trouvé à leurs festins? Qui n'a pas vu leurs folles dépenses? Au bruit de leurs orgies, au récit de leurs coupables amours, qui ne s'est pas indigné pour Athènes? Mais, puisque nous sommes devant un tribunal, qu'on appelle Glaucon, le défenseur de Pittalacos. On lira aussi les autres témoignages. <66> Dépositions. Moi, Glaucon, de Cholargos, fils de Timée, j'atteste ce qui suit. Quand Hégésandre réclama Pittalacos comme lui appartenant, j'ai protesté que celui-ci était libre. Quelque temps après, Pittalacos est venu me trouver, et me dire : Je veux en finir avec Hégésandre; envoyez-moi quelqu'un qui arrangera à l'amiable nos deux procès, l'un intenté par moi à Hégésandre et à Timarque; l'autre, entre le premier et moi, relatif à ma liberté. Je désire que toutes nos tracasseries se terminent ainsi. Amphisthène dépose : J'ai contribué à rendre à la liberté Pittalacos, qu'Hégésandre emmenait comme son esclave. Ainsi de suite. <67> Produisons maintenant Hégésandre lui-même. Je lui ai fait rédiger une déposition plus décente qu'on ne devrait l'attendre de lui, mais un peu plus claire que celle de Misgolas. Je m'attends à le voir nier tout et se parjurer. Tant mieux ! Si je l'ai appelé comme témoin, c'est surtout pour vous montrer jusqu'où de tels hommes poussent le mépris des Dieux et des lois, et combien peu ils savent rougir. Qu'on fasse paraître Hégésandre. <68> Déposition. Hégésandre, de Stiria, fils de Diphilos, atteste ce qui suit. A mon retour de l'Hellespont, j'ai trouvé chez Pittalacos, dans une maison de jeu, Timarque, fils d'Arizélos, qui y passait ses journées. J'y ai fait sa connaissance; et, depuis ce temps, j'ai vécu avec lui dans ce genre d'intimité qui, auparavant, m'avait uni à Laodamas. <69> Je savais, ô Athéniens! qu'Hégésandre foulerait aux pieds son serment, et je l'avais prédit. Une chose encore m'était démontrée d'avance c'est que, non content de protester maintenant contre ce témoignage par son absence, il va venir défendre Timarque; et, par Jupiter! rien là ne doit étonner : ne montera-t-il pas ici avec la confiance que donnent une vie sans tache, une âme belle et ennemie du vice? Non, rien ne vous surprendrait, même si vous ne connaissiez ce Laodamas dont le nom seul soulevait tout à l'heure votre indignation.


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Dernière mise à jour : 20/12/2006