HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ESCHINE, Contre Timarque (discours complet)

Paragraphes 40-49

  Paragraphes 40-49

[40] Οὗτος γὰρ πάντων μὲν πρῶτον, ἐπειδὴ ἀπηλλάγη ἐκ παίδων, ἐκάθητο ἐν Πειραιεῖ ἐπὶ τοῦ Εὐθυδίκου ἰατρείου, προφάσει μὲν τῆς τέχνης μαθητής, τῇ δἀληθείᾳ πωλεῖν αὑτὸν προῃρημένος, ὡς αὐτὸ τοὖργον ἔδειξεν. ὅσοι μὲν οὖν τῶν ἐμπόρων τῶν ἄλλων ξένων τῶν πολιτῶν τῶν ἡμετέρων κατἐκείνους τοὺς χρόνους ἐχρήσαντο τῷ σώματι τῷ Τιμάρχου, ἑκὼν καὶ τούτους ὑπερβήσομαι, ἵνα μή τις εἴπῃ ὡς ἄρα λίαν ἀκριβολογοῦμαι ἅπαντα· ὧν δἐν ταῖς οἰκίαις γέγονε καταισχύνων τὸ σῶμα τὸ ἑαυτοῦ καὶ τὴν πόλιν, μισθαρνῶν ἐπαὐτῷ τούτῳ ἀπαγορεύει νόμος μὴ πράττειν μηδὲ δημηγορεῖν, περὶ τούτων ποιήσομαι τοὺς λόγους. (41) Μισγόλας ἔστι τις Ναυκράτους, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, Κολλυτεύς, ἀνὴρ τὰ μὲν ἄλλα καλὸς κἀγαθός, καὶ οὐδαμῇ ἄν τις αὐτὸν μέμψαιτο, περὶ δὲ τὸ πρᾶγμα τοῦτο δαιμονίως ἐσπουδακώς, καὶ ἀεί τινας ἔχειν εἰωθὼς περὶ αὐτὸν κιθαρῳδοὺς κιθαριστάς. ταυτὶ δὲ λέγω οὐ τοῦ φορτικοῦ ἕνεκα, ἀλλἵνα γνωρίσητε αὐτὸν ὅστις ἐστίν. οὗτος, αἰσθόμενος ὧν ἕνεκα τὰς διατριβὰς ἐποιεῖτο Τίμαρχος οὑτοσὶ ἐπὶ τοῦ ἰατρείου, ἀργύριόν τι προαναλώσας ἀνέστησεν αὐτὸν καὶ ἔσχε παρἑαυτῷ, εὔσαρκον ὄντα καὶ νέον καὶ βδελυρὸν καὶ ἐπιτήδειον πρὸς τὸ πρᾶγμα προῃρεῖτο ἐκεῖνος μὲν πράττειν, οὗτος δὲ πάσχειν. (42) καὶ ταῦτα οὐκ ὤκνησεν, ἀλλὑπέστη Τίμαρχος οὑτοσί, οὐδενὸς ὢν τῶν μετρίων ἐνδεής· πολλὴν γὰρ πάνυ κατέλιπεν πατὴρ αὐτῷ οὐσίαν, ἣν οὗτος κατεδήδοκεν, ὡς ἐγὼ προϊόντος ἐπιδείξω τοῦ λόγου· ἀλλἔπραξε ταῦτα δουλεύων ταῖς αἰσχίσταις ἡδοναῖς, ὀψοφαγίᾳ καὶ πολυτελείᾳ δείπνων καὶ αὐλητρίσι καὶ ἑταίραις καὶ κύβοις καὶ τοῖς ἄλλοις, ὑφὧν οὐδενὸς χρὴ κρατεῖσθαι τὸν γενναῖον καὶ ἐλεύθερον. καὶ οὐκ ᾐσχύνθη μιαρὸς οὗτος ἐκλιπὼν μὲν τὴν πατρᾐαν οἰκίαν, διαιτώμενος δὲ παρὰ Μισγόλᾳ, οὔτε πατρικῷ ὄντι φίλῳ οὔθἡλικιώτῃ,1 ἀλλὰ παρἀλλοτρίῳ καὶ πρεσβυτέρῳ ἑαυτοῦ, καὶ παρἀκολάστῳ περὶ ταῦτα ὡραῖος ὤν. (43) πολλὰ μὲν οὖν καὶ ἄλλα καταγέλαστα πέπρακται Τιμάρχῳ κατἐκείνους τοὺς χρόνους, ἓν δὲ καὶ διηγήσασθαι ὑμῖν βούλομαι. ἦν μὲν Διονυσίων τῶν ἐν ἄστει πομπή, ἐπόμπευον δἐν ταὐτῷ τε Μισγόλας τοῦτον ἀνειληφὼς καὶ Φαῖδρος Καλλίου Σφήττιος. συνθεμένου δαὐτοῖς συμπομπεύειν Τιμάρχου τουτουί, οἱ μὲν περὶ τὴν ἄλλην παρασκευὴν διέτριβον, οὗτος δὲ οὐκ ἐπανῆκε. παρωξυμμένος δὲ πρὸς τὸ πρᾶγμα Μισγόλας ζήτησιν αὐτοῦ ἐποιεῖτο μετὰ τοῦ Φαίδρου, ἐξαγγελθέντος δαὐτοῖς εὑρίσκουσι τοῦτον ἐν συνοικίᾳ μετὰ ξένων τινῶν συναριστῶντα. διαπειλησαμένου δὲ τοῦ Μισγόλα καὶ τοῦ Φαίδρου τοῖς ξένοις, καὶ κελευόντων ἤδη ἀκολουθεῖν εἰς τὸ δεσμωτήριον, ὅτι μειράκιον ἐλεύθερον διέφθειραν, φοβηθέντες οἱ ξένοι ᾤχοντο3 καταλιπόντες τὰ παρεσκευασμένα. (44) καὶ ταῦθὅτι ἀληθῆ λέγω, πάντες, ὅσοι κατἐκείνους τοὺς χρόνους ἐγίγνωσκον Μισγόλαν καὶ Τίμαρχον, ἴσασιν. δὴ καὶ πάνυ χαίρω, ὅτι μοι γέγονεν δίκη πρὸς ἄνθρωπον οὐκ ἠγνοημένον ὑφὑμῶν, οὐδἀπἄλλου γιγνωσκόμενον οὐδενός, ἀπαὐτοῦ τοῦ ἐπιτηδεύματος περὶ οὗ καὶ τὴν ψῆφον μέλλετε φέρειν. περὶ μὲν γὰρ τῶν ἀγνοουμένων σαφεῖς ἴσως προσήκει τὰς ἀποδείξεις ποιεῖσθαι τὸν κατήγορον, περὶ δὲ τῶν ὁμολογουμένων οὐ λίαν ἔγωγε μέγα ἔργον εἶναι νομίζω τὸ κατηγορεῖν· ἀναμνῆσαι γὰρ μόνον προσήκει τοὺς ἀκούοντας. (45) ἐγὼ τοίνυν καίπερ ὁμολογουμένου τοῦ πράγματος, ἐπειδὴ ἐν δικαστηρίῳ ἐσμέν, γέγραφα μαρτυρίαν τῷ Μισγόλᾳ ἀληθῆ μέν, οὐκ ἀπαίδευτον δέ, ὥς γἐμαυτὸν πείθω. αὐτὸ μὲν γὰρ τοὔνομα τοῦ ἔργου ἔπραττε πρὸς τοῦτον, οὐκ ἐγγράφω, οὐδἄλλο γέγραφα οὐδὲν ἐπιζήμιόν ἐστιν ἐκ τῶν νόμων τῷ τἀληθῆ μαρτυρήσαντι· δέ ἐστιν ὑμῖν τε ἀκοῦσαι γνώριμα, ἀκίνδυνά τε τῷ μαρτυροῦντι καὶ μὴ αἰσχρά, ταῦτα γέγραφα. (46) ἐὰν μὲν οὖν ἐθελήσῃ Μισγόλας δεῦρο παρελθὼν τἀληθῆ μαρτυρεῖν, τὰ δίκαια ποιήσει· ἐὰν δὲ προαιρῆται ἐκκλητευθῆναι μᾶλλον τἀληθῆ μαρτυρεῖν, ὑμεῖς τὸ ὅλον πρᾶγμα συνίδετε. εἰ γὰρ μὲν πράξας αἰσχυνεῖται καὶ προαιρήσεται χιλίας μᾶλλον δραχμὰς ἀποτεῖσαι τῷ δημοσίῳ, ὥστε μὴ δεῖξαι τὸ πρόσωπον τὸ ἑαυτοῦ ὑμῖν, δὲ πεπονθὼς δημηγορήσει, σοφὸς νομοθέτης τοὺς οὕτω βδελυροὺς ἐξείργων ἀπὸ τοῦ βήματος. (47) ἐὰν δἄρα ὑπακούσῃ μέν, τράπηται δὲ ἐπὶ τὸ ἀναιδέστατον, ἐπὶ τὸ ἐξόμνυσθαι τὰς ἀληθείας, ὡς Τιμάρχῳ μὲν χάριτας ἀποδιδούς, ἑτέροις δἐπίδειξιν ποιούμενος ὡς εὖ ἐπίσταται τὰ τοιαῦτα συγκρύπτειν, πρῶτον μὲν εἰς ἑαυτὸν ἐξαμαρτήσεται, ἔπειτα οὐδὲν ἔσται πλέον. ἑτέραν γὰρ ἐγὼ γέγραφα μαρτυρίαν τοῖς εἰδόσι Τίμαρχον τουτονὶ καταλιπόντα τὴν πατρᾐαν οἰκίαν καὶ διαιτώμενον παρὰ Μισγόλα, πρᾶγμα οἶμαι χαλεπὸν ἐξεργάσασθαι ἐπιχειρῶν· οὔτε γάρ με δεῖ τοὺς ἐμαυτοῦ φίλους μάρτυρας παρασχέσθαι, οὔτε τοὺς τούτων ἐχθρούς, οὔτε τοὺς μηδετέρους ἡμῶν γιγνώσκοντας, ἀλλὰ τοὺς τούτων φίλους. (48) ἂν δἄρα καὶ τούτους πείσωσι μὴ μαρτυρεῖν, ὡς οὐ[40] A peine sorti de l'enfance, Timarque débuta par s'établir au Pirée, dans la maison de santé d'Euthydique, sous prétexte d'étudier la médecine, mais dans le dessein réel de se vendre : le fait l'aprouvé. Que d'armateurs, d'étrangers, d'Athéniens même, usèrent de lui à cette époque ! Mais passons, pour qu'on ne nous reproche pas une enquête trop minutieuse. Entrons avec lui dans les divers domiciles où il parut ensuite pour y souiller sa personne et le nom athénien, et suivons-le jusqu'à la tribune où, malgré nos lois, il monte, riche du salaire de tant d'infamies. <41> Il existe, Athéniens, un certain Misgolas, fils d'un commandant de navire, du dême de Kollytos, excellent homme d'ailleurs, dont personne ne se plaint, mais pédéraste effréné, et toujours entouré de chanteurs et de joueurs de cithare. Sans charger cet homme, je veux seulement le faire connaître ici. Sachant fort bien que la position de Timarque chez le médecin n'était qu'un moyen de se produire, il lui offrit de l'argent, le tira de là, et eut près de soi ce corps potelé, brillant de jeunesse et de luxure, et si propre aux amoureux ébats. <42> Timarque accepta le marché, quoiqu'il eût acquis une honnête aisance par la succession paternelle, succession qui fut bientôt dévorée, comme la suite le montrera. Esclave de tous les criminels plaisirs, qui sont sans force sur un coeur généreux et libre, il prodiguait tout à sa gourmandise, à la profusion de ses repas, à ses musiciennes, à ses maîtresses, à son jeu; et déjà le misérable ne savait plus rougir, lorsque, peu après avoir quitté le toit paternel, il se jeta dans les bras de Misgolas. De qui recevait-il un asile ? d'un ami de sa famille, d'un jeune homme, d'un tuteur? non : c'est chez un étranger, chez un vieux libertin, que s'installe celui dont l'âge appelle les désirs. <43> Que de tours il jouait à son patron ! il en est un que je veux raconter. On célébrait dans Athènes la fête de Bacchus. Misgolas, qui se croyait paisible possesseur de Timarque, veut prendre part aux réjouissances publiques avec Phaedros, fils de Callias, de Sphettos. Timarque doit être de la partie. Les préparatifs terminés, l'adolescent n'est pas encore au rendez-vous. Misgolas et Phaedros le cherchent partout, fort irrités. On les met sur sa trace, et bientôt ils le trouvent à table, faisant une orgie avec quelques étrangers. Ils ordonnent avec menaces à ceux-ci de les suivre en prison, pour y expier le crime de séduction exercée sur un jeune citoyen. Les délinquants effrayés s'enfuient et disparaissent, laissant là le festin. <44> Je prends à témoin de la vérité de ce récit tous ceux qui alors connaissaient Misgolas et l'accusé. Pour mon compte, je me réjouis fort qu'un des principaux rôles ait été joué par un homme qui ne vous est pas inconnu, et qui s'est signalé par la vie infâme dont votre scrutin fera justice. Sans doute, les faits ignorés exigent de l'accusateur des preuves claires, mais quand la conviction est faite d'avance, à quoi bon des discussions, des débats? Il suffit que les auditeurs aient de la mémoire. <45> Eh bien ! malgré la notoriété publique, j'ai assigné devant ce tribunal un homme véridique et bien instruit : c'est Misgolas lui-même. Rien, dans le témoignage écrit, ne se rapporte à son abominable commerce : je n'ai pas voulu que, devant la loi, ce témoin sincère fût gravement compromis. Mais ce qui est évident pour vous qui m'écoutez, et n'est pour Misgolas ni un danger, ni un opprobre, je l'ai fait consigner. <46> Si donc cet homme se rend ici sans contrainte, et dit vrai, il satisfera la justice; mais s'il fait défaut et nous refuse la déclaration de la vérité, voyez quelle en sera la conséquence. Si c'est par honte qu'il s'abstient, s'il aime mieux payer mille drachmes au Trésor que de se montrer à vos yeux, s'il croit enfin que des magistrats ne doivent pas entendre la voix d'un homme qu'ont souillé d'abominables caresses, honneur au législateur qui a fermé la tribune à tous les Misgolas ! <47> Mais si, en répondant à notre appel, il pousse l'impudence jusqu'au parjure, s'il ne cherche qu'à montrer à Timarque sa tendre reconnaissance et sa discrétion à ses complices, il se sera manqué à lui- même en trahissant les dieux qu'il attestera; et, d'ailleurs, il ne gagnera rien à son imposture; car une seconde enquête, préparée par mes soins, porte sur ceux qui ont vu Timarque lui-même, peu après sa sortie de la maison paternelle, aller vivre chez Misgolas. Et cette procédure a bien peu de chances avantageuses pour moi; car ce ne sont pas mes amis qu'il s'agit d'appeler, ni les ennemis de mon adversaire, ni des gens à qui l'accusateur et l'accusé seraient également inconnus : ce sont les affidés de mes antagonistes. <48> S'ils leur persuadent de ne pas déposer, audace à laquelle je ne crois pas, ils ne trouveront peut-être pas chez tous la même complaisance. Restera donc le témoignage de quelques-uns, comme une irrécusable preuve que Timarque a trop mérité la tache empreinte sur son nom par lui-même, et non par moi. Un homme vraiment modeste trouve dans la pureté de sa vie une garantie contre de pareilles imputations. <49> Voici encore un avertissement que je dois vous adresser, supposé que Misgolas obéisse à la loi et à vous. L'âge ne se devine pas également, d'après l'extérieur, chez tous les tempéraments. Tel homme, très jeune encore, semble avoir atteint l'âge mûr; tel autre, après une vie déjà longue, paraît n'avoir guère dépassé la jeunesse. Misgolas compte parmi ces derniers. Il est de mon âge; notre jeunesse est de même date, et nous sommes tous deux dans notre quarante- cinquième année. Vous voyez, toutefois, des cheveux blancs sur ma tête, et lui n'en a pas. Pourquoi ces détails, Athéniens ? pour que l'aspect de cet homme ne vous donne pas le change, et que vous ne vous disiez pas avec étonnement : ô ciel ! quant à l'âge, le témoin se distingue à peine de l'accusé; c'est la même tournure d'homme fait : jeunes tous deux, se seraient-ils livrés l'un à l'autre?


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Dernière mise à jour : 20/12/2006