[20] Μηδὲ κηρυκευσάτω, μηδὲ πρεσβευσάτω, μηδὲ τοὺς πρεσβεύσαντας κρινέτω, μηδὲ συκοφαντείτω
μισθωθείς, μηδὲ γνώμην εἰπάτω μηδέποτε μήτε ἐν τῇ βουλῇ μήτε ἐν τῷ δήμῳ, μηδ᾽ ἂν δεινότατος ᾖ
λέγειν Ἀθηναίων. ἐὰν δέ τις παρὰ ταῦτα πράττῃ, γραφὰς ἑταιρήσεως πεποίηκε καὶ τὰ μέγιστα
ἐπιτίμια ἐπέθηκεν. λέγε αὐτοῖς καὶ τοῦτον τὸν νόμον, ἵν᾽ εἰδῆτε οἵων νόμων ὑμῖν κειμένων, ὡς
καλῶν καὶ σωφρόνων, τετόλμηκε Τίμαρχος δημηγορεῖν, ὁ τοιοῦτος τὸν τρόπον οἷον ὑμεῖς ἐπίστασθε.
(21) Νόμος.
{Ἐάν τις Ἀθηναῖος ἑταιρήσῃ, μὴ ἐξέστω αὐτῷ τῶν ἐννέα ἀρχόντων γενέσθαι, μηδ᾽
ἱερωσύνην ἱερώσασθαι, μηδὲ συνδικῆσαι τῷ δήμῳ, μηδὲ ἀρχὴν ἀρχέτω μηδεμίαν, μήτε
ἔνδημον μήτε ὑπερόριον, μήτε κληρωτὴν μήτε χειροτονητήν, μηδ᾽ ἐπὶ κηρυκείαν
ἀποστελλέσθω, μηδὲ γνώμην λεγέτω, μηδ᾽ εἰς τὰ δημοτελῆ ἱερὰ εἰσίτω, μηδ᾽ ἐν ταῖς κοιναῖς
στεφανηφορίαις στεφανούσθω, μηδ᾽ ἐντὸς τῆς ἀγορᾶς τῶν περιρραντηρίων πορευέσθω. ἐὰν
δέ τις παρὰ ταῦτα ποιῇ, καταγνωσθέντος αὐτοῦ ἑταιρεῖν, θανάτῳ ζημιούσθω.}
(22) τοῦτον μὲν τὸν νόμον ἔθηκε περὶ τῶν μειρακίων τῶν προχείρως εἰς τὰ ἑαυτῶν σώματα
ἐξαμαρτανόντων· οὓς δὲ ὀλίγῳ πρότερον ὑμῖν ἀνέγνω, περὶ τῶν παίδων· οὓς δὲ νυνὶ μέλλω λέγειν,
περὶ τῶν ἄλλων Ἀθηναίων. ἀπαλλαγεὶς γὰρ τῶν νόμων τούτων ἐσκέψατο, τίνα χρὴ τρόπον
συλλεγομένους ἡμᾶς εἰς τὰς ἐκκλησίας βουλεύεσθαι περὶ τῶν σπουδαιοτάτων πραγμάτων. καὶ
πόθεν ἄρχεται; "νόμοι," φησί, "περὶ εὐκοσμίας." ἀπὸ σωφροσύνης πρῶτον ἤρξατο, ὡς, ὅπου πλείστη
εὐκοσμία ἐστί, ταύτην ἄριστα τὴν πόλιν οἰκησομένην.
(23) καὶ πῶς κελεύει τοὺς προέδρους χρηματίζειν;
ἐπειδὰν τὸ καθάρσιον περιενεχθῇ καὶ ὁ κῆρυξ τὰς πατρίους εὐχὰς εὔξηται,
προχειροτονεῖν κελεύει τοὺς προέδρους περὶ ἱερῶν τῶν πατρίων καὶ κήρυξι καὶ πρεσβείαις καὶ
ὁσίων, καὶ μετὰ ταῦτα ἐπερωτᾷ ὁ κῆρυξ· "τίς ἀγορεύειν βούλεται τῶν ὑπὲρ πεντήκοντα ἔτη
γεγονότων;" ἐπειδὰν δὲ οὗτοι πάντες εἴπωσι, τότ᾽ ἤδη κελεύει λέγειν τῶν ἄλλων Ἀθηναίων τὸν
βουλόμενον, οἷς ἔξεστιν.
(24) σκέψασθε δὴ ὡς καλῶς, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι. οὐκ ἠγνόει οἶμαι ὁ νομοθέτης ὅτι οἱ πρεσβύτεροι τῷ
μὲν εὖ φρονεῖν ἀκμάζουσιν, ἡ δὲ τόλμα ἤδη αὐτοὺς ἄρχεται ἐπιλείπειν διὰ τὴν ἐμπειρίαν τῶν
πραγμάτων. βουλόμενος δὴ συνεθίσαι τοὺς ἄριστα φρονοῦντας, τούτους ἐπάναγκες περὶ τῶν
πραγμάτων λέγειν, ἐπειδὴ ὀνομαστὶ αὐτῶν ἕνα ἕκαστον ἀπορεῖ προσειπεῖν, τῇ ἐπωνυμίᾳ τῆς ὅλης
ἡλικίας περιλαβὼν παρακαλεῖ ἐπὶ τὸ βῆμα καὶ προτρέπει δημηγορεῖν. ἅμα δὲ καὶ τοὺς νεωτέρους
διδάσκει αἰσχύνεσθαι τοὺς πρεσβυτέρους, καὶ πάνθ᾽ ὑστέρους πράττειν, καὶ τιμᾶν τὸ γῆρας, εἰς ὃ
πάντες ἀφιξόμεθα, ἐὰν ἄρα διαγενώμεθα.
(25) καὶ οὕτως ἦσαν σώφρονες οἱ ἀρχαῖοι ἐκεῖνοι ῥήτορες,
ὁ Περικλῆς καὶ ὁ Θεμιστοκλῆς καὶ ὁ Ἀριστείδης, ὁ τὴν ἀνόμοιον ἔχων ἐπωνυμίαν Τιμάρχῳ τουτῳί,
ὥστε ὃ νυνὶ πάντες ἐν ἔθει πράττομεν, τὸ τὴν χεῖρα ἔξω ἔχοντες λέγειν, τότε τοῦτο θρασύ τι ἐδόκει
εἶναι, καὶ εὐλαβοῦντο αὐτὸ πράττειν. μέγα δὲ πάνυ τούτου σημεῖον ἔργῳ ὑμῖν οἶμαι ἐπιδείξειν. εὖ
γὰρ οἶδ᾽ ὅτι πάντες ἐκπεπλεύκατε εἰς Σαλαμῖνα καὶ τεθεωρήκατε τὴν Σόλωνος εἰκόνα, καὶ αὐτοὶ
μαρτυρήσαιτ᾽ ἂν ὅτι ἐν τῇ ἀγορᾷ τῇ Σαλαμινίων ἀνάκειται ὁ Σόλων ἐντὸς τὴν χεῖρα ἔχων. τοῦτο δ᾽
ἐστίν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὑπόμνημα καὶ μίμημα τοῦ Σόλωνος σχήματος, ὃν τρόπον ἔχων αὐτὸς
διελέγετο τῷ δήμῳ τῶν Ἀθηναίων.
(26) σκέψασθε δή, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὅσον διαφέρει ὁ Σόλων
Τιμάρχου καὶ οἱ ἄνδρες ἐκεῖνοι ὧν ὀλίγῳ πρότερον ἐπεμνήσθην. ἐκεῖνοι μέν γε ᾐσχύνοντο ἔξω τὴν
χεῖρα ἔχοντες λέγειν, οὑτοσὶ δὲ οὐ πάλαι, ἀλλὰ πρώην ποτὲ ῥίψας θοἰμάτιον γυμνὸς ἐπαγκρατίαζεν
ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ, οὕτω κακῶς καὶ αἰσχρῶς διακείμενος τὸ σῶμα ὑπὸ μέθης καὶ βδελυρίας, ὥστε τούς
γε εὖ φρονοῦντας ἐγκαλύψασθαι, αἰσχυνθέντας ὑπὲρ τῆς πόλεως, εἰ τοιούτοις συμβούλοις χρώμεθα.
(27) ἃ συνιδὼν ὁ νομοθέτης διαρρήδην ἀπέδειξεν οὓς χρὴ δημηγορεῖν καὶ οὓς οὐ δεῖ λέγειν ἐν τῷ
δήμῳ. καὶ οὐκ ἀπελαύνει ἀπὸ τοῦ βήματος, εἴ τις μὴ προγόνων ἐστὶν ἐστρατηγηκότων, οὐδέ γε εἰ
τέχνην τινὰ ἐργάζεται ἐπικουρῶν τῇ ἀναγκαίᾳ τροφῇ, ἀλλὰ τούτους καὶ μάλιστα ἀσπάζεται, καὶ διὰ
τοῦτο πολλάκις ἐπερωτᾷ, τίς ἀγορεύειν βούλεται.
(28) τίνας δ᾽ οὐκ ᾤετο δεῖν λέγειν; τοὺς αἰσχρῶς βεβιωκότας·
τούτους οὐκ ἐᾷ δημηγορεῖν. καὶ ποῦ τοῦτο δηλοῖ; "δοκιμασία," φησί, "ῥητόρων· ἐάν τις
λέγῃ ἐν τῷ δήμῳ τὸν πατέρα τύπτων ἢ τὴν μητέρα, ἢ μὴ τρέφων, ἢ μὴ παρέχων οἴκησιν·" τοῦτον οὐκ
ἐᾷ λέγειν. νὴ Δία καλῶς γε, ὡς ἔγωγέ φημι. διὰ τί; ὅτι εἴ τις, οὓς ἐξ ἴσου δεῖ τιμᾶν τοῖς θεοῖς, εἰς
τούτους ἐστὶ φαῦλος, τί ποτε, φησίν, ὑπ᾽ αὐτοῦ πείσονται οἱ ἀλλότριοι καὶ ἡ πόλις ὅλη; καὶ τίσι
δεύτερον ἀπεῖπε μὴ λέγειν; "ἢ τὰς στρατείας,"
(29) φησί, "μὴ ἐστρατευμένος, ὅσαι ἂν αὐτῷ προσταχθῶσιν,
ἢ τὴν ἀσπίδα ἀποβεβληκώς," δίκαια λέγων. τί δή ποτε; ἄνθρωπε, τῇ πόλει, ὑπὲρ ἧς
τὰ ὅπλα μὴ | [20] il ne pourra être envoyé comme héraut d'armes, ni
comme député, ni accuser, ni calomnier, pour de l'argent, ceux
qui ont été en ambassade; il ne pourra donner son avis
ni dans le sénat, ni dans l'assemblée du peuple, fût il le
plus éloquent des Athéniens : quiconque agira contre
ces dispositions, pourra être accusé comme s'étant
prostitué aux plaisirs d'autrui, et subir les dernières
peines. Greffier, lisez la loi même. On verra combien
sont belles et sages les lois, malgré lesquelles Timarque
a osé parler en public, lui dont les moeurs sont telles
que nous les connaissons.
<21> LOI. « Si un Athénien se prostitue au plaisir
d'autrui, il ne pourra être choisi parmi les
neuf archontes, ni être nommé à un
sacerdoce, ni plaider pour de peuple, ni
obtenir aucune charge dans la ville, ni
hors de la ville, par sort ou par élection ;
il ne pourra être envoyé comme héraut
d'armes, ni comme député, donner son
avis ni dans le sénat, ni dans l'assemblée
du peuple; il ne pourra entrer dans les
temples publics; aux fêtes solennelles il
ne pourra se couronner avec les autres, ni
aux assemblées paraître dans l'enceinte de
la place publique. Quiconque, après avoir
été condamné, comme s'étant prostitué
aux plaisirs d'autrui, agira contre ces
dispositions, sera puni de mort. »
<22> Cette loi est portée contre les jeunes gens qui se
livrent, sans pudeur, à des vices infâmes; celles qu'on
vous a lues, en premier lieu, concernent les enfants;
celles qu'on va vous lire regardent les autres Athéniens.
Après avoir réglé les objets dont je viens de parler, le
législateur prescrit les formes suivant lesquelles vous
devez vous assembler pour délibérer sur les affaires
sérieuses. Et par où débute-t-il? Lois sur la décence et
l'honnêteté. Il débute par là, persuadé qu'une ville,
où règnent ces vertus, sera la plus florissante. <23> Et
comment ordonne-t il aux proèdres de traiter les
affaires publiques? Lorsque l'assemblée aura été
purifiée et que le héraut aura prononcé les vœux et les
imprécations ordinaires, il ordonne au proèdre de faire
régler d'abord ce qui regarde les sacrifices anciens, les
hérauts d'armes, les députés et autres articles pareils.
Après cela, le héraut demande à haute voix : Qui des
citoyens, au-dessus de cinquante ans, veut parler au
peuple? Lorsque ceux ci ont parlé, alors il invite à
prendre la parole celui qui le voudra des autres
Athéniens qui n'en ont pas d'empêchement.
<24> Examinez, je vous prie, la sagesse de ces
disposition. Le législateur, sans doute, n'ignorait pas
que l'expérience des vieillards fait que la prudence chez
eux est dans toute sa force, mais que la hadiesse leur
manque. Voulant donc, eu égard à leurs lumières, qu'ils
s'accoutument à se tenir comme obligés d'exposer leur
avis, et ne pouvant les appeler chacun par leur nom, il
les désigne par le nom commun de leur âge, les invite à
monter à la tribune, et les exhorte à parler au peuple. Il
apprend en même temps aux jeunes gens à respecter les
vieillards, à leur céder en tout la première place, à
honorer la vieillesse, à laquelle nous parviendrons tous,
si les dieux nous conservent. <25> Aussi, telle était la
décence des anciens orateurs, de Périclès, de
Thémistocle, d'Aristide, surnommé le juste, surnom
bien différent de celui que mérite Timarque; telle était,
dis-je, leur décence, qu'un usage autorisé de nos jours,
de parler la main étendue, ils auraient craint de le
suivre, et l'auraient regardé comme une marque
d'audace. Je vais vous en donner une preuve aussi forte
que sensible. Il n'est personne de vous, sans doute, qui
n'ait été à Salamine, et qui n'y ait vu la statue de Solon.
Vous pourriez donc attester, vous-mêmes, qu'il est
représenté dans la place publique de cette ville, ayant la
main dans sa robe. C'est une preuve, à la fois, et une
expression de son attitude, lorsqu'il parlait au peuple
d'Athènes. <26> Mais, voyez combien Solon et les
autres grands hommes, que je viens de nommer, étaient
différents de Timarque ! Ils auraient eu honte de parler
la main étendue; et Timarque, ce fait est tout récent,
mettant bas ses habits, s'est exercé nu, comme un
athlète, en pleine assemblée; de sorte que les
citoyens raisonnables, qui voyaient l'état où l'avaient
réduit l'ivresse et la pétulance, baissaient les yeux de
honte, rougissant pour Athènes qu'elle employât de
semblables ministres.
<27> C'est afin de prévenir de tels excès, que le
législateur a désigné clairement ceux qui auront droit de
parler au peuple, et ceux qui ne l'auront pas. Il n'exclut
point de la tribune celui dont les pères n'ont jamais
commandé les armées, ni celui qui exerce quelque
métier pour vivre ; c'est, au contraire, ceux-là qu'il
favorise principalement ; et c'est le motif qui lui fait
demander à plusieurs reprises : Qui des citoyens veut
parler au peuple ?
<28> Quels sont ceux suivant lui, qui n'auront pas droit
de parler au peuple, et qu'il exclut de la tribune ? ceux,
entre autres, qui ont vécu dans le désordre. Et où le
déclare-t-il ? à l'article de l'examen des orateurs. Celui,
continue-t-il, qui frappe son père ou sa mère, qui refuse
de les nourrir et de les loger, et qui ose parler au peuple.
Il ne veut point qu'un tel homme continue de parler en
public ; et certes, à mon avis, avec beaucoup de raison.
Pourquoi ? c'est que si un homme traite mal ceux même
qu'il doit honorer à l'égal des dieux, comment traitera-t-
il des personnes étrangères et toute la ville ? <29> A qui
le législateur défend-il encore de monter à la tribune ?
celui, dit-il, qui aura refusé de servir ou qui aura jeté
son bouclier. Cela est juste : car, enfin, qui que vous
soyez, vous qui avez refusé de prendre les armes pour
votre patrie ou qui, par lâcheté, n'avez pu la secourir
vous ne devez pas prétendre à la conseiller. A qui parle-
t-il en troisième lieu ? celui, dit-il, qui s'est vendu et
livré aux plaisirs d'autrui. Il pensait qu'un homme qui
s'est vendu et livré lui-même, se porterait sans peine à
vendre les grands intérêts de la république.
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