HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ESCHINE, Contre Timarque (discours complet)

Paragraphes 180-189

  Paragraphes 180-189

[180] Ἀλλοὐ Λακεδαιμόνιοι· καλὸν δἐστὶ καὶ τὰς ξενικὰς ἀρετὰς μιμεῖσθαι. δημηγοροῦντος γάρ τινος ἐν τῇ τῶν Λακεδαιμονίων ἐκκλησίᾳ, ἀνδρὸς βεβιωκότος μὲν αἰσχρῶς, λέγειν δεἰς ὑπερβολὴν δυνατοῦ, καὶ τῶν Λακεδαιμονίων, ὥς φασι, κατὰ τὴν ἐκείνου γνώμην ψηφίζεσθαι μελλόντων, παρελθών τις τῶν γερόντων, οὓς ἐκεῖνοι καὶ αἰσχύνονται καὶ δεδίασι, καὶ τὴν τῆς ἡλικίας αὐτῶν ἐπωνυμίαν ἀρχὴν μεγίστην εἶναι νομίζουσι, καθιστᾶσι δαὐτοὺς ἐκ τῶν ἐκ παιδὸς εἰς γῆρας σωφρόνων, τούτων εἷς, ὡς λέγεται, παρελθὼν ἰσχυρῶς ἐπέπληξε τοῖς Λακεδαιμονίοις, καί τι τοιοῦτον καταὐτῶν ἐβλασφήμησεν, ὡς οὐ πολὺν χρόνον τὴν Σπάρτην ἀπόρθητον οἰκήσουσι, τοιούτοις ἐν ταῖς ἐκκλησίαις συμβούλοις χρώμενοι. (181) ἅμα δὲ παρακαλέσας ἄλλον τινὰ τῶν Λακεδαιμονίων, ἄνδρα λέγειν μὲν οὐκ εὐφυᾶ, τὰ δὲ κατὰ πόλεμον λαμπρὸν καὶ πρὸς δικαιοσύνην καὶ ἐγκράτειαν διαφέροντα, ἐπέταξεν αὐτῷ τὰς αὐτὰς εἰπεῖν γνώμας οὕτως ὅπως ἂν δύνηται, ἃς εἶπεν πρότερος ῥήτωρ, "ἵνα," ἔφη, "οἱ Λακεδαιμόνιοι ἀνδρὸς ἀγαθοῦ φθεγξαμένου ψηφίσωνται, τὰς δὲ τῶν ἀποδεδειλιακότων καὶ πονηρῶν ἀνθρώπων φωνὰς μηδὲ τοῖς ὠσὶ προσδέχωνται." ταῦθ γέρων ἐκ παιδὸς σεσωφρονηκὼς παρῄνεσε τοῖς ἑαυτοῦ πολίταις. ταχύ γἂν Τίμαρχον τὸν κίναιδον Δημοσθένην εἴασε πολιτεύεσθαι. (182) ἵνα δὲ μὴ δοκῶ Λακεδαιμονίους θεραπεύειν, καὶ τῶν ἡμετέρων προγόνων μνησθήσομαι. οὕτω γὰρ ἦσαν πρὸς τὰς αἰσχύνας χαλεποί, καὶ περὶ πλείστου τῶν τέκνων τὴν σωφροσύνην ἐποιοῦντο, ὥστἀνὴρ εἷς τῶν πολιτῶν, εὑρὼν τὴν ἑαυτοῦ θυγατέρα διεφθαρμένην, καὶ τὴν ἡλικίαν οὐ καλῶς διαφυλάξασαν μέχρι γάμου, ἐγκατῳκοδόμησεν αὐτὴν μεθἵππου εἰς ἔρημον οἰκίαν, ὑφοὗ προδήλως ἔμελλεν ἀπολεῖσθαι συγκαθειργμένη. καὶ ἔτι καὶ νῦν τῆς οἰκίας ταύτης ἕστηκε τὰ οἰκόπεδα ἐν τῷ ὑμετέρῳ ἄστει, καὶ τόπος οὗτος καλεῖται παρἵππον καὶ κόρην. (183) δὲ Σόλων τῶν νομοθετῶν ἐνδοξότατος γέγραφεν ἀρχαίως καὶ σεμνῶς περὶ τῆς τῶν γυναικῶν εὐκοσμίας. τὴν γὰρ γυναῖκα ἐφ ἂν ἁλῷ μοιχός, οὐκ ἐᾷ κοσμεῖσθαι, οὐδὲ εἰς τὰ δημοτελῆ ἱερὰ εἰσιέναι, ἵνα μὴ τὰς ἀναμαρτήτους τῶν γυναικῶν ἀναμειγνυμένη διαφθείρῃ· ἐὰν δεἰσίῃ κοσμῆται, τὸν ἐντυχόντα κελεύει καταρρηγνύναι τὰ ἱμάτια καὶ τὸν κόσμον ἀφαιρεῖσθαι καὶ τύπτειν, εἰργόμενον θανάτου καὶ τοῦ ἀνάπηρον ποιῆσαι, ἀτιμῶν τὴν τοιαύτην γυναῖκα καὶ τὸν βίον ἀβίωτον αὐτῇ κατασκευάζων. (184) καὶ τὰς προαγωγοὺς καὶ τοὺς προαγωγοὺς γράφεσθαι κελεύει, κἂν ἁλῶσι, θανάτῳ ζημιοῦν, ὅτι τῶν ἐξαμαρτάνειν ἐπιθυμούντων ὀκνούντων καὶ αἰσχυνομένων ἀλλήλοις ἐντυγχάνειν, αὐτοὶ τὴν αὑτῶν ἀναίδειαν παρασχόντες ἐπὶ μισθῷ τὸ πρᾶγμα εἰς διάπειραν καὶ λόγον κατέστησαν. (185) ἔπειθοἱ μὲν πατέρες ὑμῶν οὕτω περὶ τῶν αἰσχρῶν καὶ καλῶν διεγίγνωσκον, ὑμεῖς δὲ Τίμαρχον τὸν τοῖς αἰσχίστοις ἐπιτηδεύμασιν ἔνοχον ἀφήσετε; τὸν ἄνδρα μὲν καὶ ἄρρενα τὸ σῶμα, γυναικεῖα δὲ ἁμαρτήματα ἡμαρτηκότα; τίς οὖν ὑμῶν γυναῖκα λαβὼν ἀδικοῦσαν τιμωρήσεται; τίς οὐκ ἀπαίδευτος εἶναι δόξει τῇ μὲν κατὰ φύσιν ἁμαρτανούσῃ χαλεπαίνων, τῷ δὲ παρὰ φύσιν ἑαυτὸν ὑβρίσαντι συμβούλῳ χρώμενος; (186) τίνα δἔχων ἕκαστος ὑμῶν γνώμην ἐπάνεισιν οἴκαδε ἐκ τοῦ δικαστηρίου; οὔτε γὰρ κρινόμενος ἀφανής, ἀλλὰ γνώριμος, οὔθ νόμος περὶ τῆς τῶν ῥητόρων δοκιμασίας φαῦλος, ἀλλὰ κάλλιστος, τό τἐρέσθαι τοῖς παισὶ καὶ τοῖς μειρακίοις τοὺς ἑαυτῶν οἰκείους, ὅπως τὸ πρᾶγμα κέκριται, πρόχειρον. (187) τί οὖν δὴ λέξετε οἱ τῆς ψήφου νυνὶ γεγονότες κύριοι, ὅταν οἱ ὑμέτεροι παῖδες ὑμᾶς ἔρωνται, εἰ κατεδικάσατε ἀπεψηφίσασθε; οὐχ ἅμα Τίμαρχον ἀπολῦσαι ὁμολογήσετε, καὶ τὴν κοινὴν παιδείαν ἀνατρέψετε; τί δὄφελος παιδαγωγοὺς τρέφειν παιδοτρίβας καὶ διδασκάλους τοῖς παισὶν ἐφιστάναι, ὅταν οἱ τὴν τῶν νόμων παρακαταθήκην ἔχοντες πρὸς τὰς αἰσχύνας κατακάμπτωνται; (188) θαυμάζω δὑμῶν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, κἀκεῖνο, εἰ τοὺς μὲν πορνοβοσκοὺς μισεῖτε, τοὺς δἑκόντας πεπορνευμένους ἀφήσετε· καὶ ὡς ἔοικεν αὐτὸς οὗτος ἀνὴρ ἱερωσύνην μὲν οὐδενὸς θεῶν κληρώσεται, ὡς οὐκ ὢν ἐκ τῶν νόμων καθαρὸς τὸ σῶμα γράψει δἐν τοῖς ψηφίσμασιν εὐχὰς ὑπὲρ τῆς πόλεως ταῖς σεμναῖς θεαῖς. εἶτα τί θαυμάζομεν τὴν κοινὴν ἀπραξίαν, τοιούτων ῥητόρων ἐπὶ τὰς τοῦ δήμου γνώμας ἐπιγραφομένων; καὶ τὸν αἰσχρῶς οἴκοι βεβιωκότα ἔξω τῆς πόλεως πρεσβευτὴν πέμψομεν, καὶ τούτῳ περὶ τῶν μεγίστων διαπιστεύσομεν; τί δοὐκ ἂν ἀποδοῖτο τὴν τοῦ σώματος ὕβριν πεπρακώς; τίνα δἂν οὗτος ἐλεήσειεν αὑτὸν οὐκ ἐλεήσας; (189) τίνι δὑμῶν οὐκ εὔγνωστός ἐστιν Τιμάρχου βδελυρία; ὥσπερ γὰρ τοὺς γυμναζομένους, κἂν μὴ παρῶμεν ἐν τοῖς γυμνασίοις, εἰς τὰς εὐεξίας αὐτῶν ἀποβλέποντες γιγνώσκομεν, οὕτω τοὺς πεπορνευμένους, κἂν μὴ παρῶμεν αὐτῶν τοῖς ἔργοις, ἐκ τῆς ἀναιδείας καὶ τοῦ θράσους καὶ τῶν ἐπιτηδευμάτων γιγνώσκομεν. γὰρ ἐπὶ τῶν μεγίστων τοὺς νόμους καὶ τὴν σωφροσύνην ὑπεριδών[180] bien différents en cela des Lacédémoniens, dont je vais rapporter un trait de sagesse; car il est beau d'imiter les vertus même des étrangers. Un orateur haranguait les Lacédémoniens dans une assemblée; c'était un homme aussi diffamé par sa conduite que distingué par son éloquence. Les Lacédémoniens, à ce qu'on rapporte, allaient prononcer d'après son avis. Il s'éleva un de ces vieillards qu'ils respectent et qu'ilscraignent, qui composent le premier conseil de la ville, et qui ont mérité cet honneur pour avoir vécu honnêtement depuis l'enfance jusqu'à un âge avancé; ce vieillard fit une réprimande vive aux Lacédémoniens, et entre autres reproches, il leur dit qu'ils ne garantiraient pas longtemps Lacédémone de tout ravage, s'ils employaient de tels ministres dans les assemblées. <181> En disant ces mots il appelle un autre Lacédémonien, qui, sans être doué dit talent de la parole, s'était signalé dans la guerre, et jouissait d'une grande réputation de vertu et de sagesse ; il lui commande d'exposer, comme il pourrait, l'avis qu'avait donné le premier orateur, afin, disait-il, que les Lacédémoniens prononcent d'après les discours d'un homme vertueux, et qu'ils ferment absolument l'oreille à la voix des lâches et des pervers. Tel est l'avis que donnait, à ses concitoyens, un vieillard qui avait été sage dès son enfance. Il eût, apparemment, oui, il eût été permis à un Timarque, à un infâme Démosthène, de se mêler des affaires publiques. <182> Main pour qu'on ne s'imagine pas que je veuille flatter les Lacédémoniens, je parlerai aussi de nos ancêtres. Ils étaient si sévères contre l'infamie, et si jaloux de la sagesse de leurs enfants, qu'un citoyen, ayant découvert que sa fille s'était laissé séduire, et ne s'était pas conservée chaste, comme elle le devait, jusqu'à son mariage, il l'enferma dans une maison déserte avec un cheval qui, irrité par la faim, devait nécessairement la dévorer. La place de cette maison subsiste encore aujourd'hui dans notre ville, et ce lieu s'appelle la place du cheval et de la fille. <183> Solon, le plus célèbre des législateurs, a fait des lois pleines de force et de dignité pour la discipline des femmes. Il interdit toute parure à celle qui aura été surprise en adultère; il lui ferme l'entrée des temples, de peur qu'elle ne corrompe les femmes honnêtes en se mêlant avec elles. Si elle ose contrevenir à la loi, dans l'un de ces deux points, il permet à quiconque le voudra de déchirer sa robe, d'arracher sa parure, de la frapper ; empêchant uniquement qu'on ne lui porte des coups mortels, ou qu'on ne lui fasse des blessures graves ; en un mot, il la couvre de honte, il lui rend la vie insupportable et plus dure que la mort même. <184> Le même Solon permet d'accuser les corrupteurs de la jeunesse, et de les faire mourir, s'ils sont convaincus, parce que, trafiquant de leur impudence, ils fournissent à ceux qui veulent faire le mal, mais qui craignent et rougissent de se trouver ensemble, des facilités pour se voir et s'entretenir. <185> Nos pères jugeaient donc avec cette rigueur de l'honnêteté et de la honte des actions ; et vous, Athéniens, vous renverrez absous un Timarque qui s'est livré aux débauches les plus abominables, qui s'est déshonoré par des crimes contre nature ! <186> Avec quels sentiments chacun de vous retournera-t-il, du tribunal, dans sa maison? L'accusé n'est pas un personnage obscur, mais un homme connu; la loi sur l'examen des orateurs n'est pas une loi vicieuse, mais une loi fort sage: les enfants et les jeunes gens s'empresseront de demander à leurs parents comment l'affaire a été jugée. <187> Que direz-vous donc, vous qui prononcez aujourd'hui en dernier ressort, lorsque vos enfants vous demanderont si vous avez absous ou condamné Timarque ? N'avouerez-vous pas, en lui faisant grâce, que vous avez ruiné toute discipline pour la jeunesse? A quoi vous servira-t-il d'avoir des esclaves pour conduire vos enfants, de les confier aux maîtres des écoles et aux chefs de gymnases, si ceux, entre les mains desquels on a remis le dépôt des lois, mollissent sur l'article de l'infamie? <188> Je serais étonné qu'abhorrant ceux qui font trafic de prostituer les autres, on vous vît renvoyer, sans les punir, ceux qui se prostituent eux-mêmes volontairement. Le même homme, sans doute, qui ne pourrait obtenir le sacerdoce d'aucune divinité, comme n'ayant pas la pureté que demandent les lois, portera des décrets dans lesquels il adressera aux Déesses Redoutables des prières pour la république; et nous serons encore surpris du désordre qui règne dans l'état, lorsque de tels hommes mettent leurs noms à la tète des ordonnances du peuple ! Enverrons-nous donc en ambassade chez les étrangers un homme qui, chez nous, a vécu dans la turpitude? Lui confierons-nous les affaires les plus importantes? Que ne vendra point celui qui s'est vendu et livré aux plaisirs d'autrui? De qui aura pitié celui qui n'a pas eu pitié de lui-même? <189> Qui de vous pourrait ignorer la corruption de Timarque? Comme on distingue ceux qui s'exercent dans les gymnases, quoiqu'on n'assiste pas à leurs exercices, en voyant la bonne grâce de leur personne; de même on connaît les libertins et les débauchés, quoiqu'on ne se trouve pas à leurs désordres ; on les connaît, dis-je, à certains goûts pervers, à un certain extérieur d'audace et d'impudence. Car, quiconque, dans des objets essentiels, a enfreint les lois de la pudeur, conserve une certaine disposition de l'âme qui se manifeste au dehors par un air d'immodestie.


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Dernière mise à jour : 20/12/2006