HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ESCHINE, Contre Timarque (discours complet)

Paragraphes 170-179

  Paragraphes 170-179

[170] Ὅλως δέ, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τὰς ἔξωθεν τοῦ πράγματος ἀπολογίας μὴ προσδέχεσθε, πρῶτον μὲν τῶν ὅρκων ἕνεκα οὓς ὠμόσατε, δεύτερον δὲ ὑπὲρ τοῦ μὴ παρακρουσθῆναι ὑπὸ ἀνθρώπου τεχνίτου λόγων. μικρὸν δἄνωθεν ἄρξομαι διδάσκειν ὑμᾶς. Δημοσθένης γάρ, ἐπειδὴ τὴν πατρᾐαν οὐσίαν ἀνήλωσε, περιῄει τὴν πόλιν θηρεύων νέους πλουσίους, ὧν οἱ μὲν πατέρες ἐτετελευτήκεσαν, αἱ δὲ μητέρες διᾐκουν τὰς οὐσίας. πολλοὺς δὑπερβὰς ἑνὸς τῶν δεινὰ πεπονθότων μνησθήσομαι. (171) κατιδὼν γὰρ οἰκίαν πλουσίαν καὶ οὐκ εὐνομουμένην, ἧς ἡγεμὼν μὲν ἦν γυνὴ μέγα φρονοῦσα καὶ νοῦν οὐκ ἔχουσα, νεανίσκος δὲ ὀρφανὸς ἡμιμανὴς διεχείριζε τὴν οὐσίαν, Ἀρίσταρχος τοῦ Μόσχου, τούτου προσποιησάμενος ἐραστὴς εἶναι, καὶ τὸ μειράκιον εἰς τὴν φιλανθρωπίαν ταύτην προκαλεσάμενος, ἐλπίδων κενῶν ἐμπλήσας, ὡς αὐτίκα δὴ μάλα τῶν ῥητόρων πρωτεύσοντα, (172) κατάλογον ἀποφαίνων, τοιούτων εἰσηγητὴς αὐτῷ καὶ διδάσκαλος ἔργων ἐγένετο, ἐξ ὧν ἐκεῖνος μὲν φεύγει τὴν πατρίδα, οὗτος δαὐτοῦ τὰ τῆς φυγῆς ἐφόδια προλαβὼν τρία τάλαντα ἀπεστέρηκε, Νικόδημος δ Ἀφιδναῖος ὑπἈριστάρχου τετελεύτηκε βιαίῳ θανάτῳ, ἐκκοπεὶς δείλαιος ἀμφοτέρους τοὺς ὀφθαλμοὺς καὶ τὴν γλῶτταν ἐκτμηθείς, ἐπαρρησιάζετο πιστεύων τοῖς νόμοις καὶ ὑμῖν. (173) ἔπειθὑμεῖς, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, Σωκράτην μὲν τὸν σοφιστὴν ἀπεκτείνατε, ὅτι Κριτίαν ἐφάνη πεπαιδευκώς, ἕνα τῶν τριάκοντα τῶν τὸν δῆμον καταλυσάντων, Δημοσθένης δὑμῖν ἑταίρους ἐξαιρήσεται, τηλικαύτας τιμωρίας λαμβάνων παρὰ τῶν ἰδιωτῶν καὶ δημοτικῶν ἀνθρώπων ὑπὲρ τῆς ἰσηγορίας, παρακεκλημένοι τινὲς τῶν μαθητῶν ἥκουσιν ἐπὶ τὴν ἀκρόασιν· κατεπαγγέλλεται γὰρ πρὸς αὐτούς, ἐργολαβῶν ἐφὑμᾶς, ὡς ἐγὼ πυνθάνομαι, λήσειν μεταλλάξας τὸν ἀγῶνα καὶ τὴν ὑμετέραν ἀκρόασιν, (174) καὶ περιστήσειν τῷ μὲν φεύγοντι θαρρεῖν, ὅταν αὐτὸς δεῦρο παρέλθῃ, ἐκπεπλῆχθαι δὲ τῷ κατηγόρῳ καὶ πεφοβῆσθαι περὶ αὑτοῦ, τοσούτους δὲ καὶ τηλικούτους ἐκκαλεῖσθαι παρὰ τῶν δικαστῶν θορύβους, παρεμβάλλων τὰς ἐμὰς δημηγορίας καὶ ψέγων τὴν εἰρήνην τὴν διἐμοῦ καὶ Φιλοκράτους γεγενημένην, ὥστοὐδὲ ἀπαντήσεσθαί με ἐπὶ τὸ δικαστήριον ἀπολογησόμενον, ὅταν τῆς πρεσβείας τὰς εὐθύνας διδῶ, ἀλλἀγαπήσειν, ἐὰν μετρίῳ τιμήματι περιπέσω καὶ μὴ θανάτῳ ζημιῶμαι. (175) μηδενὶ δὴ τρόπῳ καθὑμῶν αὐτῶν γέλωτα τῷ σοφιστῇ καὶ διατριβὴν παράσχητε, ἀλλὑπολαμβάνεθὁρᾶν εἰσεληλυθότα ἀπὸ τοῦ δικαστηρίου οἴκαδε καὶ σεμνυνόμενον ἐν τῇ τῶν μειρακίων διατριβῇ, καὶ διεξιόντα, ὡς εὖ τὸ πρᾶγμα ὑφείλετο τῶν δικαστῶν· "ἀπαγαγὼν γὰρ αὐτοὺς ἀπὸ τῶν περὶ Τίμαρχον αἰτιῶν, ἐπέστησα φέρων ἐπὶ τὸν κατήγορον καὶ Φίλιππον καὶ Φωκέας, καὶ φόβους ἐπήρτησα τοῖς ἀκροωμένοις, ὥσθ μὲν φεύγων κατηγόρει, δὲ κατηγορῶν ἐκρίνετο, οἱ δὲ δικασταί, ὧν μὲν ἦσαν κριταί, ἐπελάθοντο, ὧν δοὐκ ἦσαν, περὶ τούτων ἤκουον." (176) ὑμέτερον δἐστὶν ἔργον πρὸς ταῦτα ἀντιτετάχθαι, καὶ πανταχῇ παρακολουθοῦντας μηδαμῇ παρεκκλίνειν αὐτὸν ἐᾶν, μηδὲ τοῖς ἐξαγωνίοις λόγοις διισχυρίζεσθαι· ἀλλὥσπερ ἐν ταῖς ἱπποδρομίαις εἰς τὸν τοῦ πράγματος αὐτὸν δρόμον εἰσελαύνετε. κἂν ταῦτα ποιῆτε, οὐ καταφρονηθήσεσθε, καὶ τὴν αὐτὴν ἕξετε γνώμην νομοθετοῦντες καὶ δικάζοντες· εἰ δὲ μή, δόξετε μελλόντων μὲν γίγνεσθαι τῶν ἀδικημάτων προαισθάνεσθαι καὶ ὀργίζεσθαι, γεγονότων δὲ οὐκέτι φροντίζειν. (177) ὡς δἐν κεφαλαίῳ εἰρῆσθαι, ἐὰν μὲν κολάζητε τοὺς ἀδικοῦντας, ἔσονται ὑμῖν οἱ νόμοι καλοὶ καὶ κύριοι, ἐὰν δἀφιῆτε, καλοὶ μέν, κύριοι δοὐκέτι. ὧν δἕνεκα ταῦτα λέγω, οὐκ ὀκνήσω πρὸς ὑμᾶς παρρησιάσασθαι. ἔσται δ λόγος ἐπὶ παραδείγματος. διὰ τί οἴεσθε, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς νόμους μὲν καλῶς κεῖσθαι, τὰ δὲ ψηφίσματα εἶναι τὰ τῆς πόλεως καταδεέστερα, καὶ τὰς κρίσεις ἐνίοτε τὰς ἐν τοῖς δικαστηρίοις ἔχειν ἐπιπλήξεις; (178) ἐγὼ τὰς τούτων αἰτίας ἐπιδείξω. ὅτι τοὺς μὲν νόμους τίθεσθε ἐπὶ πᾶσι δικαίοις, οὔτε κέρδους ἕνεκἀδίκου, οὔτε χάριτος οὔτἔχθρας, ἀλλὰ πρὸς αὐτὸ μόνον τὸ δίκαιον καὶ τὸ συμφέρον ἀποβλέποντες· ἐπιδέξιοι δοἶμαι φύντες ἑτέρων μᾶλλον, εἰκότως καλλίστους νόμους τίθεσθε. ἐν δὲ ταῖς ἐκκλησίαις καὶ τοῖς δικαστηρίοις πολλάκις ἀφέμενοι τῶν εἰς αὐτὸ τὸ πρᾶγμα λόγων, ὑπὸ τῆς ἀπάτης καὶ τῶν ἀλαζονευμάτων ὑπάγεσθε, καὶ πάντων ἀδικώτατον ἔθος εἰς τοὺς ἀγῶνας παραδέχεσθε· ἐᾶτε γὰρ τοὺς ἀπολογουμένους ἀντικατηγορεῖν τῶν κατηγορούντων. (179) ἐπειδὰν δἀπὸ τῆς ἀπολογίας ἀποσπασθῆτε καὶ τὰς ψυχὰς ἐφἑτέρων γένησθε, εἰς λήθην ἐμπεσόντες τῆς κατηγορίας, ἐξέρχεσθἐκ τῶν δικαστηρίων, οὐδὲ παρἑτέρου δίκην εἰληφότες, οὔτε παρὰ τοῦ κατηγόρου, ψῆφος γὰρ καταὐτοῦ οὐ δίδοται, οὔτε παρὰ τοῦ ἀπολογουμένου, ταῖς γὰρ ἀλλοτρίαις αἰτίαις ἀποτριψάμενος τὰ ὑπάρχοντα αὑτῷ ἐγκλήματα ἐκπέφευγεν ἐκ τοῦ δικαστηρίου· οἱ δὲ νόμοι καταλύονται καὶ δημοκρατία διαφθείρεται καὶ τὸ ἔθος ἐπὶ πολὺ προβαίνει· εὐχερῶς γὰρ ἐνίοτε λόγον ἄνευ χρηστοῦ βίου προσδέχεσθε. [170] En général, vous devez rejeter toute défense étrangère à la cause, tant par égard pour votre serment, que pour n'être point le jouet des sophismes d'un vil discoureur. Il faut vous faire connaître ce méchant homme, en reprenant les choses d'un peu haut. Lorsqu'il eut consumé son patrimoine, il par-courait la ville, cherchant à prendre dans ses filets de jeunes pupilles riches, dont les pères étaient morts, et dont les mères gouvernaient les biens. Je laisserai les autres, et ne parlerai que d'un seul qu'il a jeté dans des malheurs affreux. <171> Il avait découvert une maison opulente, mais mal gouvernée, qui avait pour chef une femme aussi pleine d'orgueil que dépourvue de sens, et pour héritier un jeune pupille presque fou. Il feint de l'amitié pour celui-ci; il se l'attache par les vaines promesses dont il l'amuse, lui faisant espérer qu'il primerait bientôt dans l'éloquence, et lui citant tous ceux qu'il avait déjà rendus orateurs. <172> Il a fini par lui apprendre des actions qui ont fait exiler de sa patrie le disciple ; qui ont valu au maître trois talents que le jeune homme eût pu emporter dans son exil, et dont Démosthène l'a frustré; qui enfin ont fait périr de mort violente Nicodème tué par Aristarque. On a crevé les yeux à cet infortuné. et on lui a coupé la langue dont il s'était servi avec assurance, comptant sur les lois et sur les tribunaux. <173> Vous avez condamné à mort, ô Athéniens ! Socrate, ce fameux philosophe, pour avoir donné des leçons à Critias, un des trente tyrans qui avaient détruit le gouvernement populaire, et Démosthène obtiendrait de vous la grâce d'infâmes débauchés, lui qui a tiré une vengeance si cruelle de simples particuliers, mais amis du peuple, pour avoir parlé librement dans un état libre ! Il a invité quelques-uns de ses disciples à venir l'entendre. Trafiquant des ruses avec lesquelles il vous trompe, il leur annonce, à ce que j'entends dire, que, par ses artifices, il vous fera prendre le change et tournera ailleurs votre attention ; <174> que, dès qu'il paraîtra, il inspirera de la confiance à l'accusé, épouvantera l'accusateur et le fera craindre pour lui-même; qu'afin d'animer et de soulever les juges, il rappellera ce que j'ai pu dire au peuple par le passé, et blâmera la paix que j'ai faite, dira-t-il, conjointement avec Philocrate ; en sorte que je ne me présenterai pas même au tribunal pour me justifier, quand il faudra rendre mes comptes, trop heureux de ne subir qu'une peine ordinaire, sans être condamné à mort. <175> Ne donnez pas, Athéniens, à un misérable sophiste sujet de rire, et de s'entretenir à vos dépens. Imaginez-vous le voir rentrer dans sa maison au sortir du tribunal, s'applaudir au milieu de tous ses jeunes disciples, leur raconter avec quelle adresse il a fait perdre de vue la cause à nos juges. Je les ai détournés, dira-t-il, des imputations faites à Timarque, et les occupant, malgré eux, de l'accusateur, de Philippe et des Phocéens; j'ai rempli de crainte la multitude, de façon que l'accusé attaquait, l'accusateur se défendait, les jugés oubliaient l'affaire dont ils étaient juges, et donnaient leur attention à des objets sur lesquels ils n'avaient pas à prononcer. <176> C'est à vous, Athéniens, d'être en garde contre les artifices de Démosthène, de le suivre dans tous ses faux fuyants, et, sans permettre qu'il s'écarte et qu'il se jette sur des propos étrangers à la cause, de le renfermer dans le cercle même de l'affaire dont il s'agit, et comme dans la lice qu'il doit parcourir. Si vous le faites, au lieu de vous voir joués et méprisés, vous rendrez des sentences dans les mêmes dispositions que vous portez des lois; sinon, vous paraîtrez ne montrer de vigueur que pour prévoir les délits et pour établir des peines, et, dès que les fautes sont commises, ne les plus regarder que d'un oeil indifférent. <177> En un mot, si vous punissez les coupables, vous aurez des lois qui auront de la force et de la bonté; si vous le renvoyez absous, elles n'auront que de la bonté sans force. Je vais vous dire sincèrement dans quelle vue je parle ainsi, et j'appuierai mes discours d'un exemple. Pourquoi vos lois sont-elles bonnes, tandis que vos décrets sont inférieurs, et que les décisions de vos tribunaux ne sont pas toujours à l'abri des reproches? En voici les raisons. Vous portez vos lois, n'ayant égard qu'à la justice, sans nul motif d'intérêt propre, sans faveur, sans haine; ne considérant que ce qui est juste et utile. Or, avec plus de pénétration et de subtilité que les autres peuples, il est naturel, sans doute, que vous portiez les meilleures lois. Au lieu que, dans les assemblées et dans les tribunaux, souvent distraits du fond de l'affaire par l'imposture et par l'audace, vous laissez introduire dans les causes un abus nuisible, en permettant aux accusés de récriminer. <179> Et qu'arrive-t-il de là ? Ne songeant plus à la justification qu'ils vous doivent, l'esprit occupé d'autre chose, et ayant perdu de vue l'accusation, vous sortez du tribunal sans avoir puni aucune des deux parties, ni l'accusateur contre lequel il ne s'agit point de prononcer, ni l'accusé qui, par des imputations étrangères, élude celles dont on le charge, et échappe à la justice. Les lois, cependant, sont sans force, la démocratie est ruinée, et cet abus dangereux se répand et prévaut. Vous recevez, pour l'ordinaire de beaux discours qui ne sont pas accompagnés d'une vie régulière ;


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Dernière mise à jour : 20/12/2006