[190] Πλείστους δ᾽ ἂν εὕροιτ᾽ ἐκ τῶν τοιούτων ἀνθρώπων πόλεις
ἀνατετροφότας καὶ ταῖς μεγίσταις συμφοραῖς αὐτοὺς περιπεπτωκότας. μὴ γὰρ οἴεσθε, ὦ ἄνδρες
Ἀθηναῖοι, τὰς τῶν ἀδικημάτων ἀρχὰς ἀπὸ θεῶν, ἀλλ᾽ οὐκ ἀπ᾽ ἀνθρώπων ἀσελγείας γίγνεσθαι,
μηδὲ τοὺς ἠσεβηκότας, καθάπερ ἐν ταῖς τραγῳδίαις, Ποινὰς ἐλαύνειν καὶ κολάζειν δᾳσὶν ἡμμέναις·
(191) ἀλλ᾽ αἱ προπετεῖς τοῦ σώματος ἡδοναὶ καὶ τὸ μηδὲν ἱκανὸν ἡγεῖσθαι, ταῦτα πληροῖ τὰ
λῃστήρια, ταῦτ᾽ εἰς τὸν ἐπακτροκέλητα ἐμβιβάζει, ταῦτά ἐστιν ἑκάστῳ Ποινή, ταῦτα παρακελεύεται
σφάττειν τοὺς πολίτας, ὑπηρετεῖν τοῖς τυράννοις, συγκαταλύειν τὸν δῆμον. οὐ γὰρ τὴν αἰσχύνην
οὐδ᾽ ἃ πείσονται λογίζονται, ἀλλ᾽ ἐφ᾽ οἷς κατορθώσαντες εὐφρανθήσονται, τούτοις κεκήληνται.
ἐξαιρεῖτ᾽ οὖν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τὰς τοιαύτας φύσεις, καὶ τὰ τῶν νέων ζηλώματα ἐπ᾽ ἀρετὴν προτρέψεσθε.
(192) εὖ ἐπίστασθε, καὶ μοι σφόδρα τὸ μέλλον ῥηθήσεσθαι διαμνημονεύετε,
εἰ μὲν δώσει τῶν ἐπιτηδευμάτων Τίμαρχος δίκην, ἀρχὴν εὐκοσμίας ἐν τῇ πόλει κατασκευάσετε· εἰ δ᾽
ἀποφεύξεται, κρείττων ἦν ὁ ἀγὼν μὴ γεγενημένος. πρὶν μὲν γὰρ εἰς κρίσιν Τίμαρχον καταστῆναι,
φόβον τισὶ παρεῖχεν ὁ νόμος καὶ τὸ τῶν δικαστηρίων ὄνομα· εἰ δ᾽ ὁ πρωτεύων βδελυρία καὶ
γνωριμώτατος εἰσελθὼν περιγενήσεται, πολλοὺς ἁμαρτάνειν ἐπαρεῖ, καὶ τελευτῶν οὐχ ὁ λόγος,
ἀλλ᾽ ὁ καιρὸς ὑμᾶς ἐξοργιεῖ.
(193) μὴ οὖν εἰς ἁθρόους, ἀλλ᾽ εἰς ἕνα ἀποσκήψατε, καὶ τὴν παρασκευὴν καὶ τοὺς συνηγόρους αὐτῶν
παρατηρεῖτε· ὧν οὐδενὸς ἐγὼ ὀνομαστὶ μνησθήσομαι, ἵνα μὴ ταύτην ἀρχὴν τοῦ λόγου ποιήσωνται, ὡς οὐκ ἂν
παρῆλθον, εἰ μή τις αὐτῶν ὀνομαστὶ ἐμνήσθη.
ἀλλ᾽ ἐκεῖνο ποιήσω· ἀφελὼν τὰ ὀνόματα, διεξιὼν δὲ τὰ ἐπιτηδεύματα, καὶ τὰ σώματα αὐτῶν
γνώριμα καταστήσω. ἔσται δ᾽ αὐτὸς ἑαυτῷ ἕκαστος αἴτιος, ἐὰν δεῦρο ἀναβῇ καὶ ἀναισχυντῇ.
(194) τούτῳ γὰρ παρίασιν ἐκ τριῶν εἰδῶν συνήγοροι, οἱ μὲν ταῖς καθ᾽ ἡμέραν δαπάναις ἀνηλωκότες τὰς
πατρᾐας οὐσίας, οἱ δὲ ταῖς ἡλικίαις καὶ τοῖς ἑαυτῶν σώμασιν οὐ καλῶς κεχρημένοι, καὶ δεδιότες οὐ
περὶ Τιμάρχου, ἀλλὰ περὶ ἑαυτῶν καὶ τῶν ἐπιτηδευμάτων μή ποτε εἰς κρίσιν καταστῶσιν· ἕτεροι δ᾽
ἐκ τῶν ἀκολάστων καὶ τῶν τοῖς τοιούτοις κεχρημένων ἀφθόνως, ἵνα ταῖς βοηθείαις αὐτῶν
πιστεύοντες ῥᾷόν τινες ἐξαμαρτάνωσιν.
(195) ὧν πρὶν τῆς συνηγορίας ἀκοῦσαι τοὺς βίους ἀναμιμνήσκεσθε,
καὶ τοὺς μὲν εἰς τὰ σώματα ἡμαρτηκότας μὴ ὑμῖν ἐνοχλεῖν, ἀλλὰ παύσασθαι
δημηγοροῦντας κελεύετε· οὐδὲ γὰρ ὁ νόμος τοὺς ἰδιωτεύοντας, ἀλλὰ τοὺς πολιτευομένους ἐξετάζει·
τοὺς δὲ τὰ πατρῷα κατεδηδοκότας ἐργάζεσθαι καὶ ἑτέρωθεν κτᾶσθαι τὸν βίον κελεύετε· τοὺς δὲ τῶν
νέων, ὅσοι ῥᾳδίως ἁλίσκονται, θηρευτὰς ὄντας εἰς τοὺς ξένους καὶ τοὺς μετοίκους τρέπεσθαι
κελεύετε, ἵνα μήτ᾽ ἐκεῖνοι τῆς προαιρέσεως ἀποστερῶνται μήθ᾽ ὑμεῖς βλάπτησθε.
(196) τὰ μὲν οὖν παρ᾽ ἐμοῦ δίκαια πάντα ἀπειλήφατε· ἐδίδαξα τοὺς νόμους, ἐξήτασα τὸν βίον τοῦ κρινομένου.
νῦν μὲν οὖν ὑμεῖς ἐστε τῶν ἐμῶν λόγων κριταί, αὐτίκα δ᾽ ὑμέτερος ἐγὼ θεατής· ἐν γὰρ ταῖς ὑμετέραις
γνώμαις ἡ πρᾶξις καταλείπεται. εἰ οὖν βουλήσεσθε, τὰ δίκαια καὶ τὰ συμφέροντα ὑμῶν
ποιησάντων, φιλοτιμότερον ἡμεῖς ἕξομεν τοὺς παρανομοῦντας ἐξετάζειν.
| [190] Faites-y attention, Athéniens; vous verrez qu'une
foule de gens pareils ont renversé les états, et se sont
précipités eux-mêmes dans les derniers malheurs. Car,
ne croyez pas que ce soit à la colère des dieux, et non à
la perversité des hommes, qu'il faille attribuer les
grands désastres, ni que les scélérats, comme nous
voyons dans les tragédies, soient persécutés par les
Furies et tourmentés par les torches ardentes de ces
déesses. <191> Les plaisirs infâmes et les désirs illicites,
ce sont là pour chacun les vraies Furies ; c'est là ce qui
entretient les sociétés des brigands; c'est là ce qui
remplit les vaisseaux des pirates; c'est là ce qui porte de
jeunes insensés à égorger leurs concitoyens, à se
dévouer aux tyrans, à détruire le gouvernement
populaire. Uniquement flattés des avantages qu'ils se
promettent, s'ils réussissent, ils ne pensent ni à la honte
de leur conduite, ni aux supplices qui les attendent, s'ils
échouent. Éloignez donc, Athéniens, éloignez de votre
ville de tels caractères; allumez dans le coeur des jeunes
gens l'amour de la vertu ; convainquez-vous d'une
chose, et n'oubliez pas ce que je vais vous dire.
<192> Si Timarque est puni de ses désordres, ce sera un
commencement de réforme pour la ville: s'il échappe, il
eût mieux valu que ce procès n'eût pas été intenté. En
effet, avant que Timarque fût cité en justice, la rigueur
de la loi et le nom des tribunaux en imposaient encore à
quelques - uns; mais si le débauché le plus fameux, si le
coryphée du libertinage, traduit devant les juges, se
soustrait à la peine et sort triomphant, son exemple
multipliera et autorisent le crime, jusqu'à ce qu'enfin ce
ne soient plus de simples discours, mais la nécessité qui
vous excite à devenir sévères. <193> Au lieu donc de
vous mettre dans le cas de punir une foule de méchants,
effrayez-les tous aujourd'hui par la punition d'un seul.
Défiez-vous de la cabale ; défiez-vous de tous ceux qui
sollicitent en faveur de Timarque. Je n'en citerai aucun
par son nom, de peur qu'ils ne prennent de là occasion
de monter à cette tribune, et qu'ils ne débutent par dire
qu'ils n'auraient point paru, si on ne les eût nommés.
Mais, voici ce que je vais faire; supprimant les noms, et
rapportant les désordres, je ferai connaître les
personnes. S'ils ont la hardiesse de se présenter, ils ne
pourront s'autoriser que de leur effronterie.
<194> Je vois, dans cette cause, trois sortes de
solliciteurs. Les uns, par leurs dépenses journalières,
ont dissipé leur patrimoine. D'autres, se livrant à des
vices infâmes, ont déshonoré leur jeunesse; et bien
moins inquiets pour Timarque que pour eux-mêmes, ils
craignent d'être cités en justice. D'autres, libertins
furieux, qui ont abusé de la malheureuse facilité de ces
derniers, veulent que, comptant sur leurs secours, on se
prête désormais plus facilement à leurs désirs.
<195> Avant d'écouter leurs sollicitations, rappelez-vous
leur vie. Ordonnez à ceux qui se sont déshonorés eux-
mêmes, de ne plus parler en public, de ne plus vous
fatiguer de leurs harangues, puisque la loi ne regarde
que les citoyens qui se mêlent de l'administration.
Ordonnez à ceux qui ont dissipé leur patrimoine, de
s'occuper de quelque travail, et de subvenir d'ailleurs à
leurs besoins. Quant à ceux qui observent les jeunes
gens faciles à se laisser prendre dans leurs filets,
ordonnez-leur de s'adresser aux étrangers, afin qu'ils
trouvent les plaisirs qu'ils cherchent, sans se satisfaire à
votre préjudice.
<196> J'ai exposé les lois, j'ai examiné la vie de l'accusé
: rien ne manque de ma part. Vous êtes maintenant
juges de mes discours; je serai tout à l'heure témoin de
votre jugement. L'affaire dépend de vos décisions. Si
vous vous déterminez à prononcer suivant la justice et
pour le bien de la république, nous n'en aurons que plus
d'ardeur pour rechercher les infracteurs des lois.
|