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[150] Ὡς τοίνυν ἐξῆν αὐτῷ σωθῆναι μὴ τιμωρησαμένῳ τὸν τοῦ Πατρόκλου θάνατον,
ἀνάγνωθι ἃ λέγει ἡ Θέτις.
ὠκύμορος δή μοι τέκος ἔσσεαι, οἷ᾽ ἀγορεύεις·
αὐτίκα γάρ τοι ἔπειτα μεθ᾽ Ἕκτορα πότμος ἑτοῖμος.
τὴν δ᾽ αὖτε προσέειπε ποδάρκης δῖος Ἀχιλλεύς·
αὐτίκα τεθναίην, ἐπεὶ οὐκ ἄρ᾽ ἔμελλον ἑταίρῳ
κτεινομένῳ ἐπαμῦναι, ὅ μοι πολὺ φίλτατος ἔσκεν.
(151) ὁ τοίνυν οὐδενὸς ἧττον σοφὸς τῶν ποιητῶν Εὐριπίδης, ἕν τι τῶν καλλίστων ὑπολαμβάνων εἶναι
τὸ σωφρόνως ἐρᾶν, ἐν εὐχῆς μέρει τὸν ἔρωτα ποιούμενος λέγει που·
ὁ δ᾽ εἰς τὸ σῶφρον ἐπ᾽ ἀρετήν τ᾽ ἄγων ἔρως
ζηλωτὸς ἀνθρώποισιν, ὧν εἴην ἐγώ.
(152) πάλιν τοίνυν ὁ αὐτὸς ἐν τῷ Φοίνικι ἀποφαίνεται, ὑπὲρ τῆς γεγενημένης αὐτῷ πρὸς τὸν πατέρα
διαβολῆς ἀπολογούμενος, καὶ ἀπεθίζων τοὺς ἀνθρώπους μὴ ἐξ ὑποψίας μηδ᾽ ἐκ διαβολῆς, ἀλλ᾽ ἐκ
τοῦ βίου, τὰς κρίσεις ποιεῖσθαι·
ἤδη δὲ πολλῶν ᾑρέθην λόγων κριτής,
καὶ πόλλ᾽ ἁμιλληθέντα μαρτύρων ὕπο
τἀναντί᾽ ἔγνων συμφορᾶς μιᾶς πέρι.
κἀγὼ μὲν οὕτω, χὤστις ἔστ᾽ ἀνὴρ σοφός,
λογίζομαι τἀληθές, εἰς ἀνδρὸς φύσιν
σκοπῶν δίαιτάν θ᾽, ἥντιν᾽ ἡμερεύεται.
ὅστις δ᾽ ὁμιλῶν ἥδεται κακοῖς ἀνήρ,
οὐ πώποτ᾽ ἠρώτησα, γιγνώσκων ὅτι
τοιοῦτός ἐσθ᾽ οἵοισπερ ἥδεται ξυνών.
(153) σκέψασθε δέ, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τὰς γνώμας ἃς ἀποφαίνεται ὁ ποιητής. ἤδη δὲ πολλῶν
πραγμάτων φησὶ γεγενῆσθαι κριτής, ὥσπερ νῦν ὑμεῖς δικασταί, καὶ τὰς κρίσεις οὐκ ἐκ τῶν
μαρτυριῶν, ἀλλ᾽ ἐκ τῶν ἐπιτηδευμάτων καὶ τῶν ὁμιλιῶν, φησι ποιεῖσθαι, ἐκεῖσε ἀποβλέπων, πῶς
τὸν καθ᾽ ἡμέραν βίον ζῇ ὁ κρινόμενος, καὶ ὅντινα τρόπον διοικεῖ τὴν ἑαυτοῦ οἰκίαν, ὡς
παραπλησίως αὐτὸν καὶ τὰ τῆς πόλεως διοικήσοντα· καὶ τίσι χαίρει πλησιάζων· καὶ τελευτῶν οὐκ
ὤκνησεν ἀποφήνασθαι τοιοῦτον εἶναι οἵοισπερ ἥδεται ξυνών. οὐκοῦν δίκαιον καὶ περὶ Τιμάρχου τοῖς
αὐτοῖς ὑμᾶς Εὐριπίδῃ χρήσασθαι λογισμοῖς.
(154) πῶς διᾐκηκε τὴν ἑαυτοῦ οὐσίαν; κατεδήδοκε τὰ πατρῷα καὶ μεμισθαρνηκὼς τῷ σώματι καὶ δωροδοκῶν
δημοσίᾳ πάντ᾽ ἠφάνικεν, ὥστε μηδὲν ἄλλ᾽ ἢ τὰς αἰσχύνας αὐτῷ περιεῖναι. χαίρει δὲ τῷ συνών; Ἡγησάνδρῳ.
ὁ δ᾽ Ἡγήσανδρος ἐκ τίνων ἐστὶν ἐπιτηδευμάτων; ἐκ τούτων ἃ τὸν πράξαντα οἱ νόμοι ἀπαγορεύουσι μὴ
δημηγορεῖν.
ἐγὼ δὲ τί λέγω κατὰ Τιμάρχου, καὶ τίνα ποτ᾽ ἐστὶν ἃ ἀντιγέγραμμαι; δημηγορεῖν Τίμαρχον πεπορνευμένον καὶ
τὴν πατρᾐαν οὐσίαν κατεδηδοκότα. ὑμεῖς δὲ τί ὀμωμόκατε; ὑπὲρ αὐτῶν ψηφιεῖσθαι ὧν ἂν ἡ δίωξις ᾖ.
(155) ἵνα δὲ μὴ μακρολογῶ περὶ τῶν ποιητῶν διεξιών, ἀνδρῶν ἐρῶ πρεσβυτέρων καὶ γνωρίμων ὑμῖν
ὀνόματα καὶ μειρακίων καὶ παίδων, ὧν τοῖς μὲν διὰ τὴν εὐπρέπειαν πολλοὶ γεγόνασιν ἐρασταί,
ἐνίοις δὲ τῶν ἐν ἡλικίᾳ ἔτι καὶ νῦν εἰσίν, ὧν οὐδεὶς πώποτ᾽ εἰς τὰς αὐτὰς αἰτίας ἀφῖκται Τιμάρχῳ· καὶ
πάλιν ὑμῖν ἀντιδιέξειμι ἀνθρώπων πεπορνευμένων αἰσχρῶς καὶ φανερῶς ὀνόματα, ἵνα ὑμεῖς
ἀναμνησθέντες κατανείμητε εἰς τὴν προσήκουσαν τάξιν Τίμαρχον.
(156) πρῶτον δὲ λέξω τὰ τῶν ἐλευθερίως καὶ καλῶς βεβιωκότων ὀνόματα.
γιγνώσκετε, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, Κρίτωνα τὸν Ἀστυόχου καὶ Περικλείδην τὸν Περιθοίδην καὶ Πολεμαγένην καὶ
Πανταλέοντα τὸν Κλεαγόρου καὶ Τιμησίθεον τὸν δρομέα, καλλίστους οὐ μόνον τῶν πολιτῶν, ἀλλὰ καὶ τῶν
Ἑλλήνων γεγενημένους,
καὶ πλείστων καὶ σωφρονεστάτων τυχόντας ἐραστῶν· ἀλλ᾽ ὅμως οὐδεὶς πώποτε αὐτοὺς ἔψεξε.
(157) πάλιν ἐκ τῶν μειρακίων καὶ τῶν ἐν παισὶν ἔτι καὶ νῦν ὄντων πρῶτον μὲν τὸν ἀδελφιδοῦν τὸν
Ἰφικράτους, υἱὸν δὲ Τεισίου τοῦ ῾Ραμνουσίου, ὁμώνυμον δὲ τοῦ νυνὶ κρινομένου· ὃς εὐπρεπὴς ὢν
ἰδεῖν τοσοῦτον ἀπέχει τῶν αἰσχρῶν, ὥστε πρώην ἐν τοῖς κατ᾽ ἀγροὺς Διονυσίοις κωμῳδῶν ὄντων ἐν
Κολλυτῷ, καὶ Παρμένοντος τοῦ κωμικοῦ ὑποκριτοῦ εἰπόντος τι πρὸς τὸν χορὸν ἀνάπαιστον, ἐν ᾧ ἦν
εἶναί τινας πόρνους μεγάλους Τιμαρχώδεις, οὐδεὶς ὑπελάμβανεν εἰς τὸ μειράκιον, ἀλλ᾽ εἰς σὲ
πάντες· οὕτω κληρονόμος εἶ τοῦ ἐπιτηδεύματος. πάλιν Ἀντικλέα τὸν σταδιοδρόμον καὶ Φειδίαν τὸν
ἀδελφὸν τὸν Μελησίου. ἔτι δὲ εἰπεῖν ἔχων πολλοὺς παύσομαι, ἵνα μὴ δοκῶ τὸν ἔπαινον θεραπείᾳ
τινὶ κατ᾽ αὐτῶν ποιεῖσθαι.
(158) περὶ δὲ τῶν ὁμοτρόπων τῶν Τιμάρχου, φεύγων τὰς ἀπεχθείας,
ὧν ἥκιστά μοι μέλει μνησθήσομαι. τίς γὰρ ὑμῶν τὸν ὀρφανὸν καλούμενον Διόφαντον οὐκ οἶδεν, ὃς τὸν
ξένον πρὸς τὸν ἄρχοντα ἀπήγαγεν, ᾧ παρήδρευεν Ἀριστοφῶν ὁ Ἀζηνιεύς, ἐπαιτιασάμενος τέτταρας
δραχμὰς αὑτὸν ὑπὲρ τῆς πράξεως ταύτης ἀπεστερηκέναι, καὶ τοὺς νόμους λέγων, οἳ κελεύουσι τὸν
ἄρχοντα τῶν ὀρφανῶν ἐπιμελεῖσθαι, τοὺς ὑπὲρ τῆς σωφροσύνης κειμένους αὐτὸς ὑπερβεβηκώς; ἢ
τίς τῶν πολιτῶν οὐκ ἐδυσχέρανε Κηφισόδωρον τὸν τοῦ Μόλωνος καλούμενον καλλίστην ὥραν
ὄψεως ἀκλεέστατα διεφθαρκότα; ἢ Μνησίθεον τὸν τοῦ μαγείρου καλούμενον; ἢ πολλοὺς ἑτέρους,
ὧν ἑκὼν ἐπιλανθάνομαι;
(159) οὐ γὰρ ἐπεξελθεῖν αὐτῶν ἕκαστον κατ᾽ ὄνομα πικρῶς βούλομαι,
ἀλλὰ μᾶλλον τῶν τοιούτων ἀπορεῖν ἂν εὐξαίμην ἐν τῷ λόγῳ διὰ τὴν πρὸς τὴν πόλιν εὔνοιαν. ἐπειδὴ
δὲ ἑκατέρων Voici ce que dit encore le même poète dans le
Phénix, lorsque, faisant justifier ce héros des
imputations calomnieuses qui lui ont été faites auprès
de son père, il nous accoutume à ne pas juger les
hommes sur des soupçons et sur les rapports de la
calomnie, mais d'après leur vie passée.
VERS. « J'ai été nommé juge dans plusieurs
causes : malgré les dépositions d'un grand
nombre de témoins, un motif unique m'a
fait prononcer le contraire de ce qu'ils
attestaient. Pour découvrir certainement le
caractère d'un homme, et je crois procéder
avec sagesse, j'examine ses habitudes et la
vie qu'il mène. Quiconque se plaît dans la
compagnie des méchants, je ne
demanderai pas quel il est; je suis certain
qu'il est tel que ceux avec qui il aime à vivre ».
<153> Examinez, Athéniens, les pensées du poète : il
fait dire à un des amis de Phénix qu'il a été juge dans
plusieurs affaires, comme vous l'êtes dans celle-ci ;
qu'il n'a pas jugé les hommes, cités en justice, sur des
dépositions, mais d'après leur conduite, et d'après les
sociétés qu'ils fréquentaient ; qu'il a considéré quelle
était la vie habituelle de l'accusé, la manière dont il
gouvernerait sa maison, parce que, sans doute, il
gouvernerait de même la république; enfin ceux dont il
recherchait la compagnie ; car il déclare, sans hésiter,
qu'il est tel que ceux avec lesquels il aime à vivre. Nos
juges doivent raisonner de même à l'égard de
Timarquee. <154> Comment a-t-il gouverné sa fortune?
Il a dissipé son patrimoine et les biens de ses amis;
après s'être vendu pour la débauche, et avoir trafiqué
des charges qu'il a gérées, il a tout consumé, et il ne lui
reste plus que la honte et l'opprobre. Et quel est celui
avec lequel il aime à vivre? Hégésandre. Quelle est la
conduite d'Hégésandre? elle est telle qu'on ne peut en
tenir une semblable, sans être exclu de la tribune par les
lois. Que demandé-je contre Timarque? Qu'est-ce qui
est porté dans mon accusation? Je demande qu'il soit
exclu de la tribune, comme s'étant prostitué et ayant
dissipé son patrimoine. Vous. Athéniens, qu'avez-vous
promis dans votre serment ? de prononcer sur les objets
mêmes du procès.
<155> Pour ne pas trop m'étendre sur l'autorité des
poètes, je vais citer les noms de vieillards, de jeunes
gens et d'enfants, qui vous sont connus, dont les uns,
par leur beauté, firent autrefois bien des rivaux, dont
quelques autres sont encore dans la fleur de l'âge, et
dont aucun n'a essuyé les mêmes reproches que
Timarque. Je vous rapporterai, en parallèle, les noms de
ces infâmes qui se sont déshonorés par une prostitution
ouverte, afin que, vous les rappelant tous, vous mettiez
Timarque dans la classe qui lui convient.
<156> Je vais vous citer d'abord ces hommes pleins
d'honneur, qui ont vécu sagement. Vous connaissez,
sans doute, Criton, fils d'Astyochus ; Périclide, fils de
Périthoïde ; Pantoléon, fils de Cléagoras; Polémagène,
et Timésithée le coureur, qui, de leurs temps, étaient les
plus distingués par leur beauté dans Athènes et même
dans toute la Grèce. Ils ont fait beaucoup de rivaux,
mais des rivaux pleins de vertu, et personne ne les
trouva jamais répréhensibles en rien. <157> Parmi les
jeunes gens et ceux qui sont encore enfants, je nomme
avant tous le neveu d'Iphicrate, fils de Tisias, qui porte
le même nom que l'accusé, qui est d'une belle figure,
mais si éloigné de tout vice honteux, que dernièrement
dans les fêtes de Bacchus, célébrées à la campagne, les
acteurs de comédie jouant au bourg de Colytte, et
Parménon, un d'entre eux, adressant un vers au choeur,
dont le sens était qu'il y avait des Timarque, grands
débauchés, tous les spectateurs. sans penser au jeune
homme, l'appliquèrent aussitôt à celui que j'accuse: tant
l'infamie est son vrai partage! Je pourrais encore citer
l'athlète Anticlès, Phidias, frère de Milésius, et
beaucoup d'autres; mais je m'en dispense, dans la
crainte de paraître leur donner des éloges par flatterie.
<158> Quant à ces gens qui ont les mêmes moeurs que
Timarque, voulant éviter les inimitiés particulières, je
ne parlerai que de ceux dont je ne crains pas de me
déclarer l'ennemi. Qui de vous ne connaît point
Diophante, surnommé l'orphelin ? Il cita un étranger
devant l'archonte dont Aristophon était assesseur: il
l'accusait de lui avoir fait tort de quatre drachmes qui
lui étaient dues pour prix de ses complaisances
criminelles, et il invoquait les lois qui ordonnent à
l'archonte de prendre, sous sa protection, les orphelins,
lui qui avait foulé aux pieds les lois de la sagesse et de
la retenue. Qui d'entre nous ne détestait pas un pareil
homme? Qui n'était pas indigné contre Céphisodore,
connu comme fils de Molon, qui a déshonoré la beauté
de ses traits; ou contre Mnésithée, appelé le fils du
cuisinier; ou contre une infinité d'autres que j'oublie
sans peine? <159> Je ne veux pas les nommer tous les
uns après les autres avec aigreur, et je souhaiterais
plutôt, par affection pour la ville, être embarrassé pour
trouver des exemples de pareils désordres.
Nous avons cité à part, et ceux qui sont aimés pour leur
sagesse, et ceux qui pêchent contre eux-mêmes par
libertinage; je vous le demande maintenant, Athéniens,
répondez, je vous supplie, à ma question : dans quelle
classe mettez-vous Timarque ? Est-ce dans la classe de
ceux qui sont honorés d'un amour légitime, ou de ceux
qui se prostituent sans pudeur? c'est, sans doute, dans
celle de ces derniers. N'abandonnez donc pas,
Timarque, la classe où vous vous êtes mis par choix
pour passer en intrus dans celle des personnes honnêtes.
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