HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ESCHINE, Contre Timarque (discours complet)

Paragraphes 120-129

  Paragraphes 120-129

[120] Ἐγὼ δὲ πρὸς ταῦτα, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, σκέψασθἂν ἁπλοῦν ὑμῖν καὶ ἐλευθέριον δόξω λόγον λέγειν. αἰσχύνομαι γὰρ ὑπὲρ τῆς πόλεως, εἰ Τίμαρχος, τοῦ δήμου σύμβουλος καὶ τὰς εἰς τὴν Ἑλλάδα τολμῶν πρεσβείας πρεσβεύειν, μὴ τὸ πρᾶγμα ὅλον ἀποτρίψασθαι ἐπιχειρήσει, ἀλλὰ τοὺς τόπους ἐπερωτήσει ὅπου ἐκαθέζετο, καὶ τοὺς τελώνας, εἰ πώποτε παραὐτοῦ τὸ πορνικὸν τέλος εἰλήφασιν. (121) ταύτης μὲν οὖν τῆς ἀπολογίας ὑμῶν ἕνεκα παραχωρησάτω· ἕτερον δἐγώ σοι λόγον ὑποβαλῶ καλὸν καὶ δίκαιον, χρήσῃ, εἰ μηδὲν αἰσχρὸν σαυτῷ σύνοισθα. τόλμησον γὰρ εἰς τοὺς δικαστὰς βλέψας εἰπεῖν προσήκει ἀνδρὶ σώφρονι τὰ περὶ τὴν ἡλικίαν· "ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τέθραμμαι μὲν ἐκ παιδὸς καὶ μειρακίου παρὑμῖν, οὐκ ἀφανεῖς δὲ διατριβὰς διατρίβω, ἀλλἐν ταῖς ἐκκλησίαις μεθὑμῶν ὁρῶμαι. (122) οἶμαι δἄν, εἰ πρὸς ἄλλους τινὰς ἦν λόγος μοι περὶ τῆς αἰτίας ἧς κρίνομαι, ταῖς ὑμετέραις μαρτυρίαις ῥᾳδίως ἂν ἀπολύσασθαι τοὺς τοῦ κατηγόρου λόγους. μὴ γὰρ ὅτι, εἰ πέπρακταί μοι τι τούτων, ἀλλεἰ δοκῶ ὑμῖν παραπλησίως βεβιωκέναι ταῖς λεγομέναις ὑπὸ τούτου αἰτίαις, ἀβίωτον ἡγούμενος ἐμαυτῷ τὸν λοιπὸν βίον, παραδίδωμι τὴν εἰς ἐμαυτὸν τιμωρίαν ἐναπολογήσασθαι τῇ πόλει πρὸς τοὺς Ἕλληνας, οὐδἥκω παραιτησόμενος ὑμᾶς, ἀλλὰ καταχρήσασθέ μοι, εἰ δοκῶ τοιοῦτος εἶναι." αὕτη μέν ἐστιν, Τίμαρχε, ἀνδρὸς ἀγαθοῦ καὶ σώφρονος ἀπολογία, καὶ πεπιστευκότος τῷ βίῳ καὶ καταφρονοῦντος εἰκότως ἁπάσης βλασφημίας· δὲ πείθει σε Δημοσθένης, (123) οὐκ ἀνδρός ἐστιν ἐλευθέρου, ἀλλὰ πόρνου περὶ τῶν τόπων διαφερομένου. ἐπειδὴ δεἰς τὰς ἐπωνυμίας τῶν οἰκήσεων καταφεύγεις, κατοἴκημα τὸ πρᾶγμα ἐξετάζεσθαι ἀξιῶν ὅπου ἐκαθέζου, μέλλω λέγειν ἀκούσας εἰσαῦθις οὐ χρήσῃ τοιούτῳ λόγῳ, ἐὰν σωφρονῇς. οὐ γὰρ τὰ οἰκήματα οὐδαἱ οἰκήσεις τὰς ἐπωνυμίας τοῖς ἐνοικήσασι παρέχουσιν, ἀλλοἱ ἐνοικήσαντες τὰς τῶν ἰδίων ἐπιτηδευμάτων ἐπωνυμίας τοῖς τόποις παρασκευάζουσιν. (124) ὅπου μὲν γὰρ πολλοὶ μισθωσάμενοι μίαν οἴκησιν διελόμενοι ἔχουσι, συνοικίαν καλοῦμεν, ὅπου δεἷς ἐνοικεῖ, οἰκίαν. ἐὰν δεἰς ἓν δήπου τούτων τῶν ἐπὶ ταῖς ὁδοῖς ἐργαστηρίων ἰατρὸς εἰσοικίσηται, ἰατρεῖον καλεῖται· ἐὰν δμὲν ἐξοικίσηται, εἰς δὲ τὸ αὐτὸ τοῦτο ἐργαστήριον χαλκεὺς εἰσοικίσηται, χαλκεῖον ἐκλήθη, ἐὰν δὲ κναφεύς, κναφεῖον, ἐὰν δὲ τέκτων, τεκτονεῖον· ἐὰν δὲ πορνοβοσκὸς καὶ πόρναι, ἀπὸ τῆς ἐργασίας αὐτῆς ἐκλήθη πορνεῖον. ὥστε σὺ πολλὰ πορνεῖα τῇ τῆς πράξεως εὐχερείᾳ πεποίηκας. μὴ οὖν, ὅπου ποτὲ ἔπραττες, ἐρώτα, ἀλλὡς οὐ πεποίηκας, τοῦτο ἀπολογοῦ. (125) ἥξει δὡς ἔοικε καὶ ἕτερος λόγος τις ὑπὸ τοῦ αὐτοῦ σοφιστοῦ συγκείμενος. λέγει γὰρ ὡς οὐδέν ἐστιν ἀδικώτερον φήμης, ἀγοραῖα τεκμήρια καὶ παντελῶς ἀκόλουθα τῷ αὑτοῦ βίῳ παρεχόμενος. πρῶτον μὲν γὰρ τὴν ἐν Κολωνῷ συνοικίαν τὴν Δήμωνος καλουμένην ψευδῆ φησι τὴν ἐπωνυμίαν ἔχειν· οὐ γὰρ εἶναι Δήμωνος· ἔπειτα τὸν Ἑρμῆν τὸν Ἀνδοκίδου καλούμενον οὐκ Ἀνδοκίδου, ἀλλΑἰγῇδος φυλῆς εἶναι ἀνάθημα. (126) παραφέρει δαὑτὸν ἐν σκώμματος μέρει, ὡς ἡδὺς ὢν ἀνὴρ καὶ περὶ τὰς ἰδίας διατριβὰς γελοῖος· "εἰ μὴ καὶ ἐμὲ δεῖ," φησίν, "ὑπακούειν τοῖς ὄχλοις μὴ Δημοσθένην καλούμενον, ἀλλὰ Βάταλον, ὅτι ταύτην ἐξ ὑποκορίσματος τίτθης τὴν ἐπωνυμίαν ἔχω." εἰ δὲ Τίμαρχος ὡραῖος ἐγένετο καὶ σκώπτεται τῇ τοῦ πράγματος διαβολῇ καὶ μὴ τοῖς αὑτοῦ ἔργοις, οὐ δήπου διὰ τοῦταὐτόν φησι δεῖν συμφορᾷ περιπεσεῖν. (127) ἐγὼ δέ, Δημοσθενες, περὶ μὲν τῶν ἀναθημάτων καὶ τῶν οἰκιῶν καὶ τῶν κτημάτων καὶ πάντων ὅλως τῶν ἀφώνων πολλοὺς καὶ παντοδαποὺς καὶ οὐδέποτε τοὺς αὐτοὺς ἀκούω λόγους λεγομένους· οὐ γάρ εἰσιν ἐν αὐτοῖς οὔτε καλαὶ οὔτε αἰσχραὶ πράξεις, ἀλλ προσαψάμενος αὐτῶν καὶ παρατυχών, ὅστις ἂν , κατὰ τὸ μέγεθος τῆς αὑτοῦ δόξης λόγον παρέχει· περὶ δὲ τὸν τῶν ἀνθρώπων βίον καὶ τὰς πράξεις ἀψευδής τις ἀπὸ ταὐτομάτου πλανᾶται φήμη κατὰ τὴν πόλιν, καὶ διαγγέλλει τοῖς πολλοῖς τὰς ἰδίας πράξεις, πολλὰ δὲ καὶ μαντεύεται περὶ τῶν μελλόντων ἔσεσθαι. (128) καὶ οὕτως ἐναργές ἐστι καὶ οὐ πεπλασμένον λέγω, ὥσθεὑρήσετε καὶ τὴν πόλιν ἡμῶν καὶ τοὺς προγόνους φήμης ὡς θεοῦ μεγίστης βωμὸν ἱδρυμένους, καὶ τὸν Ὅμηρον πολλάκις ἐν τῇ Ἰλιάδι λέγοντα πρὸ τοῦ τι τῶν μελλόντων γενέσθαι· "φήμη δεἰς στρατὸν ἦλθε," καὶ πάλιν τὸν Εὐριπίδην ἀποφαινόμενον τὴν θεὸν ταύτην οὐ μόνον τοὺς ζῶντας ἐμφανίζειν δυναμένην, ὁποῖοί τινες ἂν τυγχάνωσιν ὄντες, ἀλλὰ καὶ τοὺς τετελευτηκότας, ὅταν λέγῃ, φήμη τὸν ἐσθλὸν κἀν μυχῷ δείκνυσι γῆς. (129) δἩσίοδος καὶ διαρρήδην θεὸν αὐτὴν ἀποδείκνυσι, πάνυ σαφῶς φράζων τοῖς βουλομένοις συνιέναι· λέγει γάρ, φήμη δοὔτις πάμπαν ἀπόλλυται, ἥντινα λαοὶ πολλοὶ φημίξωσι· θεός νύ τίς ἐστι καὶ αὐτή. καὶ τούτων τῶν ποιημάτων τοὺς μὲν εὐσχημόνως βεβιωκότας εὑρήσετε ἐπαινέτας ὄντας· πάντες γὰρ οἱ δημοσίᾳ[120] Voyons, Athéniens, si je vous semble répondre à cette raison d'une manière aussi honnête que simple. Je rougis, pour Athènes, que Timarque, qui se charge de conseiller le peuple, et d'aller en ambassade pour les intérêts de la Grèce, n'entreprenne pas de se laver parfaitement des infamies qu'on lui impute, mais qu'il chicane sur les lieux de son domicile, et qu'il demande si jamais les fermiers ont levé sur lui l'impôt clés prostitués. <121> Il doit, par égard pour vous, renoncer à une pareille défense. Je vais, moi, Timarque, vous en fournir une autre, qui est aussi honnête que solide et que vous emploierez, si vous n'avez à vous reprocher aucune turpitude. Regardant en face les juges, plein d'une noble assurance, tenez-leur ce langage, le plus convenable pour un homme qui s'est conduit sagement dans sa jeunesse : « Athéniens, j'ai été élevé chez vous dès l'enfance ; ma vie n'est pas obscure et secrète, vous me voyez tous les jours dans vos assemblées. <122> Si j'avais à me purger, devant d'autres, des vices pour lesquels on me cite à ce tribunal, je réfuterais sans peine, par votre témoignage, les reproches de l'accusateur. Si j'ai rien fait de ce qu'il m'impute si même je vous parais avoir tenu une conduite qui ait le moindre rapport avec ses inculpations, oui, la vie m'est insupportable, je m'abandonne à vous, et je vous promets de me punir, pour vous justifier auprès des Grecs. Je ne vous demande aucune grâce; faites de moi ce qu'il vous plaira, si vous me trouvez tel qu'on m'a dépeint. » Voilà, Timarque, la justification que doit employer un homme sage et vertueux, à qui sa vie passée donne de la confiance, et qui peut se mettre au- dessus de toute calomnie. <123> La raison que vous suggère Démosthène, est moins la défense d'un homme honnête, que la ressource d'un prostitué, qui dispute sur les lieux de son domicile. Mais, puisque vous vous défendez de la, sorte, réduisant la cause à une vaine question de mots, et voulant qu'on examine où vous avez établi votre demeure, écoutez,, en peu de paroles,, ce que je vais vous dire et je ne crois point qu'après cela vous fassiez encore usage de cette misérable apologie. Ce ne sont pas les domiciles qui donnent les noms à ceux qui les habitent ou qu'on y reçoit; ce sont ceux qui les habitent ou qu'on y reçoit, qui les font appeler de tel ou tel nom, suivant les professions qu'ils exercent, ou les usages pour lesquels ils s'y rendent. <124> Sans parler de mille autres exemples en ce genre on appelle verrerie un endroit où travaillent des ouvriers en verre; on nomme, tannerie, celui qui rassemble des ouvriers tanneurs; une taverne est appelée taverne, parce qu'on y reçoit une foule de gens qui viennent s'y enivrer ; certaines maisons se nomment brelans, parce qu'elles sont ouvertes aux joueurs qui les fréquentent; enfin un lieu de prostitution porte le nom que la pudeur et la décence ne permettent pas de prononcer, parce qu'on y loge des personnes et se prostituent. Ainsi, vous Timarque, par votre facilité à vous prostituer, vous avez pu former plusieurs lieux de prostitution. N'exigez donc pas qu'on montre où vous avez fait le mal ;mais prouvez que vous me l'avez pas fait. <125> On apportera encore, je pense, une autre raison imaginée par le même rhéteur. Il n'est rien de plus suspect que la renommée, dit Démosthène, et là-dessus, il fournit des preuves de barreau entièrement conformes à son méfier. D'abord, dit-il, la maison au bourg de Colone, appelée maison de Démon, porte un nom faux, puisqu'elle n'est pas à Démon. L'Hermès, appelé l'Hermès d'Andocide, n'est pas une offrande d'Andocide, mais de la tribu Egéide. <126> Il se cite lui-même pour faite rire; c'est en effet un homme si agréable et si plaisant dans les sociétés : à moins, ajoute-t-il, que moi-même je ne doive répondre à la popuIace, quand elle m'appelle Batalus, surnom que je dois aux caresses d'une nourrice. Si donc Timarque a été doué d'une belle figure, et si c'est pour cela seul, et non pour ses désordres, qu'il est décrié, est-ce une raison, dit-il, de le diffamer juridiquement ? <127> Voici ce que je vous réponds, Démosthène. Le public n'est pas d'accord, et les discours varient, quand il n'est question que d'êtres inanimés, de maisons, d'offrandes, de tous ces objets, en un mot, qui, n'étant pas susceptibles de vice ou de vertu, font qu'on en parle suivant que la personne qui a avec eux une relation plus ou moins prochaine, est considérable. Mais, quant à la vie des hommes, à leurs actions et leurs paroles, une renommée vraie et nullement trompeuse se répand d'elle-même dans la ville, annonce au peuple la conduite des particuliers, et même prédit l'avenir. <128> Rien de plus évident et de mieux fondé que ce que nous disons ici de la renommée : nos ancêtres lui ont érigé un autel public, comme à une grande déesse; Homère répète souvent dans l'Iliade, avant qu'il arrivé quelque événement de marque : La prompte renommée a parcouru le camp ; Euripide déclare que cette déesse fait connaître non seulement les vivants, mais encore les morts, quand il dit : La renommée ne permet pas que la vertu soit ignorée, même dans les entrailles de la terre. <129> Hésiode la représente en termes formels, comme une déesse, lorsque, s'expliquant clairement pour ceux qui veulent l'entendre, il dit, dans un de ses poèmes ; Par la voix des peuples formée, Fille du temps, la Renommée Pourrait-elle jamais périr? Elle est déesse, et ne saurait mourir. Tout homme qui a mené une vie honnête et décente, fait l'éloge de ces poèmes, parce que quiconque est jaloux de l'estime publique, attend sa gloire de la renommée ; au lieu que ceux qui ont vécu dans le désordre, n'ont garde d'honorer cette déesse qui est, pour eux une accusatrice immortelle.


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Dernière mise à jour : 20/12/2006