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[14,29] Ὅτι Λύσανδρος ἐκόμισεν ἐς Λακεδαίμονα χρήματα καὶ ἐδίδαξε τοὺς
Λακεδαιμονίους παρανομεῖν ἐς τὸ πρόσταγμα τοῦ θεοῦ τὸ κελεῦον ἄβατον εἶναι
χρυσῷ καὶ ἀργύρῳ τὴν Σπάρτην. τῶν οὖν φρονούντων τινὲς διεκώλυον, φρόνημα
ἔτι κεκτημένοι Λακωνικὸν καὶ Λυκούργου καὶ τοῦ Πυθίου ἄξιον· οἱ δὲ
προσέμενοι διεβλήθησαν, καὶ ἡ ἐξ ἀρχῆς αὐτῶν ἀρετὴ κατὰ μικρὸν ὑπέληξεν.
| [14,29] De Lysandre.
LYSANDRE introduisit l'argent dans Lacédémone, et apprit à ses concitoyens à
violer la défense du dieu qui avait ordonné que l'or et l'argent ne fussent
jamais reçus dans Sparte. Quelques gens sages, qui avaient encore l'âme vraiment
lacédémonienne et digne de Lycurgue et d'Apollon, s'y opposèrent; d'autres
favorisèrent l'entrée de ces métaux, et se déshonorèrent. Ainsi se perdit
insensiblement l'ancienne vertu de Sparte.
| [14,30] Ἄννων ὁ Καρχηδόνιος ὑπὸ τρυφῆς ἐν τοῖς ἀνθρώπων ὅροις οὐκ ἠξίου
διαμένειν, ἀλλ´ ἐπενόει φήμας ὑπὲρ ἑαυτοῦ κατασπείρεσθαι κρείττονας ἢ κατὰ
τὴν φύσιν, ἥνπερ οὖν ἔλαχεν. ὄρνιθας γάρ τοι τῶν ᾠδικῶν παμπόλλους
πριάμενος ἔτρεφεν ἐν σκότῳ αὐτούς, ἓν διδάσκων μάθημα λέγειν ’θεός ἐστιν
Ἄννων.‘ ἐπεὶ δὲ ἐκεῖνοι μίαν φωνὴν ταύτην ἀκούοντες ἐγκρατεῖς ταύτης
ἐγένοντο, ἄλλον ἄλλοσε διαφῆκεν, οἰόμενος διαρρεύσειν τῶν ὀρνίθων τὸ ὑπὲρ
ἑαυτοῦ μέλος. οἳ δὲ τὸ πτερὸν ἀπολύσαντες ἅπαξ καὶ ἐλευθερίας λαβόμενοι καὶ
ἐς ἤθη τὰ σύντροφα αὐτοῖς ἐλθόντες, τὰ οἰκεῖα ᾖδον καὶ τὰ τῶν ὀρνίθων
ἐμουσούργουν, μακρὰ χαίρειν εἰπόντες Ἄννωνι καὶ μαθήμασι τοῖς ἐν τῇ δουλείᾳ.
| [14,30] De la vanité d'Annon.
TEL était l'orgueil du Carthaginois Annon, que souffrant impatiemment de se
voir renfermé dans les bornes de la condition humaine, il forma le projet de se
faire donner par la renommée une existence plus excellente que celle qu'il
tenait de la nature. Il acheta un grand nombre d'oiseaux, de l'espèce de ceux
qu'on forme à chanter, et les nourrit dans un lieu obscur, où il leur enseignait
uniquement à répéter, Annon est un dieu. Quand les oiseaux qui n'entendaient
jamais que ces mots eurent appris à les bien prononcer, il les lâcha de
différents côtés, ne doutant pas que leur chant ne répandît partout ce
témoignage en sa faveur. Mais à peine eurent-ils pris leur volée et recouvré
leur liberté, que, retournant aux lieux où ils avaient été élevés, ils reprirent
leur ramage naturel, et ne formèrent plus que les sons propres des oiseaux,
disant pour toujours adieu à Annon, et à ce qu'ils avaient appris durant leur
esclavage.
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