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[14,25] Ἐστασίασάν ποτε πρὸς ἀλλήλους οἱ Χῖοι, ἀνδρειότατα νοσήσαντες νόσον
ταύτην βαρυτάτην. ἀνὴρ οὖν ἐν αὐτοῖς πολιτικὸς τὴν φύσιν πρὸς τοὺς
σπουδάζοντας τῶν ἑταίρων πάντας ἐκβάλλειν τοὺς ἐναντίους ’μηδαμῶς‘ ἔφη·
’ἀλλ´ ἐπεὶ κεκρατήκαμεν, ὑπολειπώμεθά τινας, ἵνα μὴ τοῦ χρόνου προϊόντος,
οὐκ ἔχοντες ἀντιπάλους, ἡμῖν αὐτοῖς ἀρξώμεθα πολεμεῖν.‘ καὶ εἰπὼν ἔπεισε· καὶ
γὰρ ἔδοξε καλῶς λέγειν, ἐπεὶ οὕτως ἔλεγεν.
| [14,25] Moyen singulier de conserver la paix dans un état.
DANS une dissension très vive qui divisait les habitants de Chio, et qui se
répandit chez eux comme une maladie dangereuse, un citoyen, vraiment homme
d'état, dit à ceux de son parti qui voulaient bannir de la ville tous leurs
adversaires : " N'en faites rien; puisque nous les avons vaincus, gardons-en
quelques-uns de peur qu'avec le temps nous ne tournions, faute d'ennemis, nos
armes contre nous-mêmes." Il les persuada; et l'on trouva qu'il avait raison.
| [14,26] Ἀρκεσίλαον τὸν ἐξ Ἀκαδημείας Ἀνταγόρας ὁ ποιητὴς ἐλοιδορεῖτο
προσφθαρεὶς αὐτῷ, καὶ ταῦτα ἐν τῇ ἀγορᾷ· ὃ δὲ σφόδρα μεγαλοφρόνως, ἔνθα
ἑώρα μάλιστα συνεστῶτας πολλούς, ἐνταῦθα ἐπορεύετο διαλεγόμενος, ἵνα ὁ
λοιδορῶν ἐν πλείοσιν ἀσχημονῇ. οἱ γοῦν ἀκούοντες ἀπεστρέφοντο καὶ μανίαν
ἐπεκάλουν τῷ Ἀνταγόρᾳ.
| [14,26] D'Antagoras et d'Arcésilas.
LE poète Antagoras accablait d'injures Arcésilas, philosophe
académicien quelque part qu'il le rencontrât, et jusque dans la place publique.
Arcésilas avait le courage de n'y pas répondre; mais dès qu'il voyait plusieurs
personnes assemblées, il s'en approchait et se mêlait à la conversation, pour
mettre Antagoras à portée de se déshonorer lui-même par ses injures devant un
plus grand nombre de témoins. En effet, ceux qui l'entendaient lui tournaient le
dos, et le traitaient de fou.
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