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[14,23] Κλεινίας ἀνὴρ ἦν σπουδαῖος τὸν τρόπον, Πυθαγόρειος δὲ τὴν σοφίαν.
οὗτος εἴ ποτε ἐς ὀργὴν προήχθη καὶ εἶχεν αἰσθητικῶς ἑαυτοῦ ἐς θυμὸν ἐξαγομένου,
παραχρῆμα πρὶν ἢ ἀνάπλεως αὐτῷ ἡ ὀργὴ καὶ ἐπίδηλος γένηται ὅπως
διάκειται, τὴν λύραν ἁρμοσάμενος ἐκιθάριζε. πρὸς δὲ τοὺς πυνθανομένους τὴν
αἰτίαν ἀπεκρίνετο ἐμμελῶς ὅτι ’πραΰνομαι.‘ δοκεῖ δέ μοι καὶ ὁ ἐν Ἰλιάδι
Ἀχιλλεύς, ὁ τῇ κιθάρᾳ προσᾴδων καὶ τὰ κλέα τῶν προτέρων διὰ τοῦ μέλους ἐς
μνήμην ἑαυτῷ ἄγων, τὴν μῆνιν κατευνάζειν· μουσικὸς γὰρ ὢν τὴν κιθάραν
πρώτην ἐκ τῶν λαφύρων ἔλαβε.
| [14,23] De l’usage que Clinias et Achille faisaient de la musique.
LORSQUE Clinias, homme d'ailleurs d'un caractère sage, et imbu des
préceptes de Pythagore, sentait en lui un mouvement de colère, avec une
disposition prochaine à s'y livrer, aussitôt, avant que l'accès fût à son
dernier période et pût éclater, il accordait sa lyre et en jouait. Si on lui en
demandait la raison : "C’est, répondait-il, pour rétablir le calme dans mon
âme." C'est aussi, à mon avis, pour calmer sa colère, qu'Achille, dans
l'Iliade, prenant sa lyre et s'accompagnant de la voix, retrace à sa mémoire les
actions glorieuses des héros qui l'ont précédé. En effet, Achille aimait
tellement la musique, que de toutes les dépouilles d'Eétion, il ne se réserva
que sa lyre.
| [14,24] Χρημάτων κατεφρόνησαν καὶ μεγαλοφροσύνην ἐπεδείξαντο ὁρῶντες ἐν
πενίᾳ τοὺς πολίτας ὄντας πλουτοῦντες αὐτοὶ ἐν μὲν Κορίνθῳ Θεοκλῆς καὶ
Θρασωνίδης ἐν δὲ Μυτιλήνῃ Πρᾶξις. καὶ οὖν καὶ ἄλλοις συνεβούλευον
ἐπικουφίσαι τῆς πενίας τὴν ἀνάγκην τοῖς ἀπορουμένοις. ἐπεὶ δὲ οὐκ ἔπειθον,
ἀλλ´ αὐτοί γε τὰ ἑαυτῶν ἀφῆκαν χρέα, καὶ ὤνηντο οὐκ ἐς ἀργύριον, ἀλλ´ ἐς
αὐτὴν τὴν ψυχήν· οἱ γὰρ μὴ ἀφεθέντες ἐπιθέμενοι τοῖς δανείσασι, προβαλόμενοι
τῆς ὀργῆς τὰ ὅπλα καὶ εὐλογωτάτην χρείαν τὴν ἄμαχον ἐκ τῶν ἐπειγόντων
ἀνάγκην ἀπέκτειναν τοὺς δανειστάς.
| [14,24] Générosité de quelques particuliers.
THÉOCLÈS, Thrasonide et Praxis vivaient dans l'opulence, les deux premiers à
Corinthe, l'autre à Mitylène. Touchés de la pauvreté de quelques-uns de leurs
concitoyens, ils donnèrent un bel exemple de générosité par le sacrifice qu'ils
leur firent de leurs richesses, et tâchèrent d'inspirer à d'autres le même
sentiment de compassion en faveur des indigents; mais ils n'en purent rien
obtenir. Pour eux, ils remirent tout ce qui leur était dû; et le prix de cette
générosité fut, non de l'argent, mais la conservation de leur propre vie : car
ceux d'entre les débiteurs qui n'avaient pas été déchargés de leurs dettes,
saisissant les armes que la fureur leur fournissait, et cédant au plus puissant
des motifs, le besoin urgent du nécessaire, se jetèrent sur leurs créanciers et
les massacrèrent.
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