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[12,57] Ἡνίκα Ἀλέξανδρος ὁ Φιλίππου ἐπὶ τὰς Θήβας ἦγε
τὴν δύναμιν, οἱ μὲν θεοὶ σημεῖα αὐτοῖς καὶ τέρατα
ἀπέστελλον, προσημαίνοντες τὰς περὶ αὐτῶν ὅσον οὐδέπω
τύχας· οἳ δὲ ὡς ᾤοντο ἐν Ἰλλυριοῖς Ἀλέξανδρον
τεθνάναι, πολλὰ καὶ βλάσφημα ἐς αὐτὸν ἀπερρίπτουν.
ἡ μὲν γὰρ ἐν Ὀγχηστῷ λίμνη φοβερὸν ἦχον
ἀνέδωκε καὶ συνεχῆ καὶ ταύρου μυκήματι ἐῴκει· ἡ
δὲ περὶ τὸν Ἰσμήνιον καὶ αὐτὰ τὰ τείχη ῥέουσα κρήνη
καλουμένη Δίρκη καθαρῷ καὶ ἡδεῖ ῥέουσα ὕδατι παρὰ
πάντα τὸν πρόσθεν χρόνον, ἄφνω καὶ παρ´ ἐλπίδα
αἵματος ἀνεπλήσθη. Μακεδόσι δὲ ἐπίστευον Θηβαῖοι
ἀπειλεῖν τὸ δαιμόνιον. ἐν δὲ τῷ κατὰ πόλιν νεῷ
τῆς Δήμητρος ἀράχνη κατὰ τοῦ προσώπου τοῦ ἀγάλματος
ἐξύφαινε τὴν ἑαυτῆς τέχνην. τὸ δὲ τῆς Ἀθηνᾶς
τῆς καλουμένης Ἀλαλκομενηίδος ἄγαλμα αὐτομάτως
κατεφλέχθη, πυρὸς μὴ προσαχθέντος, καὶ ἄλλα πολλά.
| [12,57] Prodiges qui apparurent aux Thébains, lorsque Alexandre marcha contre eux.
PENDANT qu'Alexandre marchait vers Thèbes à la tête d'une armée, les dieux
envoyèrent aux habitants des signes et des prodiges qui leur annonçaient le plus
grand malheur qu'ils eussent encore éprouvé. Du lac voisin d'Oncheste, il
sortit un bruit effrayant et continu, semblable aux mugissements d'un taureau.
Les eaux de la fontaine Dircé, qui coule autour des murailles d'Ismène,
pures et limpides jusqu'alors, furent changées tout à coup en sang, à Thèbes,
dans le temple de Cérès, on vit une araignée faire sa toile sur le visage de la
statue de la déesse; celle de Minerve appelée Alalcoménide s'embrasa
d’elle-même, sans qu'on y eût mis le feu. Il parut plusieurs autres signes de
cette espèce: mais les Thébains, qui croyaient qu'Alexandre était mort en
Illyrie, se répandaient en discours outrageants contre lui, et se
persuadaient que ces différents prodiges menaçaient les Macédoniens.
| [12,58] Διώξιππος Ὀλυμπιονίκης ἀθλητής, ὁ Ἀθηναῖος,
ἐσήλαυνεν ἐς τὰς Ἀθήνας κατὰ τὸν νόμον τῶν ἀθλητῶν.
συνέρρει τοίνυν τὰ πλήθη, καὶ ἄλλος ἀλλαχόθεν
ἐκκρεμαννύμενος ἐθεῶντο αὐτόν· ἐν δὲ τοῖς καὶ
γυνὴ κάλλει διαπρέπουσα ἀπήντησε τῇ θέᾳ. ἰδὼν δὲ
αὐτὴν ὁ Διώξιππος παραχρῆμα ἡττήθη τοῦ κάλλους,
καὶ διετέλεσεν ἀποβλέπων τὴν ἄνθρωπον καὶ ἐπιστρεφόμενος
καὶ ἐς πολλὰς τὸ πρόσωπον ἀλλάττων χρόας.
ἐκ δὴ τούτων πολλοῖς ἐγένετο κατάφωρος μὴ ἀργῶς
ἰδὼν τὴν ἄνθρωπον. μάλιστα δὲ αὐτοῦ τὸ πάθος
κατέγνω Διογένης ὁ Σινωπεύς, καὶ πρὸς τοὺς πλησίον
’ὁρᾶτε‘ εἶπε ’τὸν ἀθλητὴν ὑμῶν τὸν μέγαν ὑπὸ
παιδίσκης ἐκτραχηλιζόμενον.‘
| [12,58] De Dioxippe.
LORSQUE l'athlète Dioxippe, après avoir été proclamé vainqueur aux jeux
Olympiques, rentra dans Athènes sa patrie, monté, suivant la coutume des
athlètes couronnés, sur un char à quatre chevaux, il y eut à son entrée un
concours prodigieux : la curiosité y avait attiré des spectateurs de toute
espèce. Dioxippe aperçut dans la foule une femme d'une beauté singulière, qui
était venue, comme les autres, pour jouir du spectacle; et tout à coup il en
devint tellement épris, qu'il ne pouvait cesser de la regarder; il se retournait
en marchant, pour ne la pas perdre de vue. Aux différents changements de couleur
qu'on remarqua sur son visage, il fut aisé de juger que ce n'était ni par hasard
ni par distraction qu'il avait toujours les yeux fixés sur elle. Diogène de
Sinope, qui sentit mieux que personne ce qui se passait dans l'âme de Dioxippe,
prit un miroir d'or, fait à Corinthe, qu'on avait exposé en vente près du lieu
où il était placé, et dit à quelques-uns de ses voisins : "Regardez votre fameux
athlète; voyez comment une jeune fille lui a tordu le cou. "
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