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[12,49] Φωκίων ὁ τοῦ Φώκου πολλάκις στρατηγήσας κατεγνώσθη
θάνατον, καὶ ἦν ἐν τῷ δεσμωτηρίῳ καὶ
ἔμελλε πιεῖσθαι τὸ κώνειον. ἐπεὶ δὲ ὤρεξεν ὁ δήμιος
τὴν κύλικα, οἱ προσήκοντες ἤροντο εἴ τι λέγοι πρὸς
τὸν υἱόν. ὃ δὲ ’ἐπισκήπτω αὐτῷ μηδὲν Ἀθηναίοις
μνησικακεῖν ὑπὲρ τῆς παρ´ αὐτῶν φιλοτησίας, ἣν
νῦν πίνω.‘ ὅστις δὲ οὐκ ἐπαινεῖ καὶ ὑπερθαυμάζει
τὸν ἄνδρα, δοκεῖ μοι μέγα ὁ τοιοῦτος ἐννοεῖν οὐδέν.
| [12,49] Magnanimité de Phocion.
PHOCION, fils de Phocus, qui avait tant de fois commandé les armées athéniennes,
ayant été condamné à la mort, attendait dans la prison la ciguë qu'il devait
boire. Lorsque la coupe fatale lui fut présentée, ses amis lui demandèrent s'il
n'avait rien à faire dire à son fils : "Je lui ordonne, répondit Phocion, de ne
point conserver de ressentiment contre les Athéniens, pour le breuvage qu'ils me
présentent." Il faudrait n'avoir aucune idée de la vraie grandeur d'âme, pour ne
pas louer, pour ne pas admirer un tel homme.
| [12,50] Λακεδαιμόνιοι μουσικῆς ἀπείρως εἶχον· ἔμελε γὰρ
αὐτοῖς γυμνασίων καὶ ὅπλων. εἰ δέ ποτε ἐδεήθησαν
τῆς ἐκ Μουσῶν ἐπικουρίας ἢ νοσήσαντες ἢ παραφρονήσαντες
ἢ ἄλλο τι τοιοῦτον δημοσίᾳ παθόντες, μετεπέμποντο
ξένους ἄνδρας οἷον ἰατροὺς ἢ καθαρτὰς
κατὰ πυθόχρηστον. μετεπέμψαντό γε μὴν Τέρπανδρον
καὶ Θάλητα καὶ Τυρταῖον καὶ τὸν Κυδωνιάτην
Νυμφαῖον καὶ Ἀλκμᾶνα. καὶ Θουκυδίδης δὲ ὁμολογεῖ
ὅτι μὴ ἐσπουδασμένως περὶ παιδείαν εἶχον, ἐν οἷς
λέγει περὶ Βρασίδου. λέγει γοῦν ὅτι ἦν οὐ δὲ ἀδύνατος
εἰπεῖν, ὡς Λακεδαιμόνιος.
| [12,50] Du peu de cas que les Lacédémoniens faisaient des lettres.
LES Lacédémoniens n'avaient nulle teinture des lettres; ils s'appliquaient
uniquement à la gymnastique et à l'art de la guerre. S'ils avaient besoin du
secours des Muses, comme dans les cas de maladie, de frénésie, ou de quelque
autre mal épidémique, ou bien si l'oracle d'Apollon leur ordonnait d'y recourir,
ils appelaient des étrangers pour les délivrer de ces maux. C'est ainsi qu'ils
attirèrent chez eux Terpandre, Thalétas, Tyrtée, Nymphée de
Cydonie, et le joueur de flûte Alcman. Le mot de Thucydide, en
parlant de Brasidas, atteste l'ignorance des Lacédémoniens. "Brasidas,
dit-il, n'avait pas le talent de la parole; aussi était-il Lacédémonien."
C'était dire "aussi était-ce un ignorant."
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