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[10,17] Λέγει Κριτίας Θεμιστοκλέα τὸν Νεοκλέους πρὶν
ἢ ἄρξασθαι πολιτεύεσθαι, τρία τάλαντα ἔχειν τὴν
οὐσίαν τὴν πατρῴαν· ἐπεὶ δὲ τῶν κοινῶν προέστη
εἶτα ἔφυγε, καὶ ἐδημεύθη αὐτοῦ ἡ οὐσία, κατεφωράθη
ἑκατὸν ταλάντων πλείω οὐσίαν ἔχων. ὁμοίως δὲ καὶ
Κλέωνα πρὸ τοῦ παρελθεῖν ἐπὶ τὰ κοινὰ μηδὲν τῶν
οἰκείων ἐλεύθερον εἶναι· μετὰ δὲ πεντήκοντα ταλάντων
τὸν οἶκον ἀπέλιπε.
| [10,17] Exemples d'hommes célèbres qui se sont enrichis aux dépens du public.
SI l'on s'en rapporte à Critias, le patrimoine de Thémistocle, fils de Néoclès,
quand il commença d'avoir part à l'administration de la république, ne montait
qu'à trois talents ; mais, lorsque après avoir été à la tête des affaires,
il fut envoyé en exil, et que ses biens furent confisqués, il se trouva riche de
plus de cent.
Critias en dit autant de Cléon. Lorsque Cléon entra dans le maniement des
affaires publiques, il était accablé de dettes : cependant il laissa une fortune
de cinquante talents.
| [10,18] Δάφνιν τὸν βουκόλον λέγουσιν οἳ μὲν ἐρώμενον
Ἑρμοῦ, ἄλλοι δὲ υἱόν· τὸ δὲ ὄνομα ἐκ τοῦ συμβάντος
σχεῖν. γενέσθαι μὲν αὐτὸν ἐκ Νύμφης, τεχθέντα δὲ
ἐκτεθῆναι ἐν δάφνῃ. τὰς δ´ ὑπ´ αὐτοῦ βουκολουμένας
βοῦς φασιν ἀδελφὰς γεγονέναι τῶν Ἡλίου, ὧν Ὅμηρος
ἐν Ὀδυσσείᾳ μέμνηται. βουκολῶν δὲ κατὰ τὴν
Σικελίαν ὁ Δάφνις, ἠράσθη αὐτοῦ νύμφη μία, καὶ
ὡμίλησε καλῷ ὄντι καὶ νέῳ καὶ πρῶτον ὑπηνήτῃ,
ἔνθα τοῦ χρόνου ἡ χαριεστάτη ἐστὶν ἥβη τῶν καλῶν
μειρακίων, ὥς πού φησι καὶ Ὅμηρος. συνθήκας δὲ
ἐποίησε μηδεμιᾷ ἄλλῃ πλησιάσαι αὐτόν, καὶ ἐπηπείλησεν
ὅτι πεπρωμένον ἐστὶν αὐτὸν στερηθῆναι τῆς
ὄψεως, ἐὰν παραβῇ· καὶ εἶχον ὑπὲρ τούτων ῥήτραν
πρὸς ἀλλήλους. χρόνῳ δὲ ὕστερον βασιλέως θυγατρὸς
ἐρασθείσης αὐτοῦ οἰνωθεὶς ἔλυσε τὴν ὁμολογίαν,
καὶ ἐπλησίασε τῇ κόρῃ. ἐκ δὲ τούτου τὰ βουκολικὰ
μέλη πρῶτον ᾔσθη, καὶ εἶχεν ὑπόθεσιν τὸ πάθος τὸ
κατὰ τοὺς ὀφθαλμοὺς αὐτοῦ. καὶ Στησίχορόν γε
τὸν Ἱμεραῖον τῆς τοιαύτης μελοποιίας ὑπάρξασθαι.
| [10,18] Du berger Daphnis, et de l'origine des poèmes bucoliques.
LE berger Daphnis était, suivant les uns, favori de Mercure ; selon d'autres, il
était son fils. On lui donna le nom de Daphnis, parce que la nymphe sa mère
l'exposa, aussitôt après sa naissance, dans un bocage planté de lauriers.
On prétend que les génisses confiées à sa garde étaient sœurs des bœufs du
soleil, dont parle Homère dans l'Odyssée. Quoi qu'il en soit, comme Daphnis
les faisait paître dans la Sicile, une nymphe conçut pour lui l'amour le plus
vif, et ne tarda pas à lui en donner la dernière preuve. Daphnis était jeune et
beau ; ses joues commençaient à peine à se couvrir d'un léger duvet, caractère
de cet âge où, comme dit Homère en quelque autre endroit, l'éclat de la
jeunesse ajoute à la beauté. Le berger promit d'être fidèle, et de regarder à
jamais toute autre femme avec indifférence. De son côté, la nymphe l'avertit
qu'il était arrêté par les destins que la perte de la vue serait la punition de
son manque de foi. Des serments mutuels scellèrent leur engagement. Peu de temps
s'était écoulé, lorsque la fille d'un roi, devenue amoureuse de Daphnis, parvint
à le rendre infidèle, en l'enivrant. De là sont nés les poèmes bucoliques,
dans lesquels on chantait la perte des yeux de Daphnis : Stésichore d'Himère
passe pour en avoir été l'inventeur.
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