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[10,15] Τὰς Ἀριστείδου θυγατέρας ἔτι αὐτοῦ περιόντος
ἐμνηστεύοντο οἱ τῶν Ἑλλήνων δοκοῦντες διαφέρειν.
ἔβλεπον δὲ ἄρα οὐκ ἐς τὸν βίον Ἀριστείδου, οὐδὲ
ἐθαύμαζον αὐτοῦ τὴν δικαιοσύνην, ἐπεὶ τούτων γε εἰ
ἦσαν ζηλωταί, κἂν μετὰ ταῦτα ἐπέμειναν τῇ μνηστείᾳ.
νῦν δὲ ὃ μὲν ἀπέθανεν, οἳ δὲ οὐδὲν ἡγήσαντο εἶναι
πρᾶγμα κοινὸν πρὸς τὰς κόρας· ἀποθανὼν γὰρ
ἐγνώσθη ὁ παῖς Λυσιμάχου ὅτι πένης ἦν. ὅπερ καὶ
ἀνέστειλεν ἐκείνους τοὺς κακοδαίμονας ἐνδόξου τε
ἅμα καὶ σεμνοτάτου γάμου, παρ´ ἐμοὶ κριτῇ. παραπλήσιον
δὲ καὶ ἐπὶ Λυσάνδρου· μαθόντες γὰρ αὐτὸν
εἶναι πένητα, τὸν γάμον ἀπέδρασαν.
| [10,15] Pauvreté d'Aristide et de Lysandre.
PENDANT la vie d'Aristide, ses filles furent recherchées en mariage par les
citoyens les plus distingués. Ce n'était pas, sans doute, en considération de la
sagesse du père, ni par un sentiment d'admiration pour son équité : s'ils
eussent connu le prix de ces vertus, ils auraient persisté dans leur recherche.
Mais aussitôt après la mort d'Aristide, ils s'en désistèrent. On avait découvert
qu'Aristide mourait pauvre : c'en était assez pour détourner ces âmes viles
d'une alliance qui, à mon avis, leur eût fait beaucoup d'honneur.
On raconte la même chose de Lysandre : ceux qui s'étaient proposés pour
devenir ses gendres, ayant su qu'il était pauvre, renoncèrent au projet
d'épouser sa fille.
| [10,16] Ἐπεὶ ὁ Ἀντισθένης πολλοὺς προύτρεπεν ἐπὶ φιλοσοφίαν,
οἳ δὲ οὐδὲν αὐτῷ προσεῖχον, τέλος ἀγανακτήσας
οὐδένα προσίετο. καὶ Διογένην οὖν ἤλαυνεν ἀπὸ
τῆς συνουσίας αὑτοῦ. ἐπεὶ δὲ ἦν λιπαρέστερος ὁ
Διογένης καὶ ἐνέκειτο, ἐνταῦθα ἤδη καὶ τῇ βακτηρίᾳ
καθίξεσθαι αὐτοῦ ἠπείλει· καί ποτε καὶ ἔπαισε κατὰ
τῆς κεφαλῆς. ὃ δὲ οὐκ ἀπηλλάττετο, ἀλλ´ ἔτι μᾶλλον
ἐνέκειτο φιλοπόνως, ἀκούειν αὐτοῦ διψῶν, καὶ ἔλεγε
’σὺ μὲν παῖε, εἰ βούλει, ἐγὼ δὲ ὑποθήσω τὴν κεφαλήν·
καὶ οὐκ ἂν οὕτως ἐξεύροις βακτηρίαν σκληράν,
ὥστε με ἀπελάσαι τῶν διατριβῶν τῶν σῶν.‘ ὃ δὲ
ὑπερησπάσατο αὐτόν.
| [10,16] D'Antisthène et de Diogène.
ANTISTHÈNE, indigné de ce qu'aucun de ceux qu'il avait exhortés à cultiver
l'étude de la philosophie, ne venait l'entendre, renvoya tous ses disciples et
ferma son école. Il ne voulut pas même y recevoir Diogène. Mais voyant que
Diogène n'en était que plus assidu et plus empressé, il le menaça de le chasser
à coups de bâton ; un jour même, il le frappa effectivement à la tête. Cependant
Diogène, bien loin de se retirer, n'en montra que plus d'opiniâtreté à rester
auprès de son maître ; tant il avait à cœur de profiter de ses leçons :
"Frappez, lui dit-il, si cela vous plaît ; je vous offre ma tête ; vous ne
trouverez jamais de bâton assez dur pour m'écarter du lieu où vous dissertez."
Depuis ce temps, Antisthène fut son ami.
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