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[9,37] Ἀνάξαρχος ὁ ἐπικληθεὶς Εὐδαιμονικὸς κατεγέλα
Ἀλεξάνδρου ἑαυτὸν ἐκθεοῦντος. ἐπεὶ δὲ ἐνόσησέ
ποτε Ἀλέξανδρος, εἶτα προσέταξεν αὐτῷ ὁ ἰατρὸς ῥόφημα
σκευασθῆναι, γελάσας ὁ Ἀνάξαρχος ’τοῦ μέντοι
θεοῦ ἡμῶν‘ εἶπεν ’ἐν τρυβλίῳ αἱ ἐλπίδες κεῖνται.‘
| [9,37] Plaisanterie d'Anaxarque au sujet d'Alexandre.
ANAXARQUE, surnommé l'eudémonique, se moquait de la vanité d'Alexandre qui
voulait s'ériger en dieu. Un jour, entre autres, que ce prince était malade, et
que son médecin lui avait ordonné une potion : "Tout l'espoir de notre dieu, dit
Anaxarque en riant, consiste donc dans l'effet de ce breuvage."
| [9,38] Ὁ μὲν Ἀλέξανδρος ἐς τὴν Ἴλιον ἦλθεν. ἀνασκοποῦντι
δὲ αὐτῷ φιλοπόνως τῶν τις Τρώων προσελθὼν τὴν λύραν
ἐδείκνυεν Ἀλεξάνδρου. ὃ δὲ ἔφη
’προτιμησαίμην ἂν μᾶλλον ἰδεῖν τὴν Ἀχιλλέως.‘ ὑπέρευγε
τοῦτο Ἀλέξανδρος· ἐπόθει γὰρ κτῆμα ἀγαθοῦ
στρατιώτου, ᾧ συνῇδεν ἐκεῖνος τὰ τῶν ἀγαθῶν ἀνδρῶν
κλέα. τοῦ δὲ Πάριδος τί ἄρα ᾖσεν ἡ λύρα, εἰ
μὴ μέλη μοιχικὰ καὶ οἷα αἱρεῖν γυναῖκας καὶ θέλγειν;
| [9,38] De la lyre de Pâris.
COMME Alexandre, se trouvant à Troie, examinait avec la plus grande curiosité
tous les objets qui s'offraient à sa vue, un Troyen vint lui montrer la lyre de
Pâris : "J'aimerais mieux, lui dit ce prince, voir celle d'Achille. " Il
désirait avec raison de voir l'instrument sur lequel ce guerrier fameux avait
chanté les grands hommes. Pour la lyre de Pâris, quels sons fit-elle jamais
entendre ? des sons assortis à ses amours adultères, et qui n'étaient propres
qu'à flatter et à séduire des femmes.
| [9,39] Πῶς δὲ οὐκ ἂν φαίη τις γελοίους ἅμα καὶ παραδόξους
τούσδε τοὺς ἔρωτας; τὸν μὲν Ξέρξου, ὅτι πλατάνου ἠράσθη.
νεανίσκος δὲ Ἀθήνησι τῶν εὖ γεγονότων πρὸς τῷ πρυτανείῳ
ἀνδριάντος ἑστῶτος τῆς
Ἀγαθῆς Τύχης θερμότατα ἠράσθη. κατεφίλει γοῦν
τὸν ἀνδριάντα περιβάλλων, εἶτα ἐκμανεὶς καὶ οἰστρηθεὶς
ὑπὸ τοῦ πόθου, παρελθὼν ἐς τὴν βουλὴν καὶ
λιτανεύσας ἕτοιμος ἦν πλείστων χρημάτων τὸ ἄγαλμα
πρίασθαι. ἐπεὶ δὲ οὐκ ἔπειθεν, ἀναδήσας πολλαῖς
ταινίαις καὶ στεφανώσας τὸ ἄγαλμα καὶ θύσας καὶ
κόσμον αὐτῷ περιβαλὼν πολυτελῆ εἶτα ἑαυτὸν ἀπέκτεινε,
μυρία προκλαύσας. Γλαύκης δὲ τῆς κιθαρῳδοῦ οἳ μέν φασιν
ἐρασθῆναι κύνα, οἳ δὲ κριόν, οἳ δὲ χῆνα.
καὶ ἐν Σόλοις δὲ τῆς Κιλικίας παιδὸς Ξενοφῶντος
ἠράσθη κύων, ἄλλου δὲ ὡραίου μειρακίου ἐν Σπάρτῃ κολοιός.
| [9,39] Passions insensées.
EST-IL quelqu'un qui puisse ne pas convenir que les amours dont je vais parler
étaient aussi ridicules qu'incroyables ? Xerxès aimait follement un platane.
Un jeune Athénien, d'une des familles les plus distinguées de la ville,
devint passionnément amoureux d'une statue de la Bonne Fortune qui était dans le
prytanée : après l'avoir caressée et serrée dans ses bras, furieux, éperdu, il
alla trouver les prytanes, et les conjura de lui vendre la statue, pour laquelle
il était prêt à donner une somme considérable. N'ayant pu l’obtenir, il la
ceignit de bandelettes, lui mit une couronne sur la tête, la revêtit d'ornements
précieux, offrit des sacrifices, puis se donna la mort, en versant un torrent de larmes.
La joueuse de lyre Glanée fut aimée, suivant les uns, par un chien; suivant
d'autres, par un bélier, ou par une oie. Un chien se passionna pour un enfant
nommé Xénophon, de Soles, ville de Cilicie. On parle d'un geai qui devint
amoureux d'un enfant de Sparte parfaitement beau.
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