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[9,28] Ἐπῄνει Σπαρτιάτης τὸ ἔπος Ἡσιόδου τὸ λέγον
οὐδ´ ἂν βοῦς ἀπόλοιτ´, εἰ μὴ γείτων κακὸς εἴη,
ἀκούοντος Διογένους· ὃ δὲ εἶπε ‘καὶ μὴν Μεσσήνιοι
καὶ οἱ βόες αὐτῶν ἀπολώλασι, καὶ ὑμεῖς αὐτῶν ἐστε
οἱ γείτονες.
| [9,28] Mot de Diogène.
UN Spartiate citait avec éloge ce vers d'Hésiode : Un boeuf ne mourrait pas, si
on n'avait pas un mauvais voisin. Diogène, qui l’entendit, lui fit cette
réponse : "Cependant les Messéniens ont péri avec leurs boeufs et vous êtes
leurs voisins."
| [9,29] Τῆς νυκτὸς ἤδη προηκούσης ἐπάνεισί ποτε ἀπὸ
δείπνου Σωκράτης. νεανίσκοι γοῦν ἀκόλαστοι προμαθόντες
ἐνελόχησαν ἐπανιόντα, δᾷδας ἔχοντες ἡμμένας καὶ
Ἐριννύων πρόσωπα. ἔθος δὲ ἦν αὐτοῖς καὶ
ἄλλοις προσπαίζειν διὰ τὴν σχολὴν τὴν ἐπὶ τὰ χείρω.
οὓς ἰδὼν ὁ Σωκράτης οὐ διεταράχθη, ἀλλ´ ἐπιστὰς
ἠρώτα οἷα καὶ τοὺς ἄλλους ἢ ἐν Λυκείῳ ἢ ἐν Ἀκαδημείᾳ.
Ἑορτῆς οὔσης παρὰ τοῖς Ἀθηναίοις ἐφιλοτιμήσατο
Ἀλκιβιάδης δῶρα πολλὰ πέμψαι τῷ Σωκράτει. τῆς
οὖν Ξανθίππης καταπλαγείσης καὶ τὸν Σωκράτην λαβεῖν
αὐτὰ ἀξιούσης, ὃ δὲ ἔφη ’ἀλλὰ καὶ ἡμεῖς τῇ φιλοτιμίᾳ τῇ τοῦ
Ἀλκιβιάδου παραταξώμεθα μὴ λαβεῖν
τὰ πεμφθέντα ἀντιφιλοτιμησάμενοι.‘ ἐπεὶ δέ τις ἔφη
πρὸς αὐτὸν ὅτι μέγα ἐστὶν ὧν ἐπιθυμεῖ τις τούτων
τυχεῖν, ὃ δὲ ’ἀλλὰ μεῖζόν ἐστι τὸ μηδὲ ἐπιθυμεῖν τὴν ἀρχήν.‘
| [9,29] Socrate, au-dessus de la crainte et de l'intérêt.
SOCRATE retournait chez lui après souper, assez avant dans la nuit. De jeunes
libertins l'ayant su, se placèrent en embuscade sur son chemin, avec des
flambeaux allumés et des masques de Furies. Ils étaient dans l'usage, eux et
leurs semblables, d'abuser de leur loisir pour jouer de mauvais tours aux
passants. Socrate les vit sans en être troublé : il s'arrêta, et se mit à leur
faire des questions, telles qu'il en faisait ordinairement aux jeunes gens qui
venaient l'écouter dans le Lycée ou dans l'Académie.
Alcibiade envoya un jour des présents considérables à Socrate, aux yeux de qui
il était jaloux d'étaler sa magnificence. Xanthippe vit les présents avec
complaisance; et comme elle témoignait un grand désir de les accepter :
"Non, lui dit Socrate; disputons plutôt de générosité avec Alcibiade, en nous
obstinant à refuser ses dons. " Quelqu'un lui disant, qu'on est heureux
d'obtenir le qu'on désire : - "On est encore plus heureux, repartit Socrate, de
ne rien désirer. "
| [9,30] Ἀνάξαρχος ὅτε σὺν Ἀλεξάνδρῳ ἐστρατεύετο, χειμῶνος
ἐπιγενομένου προμαθὼν ὅτι μέλλει ὁ Ἀλέξανδρος ἐν ἀξύλῳ
ποιεῖσθαι χωρίῳ τὴν στρατοπεδείαν,
ὅσα εἶχε σκεύη, ταῦτα ἐκρίψας, τοῖς σκευοφόροις ἐπέθηκε
ξύλα. ἐπεὶ δὲ ἐς τὸν σταθμὸν ἀφίκοντο, καὶ
ἐνέδει ξύλων, Ἀλεξάνδρου μὲν αἱ κλῖναι κατεκάοντο,
ἵνα ἑαυτὸν ἀλεᾶναι δυνηθῇ· ἐπεὶ δέ τις παρὰ Ἀναξάρχῳ πῦρ
εἶναι ἤγγειλεν, ἀφίκετο παρ´ αὐτὸν καὶ
ἠλείψατο ἐν τῇ σκηνῇ τοῦ Ἀναξάρχου. καὶ πυθόμενος
τὴν προμήθειαν ὑπερεπῄνεσε, καὶ ὧν ἐξέρριψε διπλάσιον
ἔδωκεν ὑπὲρ τῆς τοῦ πυρὸς χρείας.
| [9,30] Prévoyance d'Anaxarque.
ANAXARQUE, qui accompagnait Alexandre dans ses expéditions, prévoyant aux
approches de l'hiver, que le prince irait établir son camp dans un lieu où il
n'y avait point de bois, laissa tous ses bagages dans celui qu'on devait
quitter, et fit charger de bois ses chariots. Lorsque l'armée fut arrivée au
nouveau camp, la disette de bois se trouva telle, qu'on fut obligé de brûler les
lits d'Alexandre pour lui faire du feu : mais le prince ayant su qu'il y en
avait chez Anaxarque, il alla le trouver, et se fit oindre dans sa tente. Il
apprit alors quelle précaution Anaxarque avait prise pour ne pas manquer de bois :
il loua beaucoup sa prévoyance, et lui paya son feu avec usure, en lui donnant
le double de ce qu'il avait perdu en vêtements et en différents effets.
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