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[8,0] LIVRE HUITIÈME.
| [8,0] LIVRE HUITIÈME.
| [8,1] Ἔλεγε δήπου Σωκράτης περὶ τοῦ δαιμονίου τοῦ
συνόντος αὐτῷ πρὸς Θεάγην καὶ Δημόδοκον καὶ πρὸς
ἄλλους πολλούς. φωνὴν πολλάκις ἔφασκε θείᾳ πομπῇ
συγκεκληρωμένην αὐτῷ, ’ἥπερ ὅταν γένηται, ἀεί μοι‘
φησὶ ’σημαίνει ὃ μέλλω πράττειν τούτου ἀποτροπήν,
προτρέπει δὲ οὐδέποτε. καὶ αὖ πάλιν ἐάν τίς μοι‘
φησὶ ’τῶν φίλων ἀνακοινῶται ὑπέρ του, καὶ ἐπιγένηται
ἡ φωνὴ ἐκείνη, πάλιν ἀποτρέπει. καὶ ἐμοὶ μὲν
αὕτη συμβουλεύει τοῦτο, ἐγὼ δὲ τῷ συμβουλευομένῳ
μοι· καὶ οὐκ ἐῶ πράττειν, ἑπόμενος τῇ θείᾳ προρρήσει.‘
παρείχετο δὲ μάρτυρα Χαρμίδην τὸν Γλαύκωνος·
ἀνεκοινώσατο γὰρ αὐτῷ ὅτι μέλλοι ἀσκήσειν στάδιον
ἐς Νεμέαν, καὶ εὐθὺς ὑπαρχομένου λέγειν ἡ φωνὴ
ἐπεγένετο. καὶ ὁ Σωκράτης τὸν Χαρμίδην διεκώλυεν
ἔχεσθαι ὧν εἴχετο, ὃ δ´ οὐκ ἐπείσθη· οὐ μὴν ἐς δέον
ἀπήντησεν αὐτῷ ἡ σπουδή.
| [8,1] Du démon de Socrate.
SOCRATE parlant un jour avec Théagès, Démodocus, et plusieurs autres, du démon
qui l'accompagnait toujours : "Ce démon, leur dit-il, est une voix divine, que
souvent le destin me fait entendre; lorsqu'elle frappe mes oreilles, c'est
toujours pour m'empêcher d'agir sans jamais me porter à agir. De même, s'il
arrive que je l'entende, quand quelqu'un de mes amis vient me communiquer un
projet, j'en conclus que le dieu n'approuve pas le dessein dont il est question.
Je prends pour moi le conseil; j'en fais part à celui qui me consulte; et,
docile à la voix divine, je détourne mon ami de ce qu'il voulait faire. Je puis,
ajouta-t-il, vous citer pour témoin de ce que je dis, Charmide, fils de Glaucon.
II vint un jour me demander s'il devait aller disputer le prix aux jeux
Néméens. A peine eut-il commencé à me parler, que j'entendis la voix. Je
tâchai de le dissuader de son projet, et ne lui en cachai point la raison; mais
Charmide ne me crut pas, et son entêtement lui réussit mal."
| [8,2] Ἵππαρχος ὁ Πεισιστράτου παῖς πρεσβύτατος ὢν
τῶν Πεισιστράτου καὶ σοφώτατος ἦν Ἀθηναίων.
οὗτος καὶ τὰ Ὁμήρου ἔπη πρῶτος ἐκόμισεν ἐς τὰς
Ἀθήνας, καὶ ἠνάγκασε τοὺς ῥαψῳδοὺς τοῖς Παναθηναίοις
αὐτὰ ᾄδειν. καὶ ἐπ´ Ἀνακρέοντα δὲ τὸν Τήιον
πεντηκόντορον ἔστειλεν, ἵνα αὐτὸν πορεύσῃ ὡς αὑτόν.
Σιμωνίδην δὲ τὸν Κεῖον διὰ σπουδῆς ἄγων ἀεὶ περὶ
αὑτὸν εἶχε, μεγάλοις δώροις ὡς τὸ εἰκὸς πείθων καὶ
μισθοῖς· καὶ γὰρ ὡς ἦν φιλοχρήματος ὁ Σιμωνίδης,
οὐδεὶς ἀντιφήσει. ἔργον δὲ ἦν ἄρα τούτῳ τῷ Ἱππάρχῳ
ἡ περὶ τοὺς πεπαιδευμένους σπουδή. καὶ
ἐβούλετο ὑπὸ προσχήματι τῷ ἑαυτοῦ Ἀθηναίους παιδεύεσθαι,
καὶ βελτιόνων αὐτῶν ὄντων ἄρχειν ἔσπευδεν·
οὐκ ᾤετο γὰρ δεῖν οὐδενὶ φθονεῖν σοφίας, ἅτε
ὢν καλὸς καὶ ἀγαθός. λέγει δὲ Πλάτων ταῦτα, εἰ δὴ
ὁ Ἵππαρχος Πλάτωνός ἐστι τῷ ὄντι.
| [8,2] D'Hipparque, fils de Pisistrate, et de son amour pour les lettres.
HIPPARQUE, l'aîné des fils de Pisistrate, était le plus savant de tous les
Athéniens. C'est lui qui le premier apporta dans Athènes les poèmes d’Homère,
et qui obligea les rhapsodes à les chanter aux Panathénées.
Hipparque, pour attirer à sa cour Anacréon de Téos lui envoya un vaisseau à
cinquante rames. Il accueillit Simonide de Céos avec tant d'empressement qu'il
le fixa auprès de lui : ce ne fut sans doute, qu'à force de présents et de
gratifications; car on ne peut nier que Simonide n'aimât l'argent.
Hipparque se faisait un point capital de traiter les savants avec toutes sortes
d'égards : il voulait, par son exemple, inspirer le goût de la science aux
Athéniens, et songeait par dessus tout à rendre meilleur le peuple qu'il
gouvernait. Par principe de justice et de bonté, il pensait qu'on ne devait pas
envier aux autres les moyens de perfectionner leur raison. C'est de Platon que
nous tenons cela, si toutefois le dialogue intitulé Hipparque est de lui.
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