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[5,4] Ὅτι ἀναθῆλαι λόγος ἐστὶ Δήλιος φυτὰ ἐν Δήλῳ
ἐλαίαν καὶ φοίνικα, ὧν ἁψαμένην τὴν Λητὼ εὐθὺς
ἀποκυῆσαι, τέως οὐ δυναμένην τοῦτο δρᾶσαι.
| [5,4] De l'olivier et du palmier de Délos.
C'EST une tradition dans l'île de Délos, qu'un olivier et un palmier y sortirent
de terre, dans le moment où Latone, ressentant les douleurs de l'accouchement,
ne pouvait parvenir à se délivrer; et qu'aussitôt qu'elle eut touché ces arbres,
elle mit au monde les deux enfants qu'elle portait dans son sein.
| [5,5] Ἐπαμεινώνδας ἕνα εἶχε τρίβωνα, καὶ αὐτὸν ῥυπῶντα·
εἴ ποτε δὲ αὐτὸν ἔδωκεν ἐς γναφεῖον, αὐτὸς
ὑπέμενεν οἴκοι δι´ ἀπορίαν ἑτέρου. ἐν δὴ τούτῳ τῆς
περιουσίας ὤν, τοῦ Περσῶν βασιλέως πέμψαντος
αὐτῷ πολὺ χρυσίον, οὐ προσήκατο· καὶ εἴ τι ἐγὼ
νοῶ, μεγαλοφρονέστερος ἦν τοῦ διδόντος ὁ μὴ λαβών.
| [5,5] De la pauvreté d'Épaminondas.
ÉPAMINONDAS n'avait qu'un manteau fort grossier, qu'il portait toujours, quoique
sale : quand, par hasard, il le donnait au foulon, il était obligé de rester
chez lui, faute d'en avoir un second. Dans cet état d'opulence, il refusa
néanmoins une grosse somme, que lui envoya le roi de Perse. Si je m'y
connais bien, celui qui ne voulut pas recevoir le présent montrait encore plus
de grandeur d'âme que celui qui l'offrit.
| [5,6] Ἄξιον δὲ καὶ τὸ Καλανοῦ τοῦ Ἰνδοῦ τέλος ἐπαινέσαι·
ἄλλος δ´ ἂν εἶπεν ὅτι καὶ ἀγασθῆναι. ἐγένετο
δὲ τοιοῦτον. Καλανὸς ὁ Ἰνδῶν σοφιστὴς μακρὰ χαίρειν
φράσας Ἀλεξάνδρῳ καὶ Μακεδόσι καὶ τῷ βίῳ,
ὅτε ἐβουλήθη ἀπολῦσαι αὑτὸν ἐκ τῶν τοῦ σώματος
δεσμῶν, ἐνένηστο μὲν ἡ πυρὰ ἐν τῷ καλλίστῳ προαστείῳ
τῆς Βαβυλῶνος, καὶ ἦν τὰ ξύλα αὖα καὶ πρὸς
εὐωδίαν εὖ μάλα ἐπίλεκτα κέδρου καὶ θύου καὶ κυπαρίττου
καὶ μυρσίνης καὶ δάφνης· αὐτὸς δὲ γυμνασάμενος
γυμνάσιον τὸ εἰωθός (ἦν δὲ αὐτὸ δρόμος),
ἀνελθὼν ἐπὶ μέσης τῆς πυρᾶς ἔστη ἐστεφανωμένος
καλάμου κόμῃ. καὶ ὁ μὲν ἥλιος αὐτὸν προσέβαλλεν,
ὃ δὲ αὐτὸν προσεκύνει, καὶ τοῦτο ἦν τὸ σύνθημα
ἐς τὸ ἐξάπτειν τὴν πυρὰν τοῖς Μακεδόσι. καὶ τὸ
μὲν δέδρατο, ὃ δὲ περιληφθεὶς ὑπὸ τῆς φλογὸς ἀτρέπτως
εἱστήκει, καὶ οὐ πρότερον ἀνετράπη πρὶν ἢ
διελύθη. ἐνταῦθά φασιν ἐκπλαγῆναι καὶ τὸν Ἀλέξανδρον
καὶ εἰπεῖν ὅτι μείζονας ἀντιπάλους αὐτοῦ
Καλανὸς κατηγωνίσατο. ὃ μὲν γὰρ πρὸς Πῶρον καὶ
Ταξίλην καὶ Δαρεῖον διήθλησεν, ὁ δὲ Καλανὸς πρὸς
τὸν πόνον καὶ τὸν θάνατον.
| [5,6] De la mort volontaire du sophiste Calanus.
LE dernier acte de la vie de Calanus est certainement digne d'éloge; un
autre dirait d'admiration. Voici le fait. Calanus, philosophe indien, ayant
résolu de se délivrer des liens du corps, et ayant dit le dernier adieu à Alexandre,
aux Macédoniens, à la vie; on dressa, dans le plus beau faubourg de
Babylone un bûcher de bois secs et odoriférants, cèdre, thuya, cyprès, myrte,
laurier. Après avoir fait son exercice ordinaire qui consistait à parcourir un
certain espace à la course il monta sur le bûcher, couronné de roseaux, et se
plaça dans le centre; puis adora le soleil, dont les rayons tombaient alors sur
lui : c'était le signal auquel les Macédoniens devaient allumer le bûcher. On y
mit le feu. Calanus, au milieu des flammes, dont il fut bientôt enveloppé, resta
ferme sur ses pieds, et ne tomba que réduit en cendres. On rapporte
qu'Alexandre, à la vue de ce spectacle, s'écria dans l'excès de son admiration :
"Calanus a triomphé d'ennemis plus redoutables que les miens". En effet, si
Alexandre eut à combattre Darius, Porus et Taxile, Calanus combattit la
douleur et la mort.
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