|
[4,13] Ἐπίκουρος ὁ Γαργήττιος ἐκεκράγει λέγων ’ᾧ ὀλίγον
οὐχ ἱκανόν, ἀλλὰ τούτῳ γε οὐδὲν ἱκανόν.‘ ἔλεγε
δὲ ἑτοίμως ἔχειν καὶ τῷ Διὶ ὑπὲρ εὐδαιμονίας διαγωνίζεσθαι,
μάζαν ἔχων καὶ ὕδωρ. ταῦτα μὲν οὖν ἐννοῶν
ὁ Ἐπίκουρος τί βουλόμενος ἐπῄνει τὴν ἡδονήν,
εἰσόμεθα ἄλλοτε.
| [4,13] Sentiment d'Épicure sur le bonheur.
ÉPICURE de Gargette disait : « Celui qui ne sait pas se contenter de peu,
n'en a jamais assez. » Il disait encore que pourvu qu'il eût du pain et de
l'eau, il disputerait de bonheur avec Jupiter même. Puisqu'Épicure pensait
ainsi, il nous reste à savoir dans quel esprit il a fait l'éloge de la volupté.
| [4,14] Πολλάκις τὰ κατ´ ὀβολὸν μετὰ πολλῶν πόνων
συναχθέντα χρήματα κατὰ τὸν Ἀρχίλοχον εἰς πόρνης
γυναικὸς ἔντερον καταρρέει. ὥσπερ γὰρ
ἐχῖνον λαβεῖν μὲν ῥᾴδιον συνέχειν δὲ χαλεπόν, οὕτω
καὶ τὰ χρήματα. καὶ Ἀναξαγόρας ἐν τῷ περὶ βασιλείας
φησὶ χαλεπὸν χρήματα συναγείρασθαι, χαλεπώτερον
δὲ φυλακὴν τούτοις περιθεῖναι.
| [4,14] De l'économie, et de la conservation de son bien.
SOUVENT, dit Archiloque, des richesses amassées avec beaucoup de peine, et
obole à obole, sont englouties par une prostituée. Il en est, ajoute-t-il, de
l'argent comme du hérisson : il est aisé de se saisir de cet animal, et
difficile de ne le pas laisser échapper. Anaxagoras, dans son ouvrage
intitulé De la royauté, dit pareillement des richesses, qu'il en coûte encore
plus pour les conserver que pour les acquérir.
| [4,15] Ἱέρωνά φασι τὸν Σικελίας τύραννον τὰ πρῶτα
ἰδιώτην εἶναι καὶ ἀνθρώπων ἀμουσότατον, καὶ τὴν
ἀγροικίαν ἀλλὰ μηδὲ κατ´ ὀλίγον τοῦ ἀδελφοῦ διαφέρειν
τοῦ Γέλωνος· ἐπεὶ δὲ αὐτῷ συνηνέχθη νοσῆσαι,
μουσικώτατος ἀνθρώπων ἐγένετο, τὴν σχολὴν τὴν ἐκ
τῆς ἀρρωστίας ἐς ἀκούσματα πεπαιδευμένα καταθέμενος.
ῥωσθεὶς οὖν Ἱέρων συνῆν Σιμωνίδῃ τῷ Κείῳ
καὶ Πινδάρῳ τῷ Θηβαίῳ καὶ Βακχυλίδῃ τῷ Ἰουλιήτῃ.
ὁ δὲ Γέλων ἄνθρωπος ἄμουσος.
Μουσικώτατον δὲ λέγουσι καὶ Πτολεμαῖον γενέσθαι
τὸν δεύτερον καὶ αὐτὸν νοσήσαντα. λέγει δὲ καὶ
Πλάτων τὸν Θεάγην φιλοσοφῆσαι δι´ οὐδὲν ἄλλο ἢ
διὰ τὴν νοσοτροφίαν· εἴργουσα γὰρ αὐτὸν ἐκείνη τῶν
πολιτικῶν συνήλασεν ἐς τὸν τῆς σοφίας ἔρωτα. τίς
δὲ οὐκ ἂν νοῦν ἔχων συνηύξατο καὶ Ἀλκιβιάδῃ νόσον
καὶ Κριτίᾳ καὶ Παυσανίᾳ τῷ Λακεδαιμονίῳ καὶ ἄλλοις;
Ἀλκιβιάδῃ μὲν καὶ Κριτίᾳ, ἵνα μὴ ἀποδράντες Σωκράτους
ὃ μὲν ὑβριστὴς γένηται καὶ ποτὲ μὲν φιλολάκων,
ποτὲ δὲ βοιωτιάζῃ τὸν τρόπον καὶ αὖ πάλιν θετταλίζῃ
καὶ τοῖς Μήδων καὶ Περσῶν ἀρέσκηται ἐν Φαρναβάζου
γενόμενος· τυραννικώτατος δὲ καὶ φονικώτατος
ὁ Κριτίας γενόμενος καὶ τὴν πατρίδα ἐλύπησε πολλὰ
καὶ αὐτὸς μισούμενος τὸν βίον κατέστρεψε.
Καὶ Στράτων δὲ ὁ Κορράγου ἐς δέον ἔοικε νοσῆσαι·
εὖ γὰρ γένους ἥκων εὖ δὲ καὶ πλούτου οὐκ
ἐγυμνάζετο. καμὼν δὲ τὸν σπλῆνα καὶ θεραπείας
δεηθεὶς τῆς ἐκ τῶν γυμνασίων, τὰ μὲν πρῶτα ὅσον
ἐς τὸ ὑγιᾶναι ἐχρῆτο αὐτοῖς· χωρῶν δὲ ἐς τὸ πρόσω
τῆς τέχνης καὶ ἐν ἔργῳ τιθέμενος αὐτήν, Ὀλυμπίασι
μὲν ἐνίκησεν ἡμέρᾳ μιᾷ πάλην καὶ παγκράτιον, καὶ
τῇ ἑξῆς Ὀλυμπιάδι, καὶ ἐν Νεμέᾳ δέ, καὶ Πυθοῖ καὶ Ἰσθμοῖ.
Δημοκράτης ὁ παλαιστὴς καὶ αὐτὸς νοσήσας τοὺς
πόδας, παριὼν ἐς τοὺς ἀγῶνας καὶ στὰς ἐν τῷ σταδίῳ,
περιγράφων ἑαυτῷ κύκλον προσέταττε τοῖς ἀντιπαλαισταῖς
ἔξω τῆς γραμμῆς αὐτὸν προέλκειν· οἳ
δὲ ἡττῶντο ἀδυνατοῦντες. ὃ δὲ εὖ διαβὰς ἐν τῇ στάσει
καὶ ἐγκρατῶς, στεφανούμενος ἀπῄει.
| [4,15] Exemples singuliers de l'utilité de la maladie.
HIÉRON, tyran de Sicile, qui n'avait jamais cultivé son esprit, était, dit-on,
le plus ignorant des hommes, si l'on en excepte son frère Gélon : mais
étant tombé malade, réduit à l'inaction par sa faiblesse, il profita de son
loisir pour prendre des leçons de quelques savants; et bientôt il se trouva
lui-même fort instruit. Aussi, depuis qu'il eut recouvré la santé, il conserva
toujours une liaison intime avec Simonide de Céos, Pindare de Thèbes, et
Bacchylide de Iulis. Pour Gélon, il resta dans son ignorance. J'ai ouï dire de
même que Ptolémée II devint savant durant le cours d'une maladie.
Nous apprenons de Platon, que Théagès dut à une longue maladie ses
connaissances philosophiques. Comme ses infirmités l'empêchaient de se livrer
aux affaires publiques, il s'appliqua tout entier à l'étude de la philosophie.
Quel est l'homme sensé qui n'eût pas souhaité une pareille maladie à Alcibiade,
à Critias, au Lacédémonien Pausanias et à quelques autres personnages du même
caractère ? On n'aurait pas vu Alcibiade et Critias s'éloigner des principes de
Socrate; on n'aurait point eu à reprocher au premier les écarts de sa conduite;
d'avoir changé de moeurs comme de pays, adoptant successivement les manières
des Spartiates, des Béotiens, des Thessaliens, et finissant par se plonger dans les
délices des Mèdes et des Perses, à la cour de Pharnabaze. Le second ne
serait pas devenu un tyran et un monstre de cruauté; il n'aurait pas fait le
malheur de sa patrie; il n'aurait pas emporté au tombeau la haine de ses
concitoyens.
Il fut avantageux à Straton, fils de Corrhagus, d'avoir été malade. Né
riche et d'une famille considérable, Straton avait négligé les exercices de la
gymnastique; mais ayant été attaqué d'un mal de rate, il y eut recours comme à
un remède efficace. Ce ne fut d'abord que pour le besoin qu'en avait sa santé :
ensuite, flatté des progrès qu'il faisait dans cet art, il s'y livra avec tant
d'ardeur, qu'il parvint à remporter dans le même jour le prix de la lutte et du
pancrace aux jeux olympiques. Il fut encore couronné à l'olympiade
suivante, ainsi qu'aux jeux Néméens, Pythiques et Isthmiens.
Le lutteur Démocrate, quoique fort incommodé d'un mal aux pieds, se rendit au
lieu destiné pour les jeux. Là, se plaçant au milieu du stade, et traçant un
cercle autour de lui, il proposa aux lutteurs à qui il venait disputer le prix,
d'essayer de le tirer de cette enceinte : comme ils ne purent en venir à bout,
Démocrate, pour être demeuré ferme et inébranlable dans son poste, remporta la
couronne.
| | |