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[3,43] Ἐν Συβάρει κιθαρῳδοῦ ᾄδοντος ἐν τῇ ἀγωνίᾳ,
ἣν ἐπετέλουν τῇ Ἥρᾳ, στασιασάντων ὑπὲρ αὐτοῦ
τῶν Συβαριτῶν καὶ τὰ ὅπλα λαβόντων ἐπ´ ἀλλήλους,
φοβηθεὶς ὁ κιθαρῳδὸς σὺν αὐτῇ στολῇ κατέφυγεν
ἐς τὸν τῆς Ἥρας βωμόν· οἳ δὲ οὐδὲ ἐνταῦθα ἐφείσαντο
τοῦ κιθαρῳδοῦ. ὀλίγῳ δὲ ὕστερον αἷμα ἐδόκει
ἐν τῷ τῆς Ἥρας νεῷ ἀναβρύειν οὐδὲν ἔλαττον πηγῆς
ἀενάου, Συβαρῖται δὲ ἔπεμψαν ἐς Δελφούς. ἡ δὲ
Πυθία ἀπεκρίνατο
βαῖν´ ἀπ´ ἐμῶν τριπόδων, ἔτι τοι φόνος ἀμφὶ χέρεσσι
πουλὺς ἀποστάζων ἀπὸ λαΐνου οὐδοῦ ἐρύκει.
οὔ σε θεμιστεύσω· Μουσῶν θεράποντα κατέκτας
Ἥρης πρὸς βωμοῖσι, θεῶν τίσιν οὐκ ἀλεείνας.
τοῖς δὲ κακῶς ῥέξασι δίκης τέλος οὐχὶ χρονιστὸν
οὐδὲ παραιτητόν, οὐδ´ εἰ Διὸς ἔγγονοι εἶεν·
ἀλλ´ αὐτῶν κεφαλῇσι καὶ ἐν σφετέροισι τέκεσσιν
εἱλεῖται, καὶ πῆμα δόμοις ἐπὶ πήματι βαίνει.
ἡ δὲ δίκη οὐκ ἐβράδυνε· Κροτωνιάταις γὰρ ἐναντία
τὰ ὅπλα θέμενοι ἀνάστατοι ὑπ´ ἐκείνων ἐγένοντο, καὶ ἡ
πόλις αὐτῶν ἠφανίσθη.
| [3,43] D'un joueur de lyre tué par les Sybarites.
DURANT certains jeux établis à Sybaris en l'honneur de Junon, il s'éleva une
sédition entre les habitants, au sujet d'un joueur de lyre qui disputait le prix.
Comme des deux parts on courait aux armes, le musicien effrayé s'enfuit
précipitamment, avec tout son appareil, vers l'autel de Junon; mais le respect
dû à ce lieu ne put le sauver de la fureur des séditieux, qui le massacrèrent.
On vit aussitôt jaillir dans le temple une veine de sang, qui semblait couler
d'une source intarissable. Les Sybarites envoyèrent consulter l'oracle de
Delphes sur ce prodige; et voici quelle fut la réponse de la Pythie :
"Éloignez-vous de mon sanctuaire : le sang dont vos mains sont encore
dégouttantes, vous interdit l'entrée de ce temple. Je ne vous annoncerai point
vos destinées. Vous avez tué le ministre des Muses aux pieds de l'autel de
Junon, sans craindre de vous exposer à la vengeance des dieux. Mais le châtiment
suivra de près le crime; et les coupables ne l'éviteront pas, fussent-ils
issus de Jupiter : eux et leurs enfants en porteront la peine; dans leurs
familles, une calamité en appellera toujours une autre ».
L'oracle ne tarda pas à s'accomplir : les Sybarites, ayant pris les armes contre
les Crotoniates, furent entièrement défaits, et leur ville fut détruite.
| [3,44] Νεανίσκοι τρεῖς ἐς Δελφοὺς ἀφικόμενοι θεωροὶ
συμπολῖται κακούργοις περιτυγχάνουσιν. ὁ οὖν εἷς
ἀπέδρα τοὺς λῃστάς, ὁ δὲ δεύτερος αὐτῶν συνεπλάκη
τῷ λοιπῷ τῶν κακούργων, τῶν ἄλλων προαναλωθέντων,
καὶ τοῦ μὲν λῃστοῦ ἥμαρτεν, ὦσε δὲ τὸ
ξίφος κατὰ τοῦ φίλου. τῷ ἀποδράντι οὖν ἡ Πυθία
ἀνεῖλε τάδε :
"ἀνδρὶ φίλῳ θνήσκοντι παρὼν πέλας οὐκ ἐβοήθεις.
οὔ σε θεμιστεύσω· περικαλλέος ἔξιθι νηοῦ·"
τῷ ἑτέρῳ δὲ :
"ἔκτεινας τὸν ἑταῖρον ἀμύνων· οὔ ς´ ἐμίανεν
αἷμα, πέλεις δὲ χέρας καθαρώτερος ἢ πάρος ἦσθα".
| [3,44] De trois jeunes gens qui allaient à Delphes.
TROIS jeunes gens de la même ville, allant ensemble à Delphes pour consulter
l'oracle, rencontrèrent des voleurs. Un des voyageurs s'enfuit : un autre tua
tous ces brigands, à l'exception d'un seul, qui esquiva le coup dont il allait
être percé.; mais l'épée du jeune voyageur atteignit le sein de son troisième
camarade. La Pythie ayant été consultée, répondit à celui qui avait pris la
fuite : « Vous avez laissé périr votre ami sous vos yeux, sans le secourir : je
n'ai point de réponse à vous donner. Sortez de ce temple auguste. » Elle
répondit à l'autre : « En voulant sauver la vie à votre ami, vous la lui avez
ôtée : vos mains, loin d'être souillées par ce meurtre, sont plus pures
qu'elles n'étaient auparavant. »
| [3,45] Φιλίππῳ φασὶ χρηστήριον ἐκπεσεῖν ἐν Βοιωτοῖς
ἐν Τροφωνίου, φυλάττεσθαι δεῖν τὸ ἅρμα. ἐκεῖνον
οὖν δέει τοῦ χρησμοῦ λόγος ἔχει μηδέποτε ἀναβῆναι
ἅρμα. διπλοῦς οὖν ἐπὶ τούτοις διαρρεῖ λόγος. ὃ μὲν
γάρ φησι τὸ τοῦ Παυσανίου ξίφος, ᾧ τὸν Φίλιππον
διεχρήσατο, ἅρμα ἔχειν ἐπὶ τῆς λαβῆς διαγεγλυμμένον
ἐλεφάντινον· ὁ δὲ ἕτερος, τὴν Θηβαϊκὴν περιελθόντα
λίμνην τὴν καλουμένην Ἅρμα ἀποσφαγῆναι. ὁ μὲν πρῶτος
λόγος δημώδης, ὃ δὲ οὐκ ἐς πάντας ἐξεφοίτησεν.
| [3,45] Oracle rendu à Philippe.
ON dit que Philippe fut averti par l'oracle de Trophonius en Béotie, de se
garantir des chars, et qu'effrayé de cet avis, il ne monta jamais dans aucun
char. De là s'est formée une double tradition : les uns prétendent que sur la
poignée de l'épée avec laquelle Pausanias assassina Philippe, il y avait un char
sculpté en ivoire; les autres, que Philippe fut tué en faisant le tour d'un lac
voisin de Thèbes, nommé Char. La première opinion est la plus commune; la
seconde est beaucoup moins répandue.
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