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[3,40] Ὅτι οἱ συγχορευταὶ Διονύσου Σάτυροι ἦσαν οἱ
ὑπ´ ἐνίων Τίτυροι ὀνομαζόμενοι. ἔσχον δὲ τὸ ὄνομα
ἐκ τῶν τερετισμάτων, οἷς χαίρουσι. Σάτυροι δὲ ἀπὸ
τοῦ σεσηρέναι. Σιληνοὶ δὲ ἀπὸ τοῦ σιλλαίνειν· τὸν
δὲ σίλλον ψόγον λέγουσι μετὰ παιδιᾶς δυσαρέστου.
ἐσθὴς δ´ ἦν τοῖς Σιληνοῖς ἀμφίμαλλοι χιτῶνες. αἰνίττεται
δὲ ἡ στολὴ τὴν ἐκ τοῦ Διονύσου φυτείαν καὶ
τὰ τῶν οἰναρίδων δάση.
| [3,40] Des satyres et des silènes.
LES satyres et les silènes étaient la compagnie ordinaire de Bacchus. Les
satyres étaient ainsi nommés du mot g-sairein (ouvrir tellement la bouche que
les dents sont à découvert). On les a quelquefois appelés tityres, de leurs
chansons lascives, g-teretismata. Quant aux silènes, ils tiraient leur nom du mot
g-sillainein, railler : g-sillos se dit d'une invective accompagnée d'une
plaisanterie désobligeante. Les silènes portaient des robes garnies de poils des
deux côtés, comme pour désigner les plants de vignes consacrés à Bacchus, et le
nombre prodigieux de ceps et de pampres dont un vignoble est hérissé.
| [3,41] Ὅτι τὸ πολυκαρπεῖν οἱ ἀρχαῖοι ὠνόμαζον φλύειν.
ἐντεῦθεν τὸν Διόνυσον Φλεῶνα ἐκάλουν καὶ Προτρύγαιον
καὶ Σταφυλίτην καὶ Ὀμφακίτην καὶ ἑτέρως πως διαφόρως.
| [3,41] Divers surnoms de Bacchus.
LES anciens ont donné différents noms à Bacchus : ils l'appelaient Phléon, de
g-phluein, abonder en fruits; Protrygas, Staphylite, Omphacite. Et ce ne sont
pas là les seuls surnoms de Bacchus.
| [3,42] Ἐλέγη καὶ Κελαινὴ Προίτου θυγατέρες. μάχλους
δὲ αὐτὰς ἡ τῆς Κύπρου βασιλὶς εἰργάσατο, ἐπὶ μέρους
δὲ τῆς Πελοποννήσου ἔδραμόν φασι γυμναὶ
μαινόμεναι, ἐξεφοίτησαν δὲ καὶ ἐς ἄλλας χώρας τῆς
Ἑλλάδος, παράφοροι οὖσαι ὑπὸ τῆς νόσου. ἀκούω
δὲ ὅτι καὶ ταῖς Λακεδαιμονίων γυναιξὶν ἐνέπεσέ τις
οἶστρος βακχικὸς καὶ ταῖς τῶν Χίων. καὶ αἱ τῶν
Βοιωτῶν δὲ ὡς ἐνθεώτατα ἐμάνησαν καὶ ἡ τραγῳδία
βοᾷ. μόνας δὲ ἀφηνιάσαι τῆς χορείας ταύτης λέγουσι
τοῦ Διονύσου τὰς Μινύου θυγατέρας Λευκίππην καὶ
Ἀρσίππην καὶ Ἀλκιθόην. αἴτιον δὲ ὅτι ἐπόθουν
τοὺς γαμέτας, καὶ διὰ τοῦτο οὐκ ἐγένοντο τῷ θεῷ
μαινάδες. ὃ δὲ ὀργίζεται, καὶ αἳ μὲν περὶ τοὺς ἱστοὺς
εἶχον, καὶ ἐπονοῦντο περὶ τὴν Ἐργάνην εὖ μάλα φιλοτίμως·
ἄφνω δὲ κιττοί τε καὶ ἄμπελοι τοὺς ἱστοὺς
περιεῖρπον, καὶ τοῖς ταλάροις ἐνεφώλευον δράκοντες,
ἐκ δὲ τῶν ὀρόφων ἔσταζον οἴνου καὶ γάλακτος σταγόνες.
τὰς δὲ οὐδὲ ταῦτα ἀνέπειθεν ἐλθεῖν ἐς τὴν λατρείαν
τοῦ δαίμονος. ἐνταῦθά τοι καὶ πάθος εἰργάσαντο
ἔξω Κιθαιρῶνος, οὐ μεῖον τοῦ ἐν Κιθαιρῶνι·
τὸν γὰρ τῆς Λευκίππης παῖδα ἔτι ἁπαλὸν ὄντα καὶ
νεαρὸν διεσπάσαντο οἷα νεβρὸν τῆς μανίας ἀρξάμεναι
αἱ Μινυάδες, εἶτα ἐντεῦθεν ἐπὶ τὰς ἐξ ἀρχῆς ᾖξαν
μαινάδας· αἳ δὲ ἐδίωκον αὐτὰς διὰ τὸ ἄγος. ἐκ δὴ
τούτων ἐγένοντο ὄρνιθες, καὶ ἣ μὲν ἤμειψε τὸ εἶδος
ἐς κορώνην, ἣ δὲ ἐς νυκτερίδα, ἣ δὲ ἐς γλαῦκα.
| [3,42] De quelques femmes devenues furieuses.
PROETUS avait deux filles, Élége et Célène : le feu que Vénus alluma dans
leurs veines, les rendit furieuses. On les vit, dit-on, parcourir toutes nues, comme
des insensées, une partie du Péloponnèse et quelques autres contrées de la Grèce.
J'ai ouï dire que Bacchus remplit de ses fureurs les femmes de Lacédémone et de
Chio. Les Béotiennes, possédées du même dieu, poussèrent encore plus loin leurs
emportements : les théâtres en ont retenti plus d'une fois.
On raconte que les filles de Minée, Leucippe, Aristippe et Alcithoé, furent
un jour les seules qui manquèrent à célébrer la fête de Bacchus : par un excès
d'amour pour leurs maris, dont elles ne voulaient pas s'éloigner, elles ne se
mirent pas au nombre des Ménades en l'honneur du dieu. Bacchus en fut irrité.
Pendant qu'elles travaillaient, attachées sans relâche à leur ouvrage, voilà que
tout à coup leurs métiers se trouvent entourés de lierres et de ceps de vignes ;
des dragons viennent s'établir dans les corbeilles où elles mettaient
leurs laines; le lait et le vin dégouttent de leurs lambris. Ces prodiges ne
touchèrent point les filles de Minée, et ne purent les engager à rendre au dieu
le culte qu'il exigeait. Alors, sans être à Cithéron, elles furent saisies d'un
accès de fureur, pareil à celui dont Cithéron fut témoin. Le fils de
Leucippe, jeune et tendre enfant, leur parut être un faon de chevreuil (victime
ordinaire des orgies) : elles commencèrent par le déchirer; puis coururent se
joindre à la troupe des bacchantes. Mais celles-ci chassèrent honteusement les
filles de Minée, pour le crime qu'elles venaient de commettre; et les trois
soeurs furent métamorphosées en oiseaux, l'une en corneille, l'autre en
chauve-souris, la troisième en hibou.
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