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[2,19] Περὶ Ἀλεξάνδρου θεὸν ἑαυτὸν καλεῖσθαι βουλομένου.
Ἀλέξανδρος, ὅτε ἐνίκησε Δαρεῖον, καὶ τὴν Περσῶν ἀρχὴν κατεκτήσατο, μέγα ἐφ᾿
ἑαυτῷ φρονῶν, καὶ ὑπὸ τῆς εὐτυχίας, τῆς περιλαβούσης αὐτὸν τότε,
ἐκθεούμενος, ἐπέστειλε τοῖς Ἕλλησι, θεὸν αὐτὸν ψηφίσασθαι. Γελοίως γε· οὐ γὰρ
ἅπερ οὖν ἐκ τῆς φύσεως οὐκ εἶχε, ταῦτα ἐκ τῶν ἀνθρώπων αἰτῶν ἐκεῖνος
ἐκέρδαινεν. Ἄλλοι μὲν οὖν ἄλλα ἐψηφίσαντο· Λακεδαιμόνιοι δὲ ἐκεῖνα, Ἐπειδὴ
Ἀλέξανδρος βούλεται θεὸς εἶναι, ἔστω θεός· Λακωνικῶς τε ἅμα, καὶ κατὰ τὸν
ἐπιχώριόν σφισι τρόπον, ἐλέγξαντες τὴν ἔμπληξιν οἱ Λακεδαιμόνιοι τοῦ
Ἀλεξάνδρου.
| [2,19] D'Alexandre qui voulait être appelé DIEU.
ALEXANDRE, après la défaite de Darius et la conquête du royaume de Perse, ne mit
plus de bornes à ses vues ambitieuses : enivré de sa fortune, il s'érigea
lui-même en divinité, et manda aux Grecs qu'ils eussent à le déclarer dieu. Idée
bien ridicule : pouvait-il espérer d'obtenir des hommes ce que la nature lui
avait refusé ? Il y eut différents décrets rendus à cette occasion; et tel fut
celui des Lacédémoniens : puisque Alexandre veut être dieu, qu'il soit dieu.
Cette courte réponse, conforme à leur génie, était un trait sanglant contre
l'extravagance d'Alexandre.
| [2,20] Περὶ Ἀντιγόνου βασιλέως πρᾳότητος.
Ἀντίγονόν φασι τὸν βασιλέα δημοτικὸν καὶ πρᾶον γενέσθαι. Καὶ ὅτῳ μὲν σχολὴ
τὰ κατ᾿ αὐτὸν εἰδέναι, καὶ αὐτὰ ἕκαστα ἐξετάζειν ὑπὲρ τοῦ ἀνδρός, εἴσεται
ἑτέρωθεν· Εἰρήσεται δ᾿ οὖν αὐτοῦ καὶ πάνυ πρᾶον, καὶ ἄτυφον, ὃ μέλλω λέγειν.
Ὁ Ἀντίγονος οὗτος, ὁρῶν τὸν υἱὸν τοῖς ὑπηκόοις χρώμενον βιαιότερόν τε καὶ
θρασύτερον, Οὐκ οἶσθα, εἶπεν, ὦ παῖ, τὴν βασιλείαν ἡμῶν ἔνδοξον εἶναι
δουλείαν; Καὶ τὰ μὲν τοῦ Ἀντιγόνου πρὸς τὸν παῖδα πάνυ ἡμέρως ἔχει καὶ
φιλανθρώπως. Ὅτῳ δὲ οὐ δοκεῖ ταύτῃ, ἀλλ᾿ ἐκεῖνός γε οὐ δοκεῖ μοι βασιλικὸν
ἄνδρά τε εἰδέναι, οὐδὲ πολιτικόν, τυραννικῷ δὲ συμβιῶσαι μᾶλλον.
| [2,20] De l'humanité du roi Antigonus.
LE roi Antigonus était, dit-on, très populaire, et d'un caractère extrêmement
doux. Ceux qui voudront en savoir davantage sur ce prince, et s'instruire à fond
du détail de ses actions, pourront l’apprendre ailleurs. Le trait que je vais
rapporter suffira pour donner une idée de sa modération et de sa douceur.
Antigonus, voyant que son fils traitait ses sujets avec hauteur et avec dureté :
"Ne savez-vous pas, mon fils, lui dit-il, que notre royauté n'est qu'un
honorable esclavage ?" Ce mot d'Antigonus respire la bonté et l'humanité :
quiconque ne pense pas de même, me paraît ignorer ce que c'est qu'un roi, ou un
homme d'état, et n'avoir vécu qu'avec des tyrans.
| [2,21] Περὶ Παυσανίου, Ἀγάθωνος τοῦ ποιητοῦ ἐρωμένου.
Ἀγάθωνος ἤρα τοῦ ποιητοῦ Παυσανίας ὁ ἐκ Κεραμέων. Καὶ τοῦτο μὲν
διατεθρύληται· ὃ δὲ μὴ εἰς πάντας πεφοίτηκεν, ἀλλ᾿ ἐγὼ ἐρῶ. Εἰς Ἀρχελάου ποτὲ
ἀφίκοντο, ὅ τε ἐραστὴς καὶ ὁ ἐρώμενος οὗτοι. Ἦν δὲ ἄρα ὁ Ἀρχέλαος ἐρωτικὸς
οὐχ ἧττον ἢ καὶ φιλόμουσος. Ἐπεὶ τοίνυν ἑώρα διαφερομένους πρὸς ἀλλήλους
τόν τε Παυσανίαν καὶ τὸν Ἀγάθωνα πολλάκις, οἰόμενος τὸν ἐραστὴν ὑπὸ τῶν
παιδικῶν παρορᾶσθαι, ἤρετο ἄρα τὸν Ἀγάθωνα ὁ Ἀρχέλαος, τί βουλόμενος οὕτω
πυκνὰ ἀπεχθάνεται τῷ πάντων μάλιστα φιλοῦντι αὐτόν. Ὁ δὲ, Ἐγώ σοι, ἔφη,
φράσω, βασιλεῦ. Οὔτε γάρ εἰμι πρὸς αὐτὸν δύσερις, οὔτε ἀγροικίᾳ πράττω τοῦτο·
εἰ δέ τι καὶ ἐγὼ ἠθῶν ἐπαΐω τῇ τε ἄλλῃ, καὶ ἐκ ποιητικῆς, ἥδιστον εὑρίσκω εἶναι
τοῖς ἐρῶσι πρὸς τὰ παιδικὰ ἐκ διαφορᾶς καταλλάσσεσθαι, καὶ πεπίστευκα, οὐδὲν
αὐτοῖς οὕτως ἀπάντᾶν τερπνόν. Τούτου γοῦν τοῦ ἡδέος πολλάκις αὐτῷ
μεταδίδωμι, ἐρίζων πρὸς αὐτὸν πλεονάκις. Εὐφραίνεται γὰρ καταλυομένου μου
τὴν πρὸς αὐτὸν ἔριν συνεχῶς. Ὁμαλῶς δὲ καὶ συνήθως προσιόντος οὐκ εἴσεται
τὴν διαφορότητα. Ἐπῄνεσε ταῦτα ὁ Ἀρχέλαος, ὡς λόγος. Ἤρα δέ, φασι, τοῦ
αὐτοῦ Ἀγάθωνος τούτου καὶ Εὐριπίδης ὁ ποιητής, καὶ τὸν Χρύσιππον τὸ δρᾶμα
αὐτῷ χαριζόμενος λέγεται διαφροντίσαι. Καὶ εἰ μὲν σαφὲς τοῦτο, ἀποφήνασθαι
οὐκ οἶδα, λεγόμενον δ᾿ οὖν αὐτὸ οἶδα ἐν τοῖς μάλιστα.
| [2,21] De Pausanias, et du poète Agathon son ami.
ON a beaucoup parlé de la tendresse de Pausanias, habitant du Céramique, pour le
poète Agathon : en voici un trait qui est peu connu. Ces deux amis allèrent un
jour à la cour dArchélaüs, prince également sensible aux charmes de la
littérature et à la douceur de l'amitié. Archélaüs remarqua qu'ils étaient
souvent en querelle : il soupçonna que la mésintelligence venait du côté
d'Agathon, et lui demanda d'où pouvait naître l'aigreur avec laquelle il
contrariait sans cesse l'homme du monde qui le chérissait le plus. "Prince,
répondit Agathon, je vais vous le dire. Ce n'est ni par humeur, ni par
grossièreté que j'en use ainsi avec Pausanias; mais comme, par la lecture des
poètes et par d'autres études, j'ai acquis quelque connaissance du coeur humain,
je sais qu'entre gens qui s'aiment, les alternatives d'empressement et de
froideur font un effet délicieux, et que rien n'est plus agréable que le
raccommodement après une brouillerie. Afin donc de procurer ce plaisir à
Pausanias, je suis rarement d'accord avec lui : aussi, la joie renaît dans son
coeur, dès que je cesse de le quereller. Si ma conduite avec lui était toujours
égale et uniforme, il ne connaîtrait pas le charme de la variété." Archélaüs
loua, dit-on, cette façon d'agir. On prétend que le poète Euripide fut aussi des
amis d'Agathon, et même qu'il composa pour lui la tragédie de Chrysippe. Je ne
puis garantir ce fait; tout ce que je sais, c'est que je l'ai ouï souvent répéter.
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