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[2,31] Ὅτι μηδεὶς τῶν βαρβάρων ἄθεος.
Καὶ τίς οὐκ ἂν ἐπῄνεσε τὴν τῶν βαρβάρων σοφίαν; εἴ γε μηδεὶς αὐτῶν εἰς
ἀθεότητα ἐξέπεσε, μηδὲ ἀμφιβάλλουσι περὶ θεῶν, ἆρά γέ εἰσιν, ἢ οὔκ εἰσιν, καὶ
ἆρά γε ἡμῶν φροντίζουσιν, ἢ οὔ. Οὐδεὶς γοῦν ἔννοιαν ἔλαβε τοιαύτην οἵαν
Εὐήμερος ὁ Μεσσήνιος, ἢ Διογένης ὁ Φρὺξ, ἢ Ἵππων, ἢ Διαγόρας ἢ Σωσίας, ἢ
Ἐπίκουρος, οὔτε Ἰνδὸς, οὔτε Κελτὸς, οὔτε Αἰγύπτιος. Λέγουσι δὲ τῶν βαρβάρων
οἱ προειρημένοι, καὶ εἶναι θεοὺς, καὶ προνοεῖν ἡμῶν, καὶ προσημαίνειν τὰ
μέλλοντα, καὶ διὰ ὀρνίθων καὶ διὰ συμβόλων, καὶ διὰ σπλάγχνων, καὶ δι᾿ ἄλλων
τινῶν μαθημάτων τε, καὶ διδαγμάτων· ἅπερ οὖν ἐστι τοῖς ἀνθρώποις διδασκαλία
ἐκ τῆς παρὰ τῶν θεῶν εἰς αὐτοὺς προνοίας. Καὶ δι᾿ ὀνείρων δὲ λέγουσι, καὶ δι᾿
αὐτῶν τῶν ἀστέρων πολλὰ προδηλοῦσθαι. Καὶ ὑπὲρ τούτων ἰσχυρὰν ἔχοντες τὴν
πίστιν, θύουσί τε καθαρῶς καὶ ἁγνεύουσιν ὁσίως, καὶ τελετὰς τελοῦσι, καὶ
ὀργίων φυλάττουσι νόμον, καὶ τὰ ἄλλα πράττουσιν, ἐξ ὧν, ὅτι τοὺς θεοὺς
ἰσχυρῶς καὶ σέβουσι, καὶ τιμῶσιν, ὡμολόγηται.
| [2,31] Qu'il n'y a point d'athées chez les barbares ?
QUI pourrait ne pas louer la sagesse des peuples qu'on nomme barbares ? On n'en
vit jamais aucun nier l'existence de la divinité : jamais ils n'ont en question
s'il y a des dieux, ou s'il n'y en a pas; si les dieux s'occupent, ou non, de ce
qui concerne les hommes. Nul Indien, nul Celte, nul Égyptien n'imagina jamais de
système pareil à ceux d'Évhémère de Messène, de Diogène de Phrygie, d'Hippon, de
Diagoras, de Sosias, d'Épicure. Toutes les nations que je viens de nommer,
reconnaissent qu'il y a des dieux, et que ces dieux veillent sur nous et nous
annoncent ce qui doit nous arriver, par certains signes dont leur providence
bienfaisante nous donne l'intelligence; comme le vol des oiseaux, les entrailles
des animaux, et quelques autres indices qui sont autant d'avertissements et
d'instructions. Ils disent que les songes, que les astres mêmes nous découvrent
souvent l'avenir. Dans la ferme croyance de toutes ces choses, ils offrent
d'innocents sacrifices, auxquels ils se préparent par de saintes purifications;
ils célèbrent les mystères; ils observent la loi des Orgies; enfin, ils
n'omettent aucune des autres pratiques religieuses. Pourrait-on après cela ne
pas avouer que les barbares révèrent les dieux, et leur rendent un véritable culte ?
| [2,32] Περὶ Ἡρακλέους μετωνυμίας, καὶ χρησμοῦ Φοίβου ὑπὲρ αὐτοῦ.
Λέγουσί τινες λόγοι Πυθικοὶ τὸν Ἡρακλῆν, τὸν Διὸς καὶ Ἀλκμήνης παῖδα, ἀπὸ
γενεᾶς Ἡρακλῆν οὐ κεκλῆσθαι· χρόνῳ δὲ ὕστερον ἐλθόντα εἰς Δελφοὺς, διά τινα
αἰτίαν δεόμενον χρησμοῦ, μήτε, ὧν ἧκε χάριν, ἀμοιρῆσαι, προσακοῦσαι δὲ
ἐκείνοις καὶ ἰδίᾳ παρὰ τοῦ θεοῦ ταῦτα·
Ἡρακλῆ δέ σε Φοῖβος ἐπώνυμον ἐξονομάζει·
Ἧρα γὰρ ἀνθρώποισι φέρων κλέος ἄφθιτον ἕξεις.
| [2,32] D'Hercule.
SUIVANT une ancienne tradition de Delphes, Hercule, fils de Jupiter et
d'Alcmène, avait porté originairement le nom d'Alcée; mais étant allé un jour
consulter l'oracle de Delphes, sur je ne sais quel objet, il reçut d'abord la
réponse qu'il était venu demander; puis, le dieu fit entendre ces paroles :
"Apollon te donne aujourd'hui le surnom d'Héraclès (Hercule), parce qu'en
faisant du bien aux hommes, tu acquerras une gloire immortelle "
| [2,33] Περὶ ἀγαλμάτων ποταμῶν.
Τὴν τῶν ποταμῶν ῥύσιν, καὶ τὰ ῥεῖθρα αὐτῶν ὁρῶμεν· ὅμως δὲ οἱ τιμῶντες
αὐτοὺς, καὶ τὰ ἀγάλματα αὐτῶν ἐργαζόμενοι, οἱ μὲν ἀνθρωπομόρφους αὐτοὺς
ἱδρύσαντο, οἱ δὲ βοῶν εἶδος αὐτοῖς περιέθηκαν. Βουσὶ μὲν οὖν εἰκάζουσιν, οἱ
Στυμφάλιοι μὲν τὸν Ἐρασῖνον, καὶ τὴν Μετώπην, Λακεδαιμόνιοι δὲ τὸν
Ἐυρώταν, Σικυώνιοι δὲ καὶ Φλιάσιοι τὸν Ἀσωπόν· Ἀργεῖοι δὲ, τὸν Κηφισσόν. Ἐν
εἴδει δὲ ἀνδρῶν Ψωφίδιοι τὸν Ἐρύμανθον, τὸν δὲ Ἀλφειὸν Ἡραιεῖς· Χερρονήσιοι
δὲ οἱ ἀπὸ Κνίδου, καὶ αὐτοὶ τὸν ποταμὸν ὁμοίως. Ἀθηναῖοι δὲ τὸν Κηφισσὸν
ἄνδρα μὲν δεικνύουσι ἐν τιμῇ, κέρατα δὲ ὑποφαίνοντα. Καὶ ἐν Σικελίᾳ δὲ
Συρακούσιοι μὲν τὸν Ἄναπον ἀνδρὶ εἴκασαν, τὴν δὲ Κυάνην πηγὴν γυναικὸς
εἰκόνι ἐτίμησαν· Αἰγεσταῖοι δὲ τὸν Πόρπακα, καὶ τὸν Κριμησὸν, καὶ τὸν
Τελμησσὸν ἀνδρῶν εἴδει τιμῶσιν· Ἀκραγαντῖνοι δὲ τὸν ἐπώνυμον τῆς πόλεως
ποταμὸν παιδὶ ὡραίῳ εἰκάσαντες, θύουσιν. Οἱ δὲ αὐτοὶ καὶ ἐν Δελφοῖς ἀνέθεσαν,
ἐλέφαντος διαγλύψαντες ἄγαλμα, καὶ ἐπέγραψαν τὸ τοῦ ποταμοῦ ὄνομα· καὶ
παιδός ἐστι τὸ ἄγαλμα.
| [2,33] Des statues des fleuves.
Nous connaissons la nature des fleuves; nous avons sous les yeux leur lit et
leur cours; cependant, ceux qui les révèrent comme des divinités, et ceux qui
leur consacrent des statues, les représentent, les uns sous la figure humaire,
les autres sous la figure d'un boeuf. C'est celle que les Stymphaliens donnent à
l'Érasine et à la Métope, les Lacédémoniens à l'Eurotas, les Sicyoniens et les
Phliasiens à l'Asopus, les Argiens au Céphise. Chez les Psophidiens, l'Érymanthe
a les traits d'un homme, de même que l'Alphée chez les Héréens. C'est aussi la
forme que donnent à ce fleuve les Cherronésiens de Cnide. Les Athéniens, dans
les honneurs qu'ils rendent au fleuve Céphise, le représentent comme un homme,
avec des cornes naissantes. En Sicile, les Syracusains honorent le fleuve Anapus
sous la figure d'un homme, et la fontaine Cyané, sous celle d'une femme. Les
Égestains donnent la ressemblance humaine aux fleuves Porpax, Crimisse et
Telmisse, à qui ils rendent un culte. Pour les Agrigentins, c'est sous l'emblème
d'un enfant parfaitement beau qu'ils offrent des sacrifices au fleuve qui donne
son nom à leur ville. Ils lui ont consacré, dans le temple de Delphes, une
statue d'ivoire, au bas de laquelle est écrit le nom du fleuve; et la statue
représente un enfant.
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