[77,19] 19. Ἐκστρατεύσαντι δὲ αὐτῷ κατὰ τῶν Πάρθων πρόφασις τοῦ
πολέμου ἦν ὅτι Οὐολόγαισος τόν τε Τιριδάτην καὶ Ἀντίοχόν τινα μετ´ αὐτοῦ
ἐξαιτήσαντι αὐτῷ οὐκ ἐξέδωκεν. Ὁ δὲ Ἀντίοχος Κίλιξ μὲν ἦν καὶ φιλοσοφεῖν
κυνηδὸν τὰ πρῶτα ἐπλάττετο, καὶ πλεῖστά γε ἐκ τούτου τοὺς στρατιώτας ἐν
τῷ πολέμῳ ὠφέλησεν· ἀπαλγοῦντας γὰρ αὐτοὺς ὑπὸ τοῦ πολλοῦ ῥίγους
ἐπερρώννυεν, ἔς τε τὴν χιόνα ῥίπτων ἑαυτὸν καὶ ἐν αὐτῇ καλινδούμενος,
ὅθενπερ καὶ χρημάτων καὶ τιμῶν καὶ παρ´ αὐτοῦ τοῦ Σεουήρου καὶ παρὰ
τοῦ Ἀντωνίνου ἔτυχεν· ἐπαρθεὶς δὲ ἐπὶ τούτοις τῷ Τιριδάτῃ συνεξητάσθη,
καὶ μετ´ αὐτοῦ πρὸς τὸν Πάρθον ηὐτομόλησε. Πρὶν δὲ ἀπᾶραι ἀπὸ
Νικομηδείας, ἀγῶνα μονομαχίας ἐν αὐτῇ ἐπὶ τοῖς ἑαυτοῦ γενεθλίοις
ἐποίησεν· οὐδὲ γὰρ ἐν ἐκείνῃ τῇ ἡμέρᾳ τῶν φόνων ἀπείχετο. Ἔνθα λέγεται,
ἡττηθέντος τινὸς καὶ ἱκετεύοντος αὐτὸν ὅπως σωθῇ, τὸν Ἀντωνῖνον εἰπεῖν «
ἄπελθε καὶ τοῦ ἀντιπάλου δεήθητι· ἐμοὶ γὰρ οὐκ ἔξεστί σου φείσασθαι ».
Καὶ οὕτως ὁ ἄθλιος, τάχ´ ἂν ὑπὸ τοῦ ἀνταγωνιστοῦ σωθεὶς εἰ μὴ τοῦτο
εἴρητο, διεφθάρη· οὐ γὰρ ἐτόλμησεν αὐτὸν ἀφεῖναι, ἵνα μὴ καὶ
φιλανθρωπότερος τοῦ αὐτοκράτορος εἶναι δόξῃ.
| [77,19] 19. Le prétexte de la guerre, dans son expédition contre les Parthes, fut que Vologèse avait refusé, malgré ses réclamations, de lui livrer Tiridate, ainsi qu'un certain Antiochos. Antiochos, le
transfuge, était originaire de Cilicie, et avait, dans les premiers temps, fait semblant de professer la
philosophie cynique, ce qui l'avait mis à portée de rendre, pendant la guerre, de nombreux services
aux soldats ; il les avait fortifiés contre le désespoir causé par la rigueur du froid, en se précipitant
dans la neige et en s'y roulant ; ce qui lui avait valu des présents et des honneurs de la part de
Sévère, et de celle d'Antonin lui-même ; mais la vanité qu'il en conçut le décida à se joindre à
Tiridate et à passer avec lui au roi des Parthes. Avant de partir de Nicomédie, Antonin y donna un
combat de gladiateurs à l'occasion de son jour natal ; car, même ce jour-là, il ne s'abstenait pas de
répandre le sang. Dans ce combat, dit-on un gladiateur vaincu lui ayant demandé la vie, Antonin lui
répondit : "va demander à ton adversaire ; car, pour moi, il ne m'est pas permis de te faire grâce."
C'est ainsi que périt ce malheureux, à qui, peut-être, sans cette parole, son adversaire eût sauvé la
vie ; car il n'osa pas le lâcher, de peur de passer pour plus clément que l'empereur.
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