[77,11] 11. Ἰουνίῳ γοῦν Παυλίνῳ πέντε καὶ εἴκοσι μυριάδας ἐχαρίσατο, ὅτι καὶ
ἄκων διασιλλῶσαί τι αὐτὸν σκωπτόλης ὢν προήχθη· ἔφη γὰρ αὐτὸν
ὀργιζομένῳ τινὶ ἐοικέναι, ἐπεὶ πρὸς τὸ θυμοειδέστερόν πως ἑαυτὸν
ἐσχημάτιζεν. Οὐδὲν γὰρ τῶν καλῶν ἐλογίζετο· οὐδὲ γὰρ ἔμαθέ τι αὐτῶν,
ὡς καὶ αὐτὸς ὡμολόγει, διόπερ καὶ ἐν ὀλιγωρίᾳ ἡμᾶς τούς τι παιδείας
ἐχόμενον εἰδότας ἐποιεῖτο. Ὁ μὲν γὰρ Σεουῆρος καὶ πάνυ πᾶσι τοῖς ἐς
ἀρετὴν τείνουσι καὶ κατὰ τὸ σῶμα καὶ κατὰ τὴν ψυχὴν ἤσκησεν αὐτόν,
ὥστε καὶ αὐτοκράτορα ἤδη ὄντα καὶ διδασκάλοις συνεῖναι καὶ τὸ πολὺ τῆς
ἡμέρας φιλοσοφεῖν· ἐξηραλοίφει τε, καὶ ἵππευε καὶ ἐς πεντήκοντα καὶ
ἑπτακοσίους σταδίους, καὶ προσέτι καὶ νήχεσθαι καὶ ἐν κλύδωνι ἤσκητο. Ὁ
δὲ ἐκ μὲν τούτων τρόπον τινὰ ἐρρώσθη, τῆς δὲ δὴ παιδεύσεως ὡς οὐδὲ
τοὔνομα αὐτῆς πώποτε ἀκηκοὼς ἐπελάθετο. Οὐ μέντοι καὶ κακορρήμων ἢ
κακογνώμων ἦν, ἀλλὰ καὶ συνίει τὰ πολλὰ ὀξύτατα καὶ ἔφραζεν ἑτοιμότατα·
τῇ τε γὰρ ἐξουσίᾳ καὶ τῇ προπετείᾳ, τῷ πάνθ´ ὁμοίως τὰ ἐπελθόντα οἱ
ἀπερισκέπτως ἐκλαλεῖν καὶ τῷ μηδὲν αὐτῶν ἐκφαίνειν αἰσχύνεσθαι, καὶ
ἐπιτυχίᾳ τινὶ πολλάκις περιέπιπτε. Τὸ μὲν οὖν σύμπαν τοιοῦτος ἦν. Ὅτι ὁ
αὐτὸς αὐτογνωμονῶν πολλὰ ἐσφάλη· πάντα τε γὰρ οὐχ ὅτι εἰδέναι ἀλλὰ
καὶ μόνος εἰδέναι ἤθελε, καὶ πάντα οὐχ ὅτι δύνασθαι ἀλλὰ καὶ μόνος
δύνασθαι ἠβούλετο, καὶ διὰ τοῦτο οὔτε τινὶ συμβούλῳ ἐχρῆτο καὶ τοῖς
χρηστόν τι εἰδόσιν ἐφθόνει. Ἐφίλησε μὲν γὰρ οὐδένα πώποτε, ἐμίσησε δὲ
πάντας τοὺς προφέροντας ἔν τινι, μάλιστα δὲ οὓς μάλιστα ἀγαπᾶν
προσεποιεῖτο· καὶ αὐτῶν συχνοὺς καὶ διέφθειρεν τρόπον τινά. Ἐφόνευε μὲν
γὰρ καὶ ἐκ τοῦ φανεροῦ πολλούς· ἤδη δὲ καὶ πέμπων τινὰς ἐς ἔθνη μὴ
ἐπιτήδεια σφίσιν, ἀλλ´ ἐναντίαν τῇ τοῦ σώματος αὐτῶν καταστάσει τὴν τοῦ
ἀέρος ἀκρασίαν ἔχοντα, οὕτως αὐτοὺς ὡς καὶ πάνυ τιμῶν ὑπεξῄρει, τοὺς
μὲν καύμασι τοὺς δὲ ψύχεσιν ἀκράτοις, οἷς οὐκ ἔχαιρεν, ἐκδιδούς. Εἰ δ´
οὖν καὶ ἐφείδετό τινων μὴ ἀποκτεῖναί σφας, ἀλλ´ ἐπίεζέ γε αὐτοὺς ὥστε καὶ
κηλιδοῦσθαι.
| [77,11] 11. Néanmoins, il donnait à ses flatteurs des terres et de l'argent. Il fit don de deux cent cinquante mille drachmes à Junius Pauliunus, parce qu'avec son caractère railleur, ce personnage, s'était, malgré lui, laissé emporter à un sarcasme contre le prince : Paulinus, en effet, avait dit que
l'empereur ressemblait à Pan irrité, attendu qu'il composait son extérieur de façon que son visage
parut toujours en courroux. Antonin, en effet, n'avait nul souci des sciences ; il n'en avait appris
aucune, comme il l'avouait lui-même ; aussi faisait-il peu de cas de nous autres qui nous étions
adonnés à l'étude. Sévère l'avait cependant formé, sans exception, à tous les exercices corporels et
intellectuels, qui contribuent à la vertu, au point qu'étant déjà empereur ; il s'entretenait avec des
maîtres et s'occupait de philosophie la plus grande partie du jour ; il pratiquait les onctions à sec, et
faisait à cheval jusqu'à sept cent cinquante stades ; de plus, il s'était exercé à nager dans les flots
agités. De cette façon, il avait accru ses forces sous un rapport ; mais, pour les sciences, il les avait
oubliées comme si jamais il n'eût même entendu prononcer leur nom. Il ne manquait pourtant de
justesse, ni dans ses paroles, ni dans ses idées ; il avait, la plupart du temps, de la promptitude à
concevoir et de la facilité à s'exprimer ; car, avec la liberté et la précipitation qui lui faisaient dire
inconsidérément toutes les choses, sans distinction, qui se présentaient à son esprit et ne rougir d'en
produire aucune, il lui arrivait souvent de frapper heureusement le but. {Le même prince, pour s'en
être rapporté à son inspiration personnelle, commit beaucoup de fautes ; car il voulait non seulement
tout savoir, mais savoir seul, et il prétendait non seulement tout pouvoir, mais pouvoir seul ; aussi
n'employait-il le conseil de personne, et portait-il envie à ceux qui avaient quelque connaissance
utile. Jamais il n'aima personne, et il poursuivit de sa haine ceux qui se distinguaient en quoi que ce
soit, et surtout ceux qu'il faisait semblant d'aimer le plus ; il en mit plusieurs à mort de diverses
manières. Quelques-uns, en effet, furent tués ouvertement ; d'autres, envoyés dans des provinces
dont le climat, loin de convenir à leur tempérament, lui était contraire, se trouvaient, sous
l'apparence d'un grand honneur, enlevés, les uns par des chaleurs, les autres par des froids excessifs
auxquels il se plaisait à les exposer. Ceux donc qu'il s'abstenait de tuer, il les tourmentait de telle
sorte que leurs corps se couvraient de plaies.
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