[63,28] καὶ αὐτοῦ ταῦτα πράσσοντος σεισμὸς ἐξαίσιος ἐγένετο, ὥστε καὶ
δόκησιν παρασχεῖν ὅτι ἥ τε γῆ πᾶσα διαρρήγνυται καὶ αἱ τῶν
πεφονευμένων ὑπ´ αὐτοῦ ψυχαὶ πᾶσαι ἅμα ἐπ´ αὐτὸν ἀναθορνύουσι.
γνωρισθεὶς οὖν καὶ ὣς ὑπό τινος, ὥς φασι, τῶν ἀπαντησάντων,
καὶ αὐτοκράτωρ προσαγορευθεὶς ἔκ τε τῆς ὁδοῦ ἀπετράπη
καὶ ἐς καλαμώδη τόπον τινὰ κατεκρύφθη. καὶ ἐνταῦθα
μέχρι τῆς ἡμέρας ὑπέμεινεν ἐρριμμένος, ὅπως ὡς ἥκιστα διορῷτο.
καὶ πάντα μὲν τὸν παριόντα ὡς καὶ ἐφ´ ἑαυτὸν ἥκοντα
ὑποπτεύων, πᾶσαν δὲ φωνὴν ὡς καὶ ἀναζητοῦσαν αὑτὸν ὑποτρέμων,
εἴ τέ που κυνίδιον ὕλαξεν ἢ καὶ ὀρνίθιον ἐφθέγξατο ῥωπίον
τε καὶ κλάδος ὑπ´ αὔρας ἐσείσθη, δεινῶς ἐταράττετο, καὶ
οὔθ´ ἡσυχάζειν ὑπ´ αὐτῶν ἐδύνατο, οὔτ´ αὖ λαλεῖν τινι τῶν
παρόντων, μὴ καὶ ἕτερός τις ἀκούσῃ, ἐτόλμα, ἀλλ´ αὐτὸς καθ´
ἑαυτὸν τὴν τύχην καὶ ἐθρήνει καὶ ὠλοφύρετο. ἐλογίζετο γὰρ τά τε
ἄλλα, καὶ προσέτι ὅτι πολυανθρωποτάτῃ ποτὲ θεραπείᾳ γαυρωθεὶς
μετὰ τριῶν ἐξελευθέρων ἐκύπταζε. τοιοῦτον γὰρ δρᾶμα
τότε τὸ δαιμόνιον αὐτῷ παρεσκεύασεν, ἵνα μηκέτι τοὺς ἄλλους
μητροφόνους καὶ ἀλήτας ἀλλ´ ἤδη καὶ ἑαυτὸν ὑποκρίνηται· καὶ
τότε μετεγίνωσκεν ἐφ´ οἷς ἐτετολμήκει, καθάπερ ἄπρακτόν τι
αὐτῶν ποιῆσαι δυνάμενος. Νέρων μὲν δὴ τοιαῦτα ἐτραγῴδει, καὶ
τὸ ἔπος ἐκεῖνο συνεχῶς ἐνενόει, "οἰκτρῶς θανεῖν μ´ ἄνωγε σύγγαμος πατήρ·"
ὀψὲ δ´ οὖν ποτε, ἐπειδὴ μηδεὶς αὐτὸν ἀναζητῶν ἑωρᾶτο,
μετῆλθεν ἐς τὸ ἄντρον, κἀνταῦθα καὶ ἔφαγε πεινήσας ἄρτον ὁποῖον
οὐδεπώποτε ἐβεβρώκει, καὶ ἔπιε διψήσας ὕδωρ ὁποῖον οὐδεπώποτε
ἐπεπώκει. ἐφ´ ᾧ δυσανασχετήσας εἶπε "τοῦτό ἐστιν ἐκεῖνο
τὸ ποτὸν τὸ ἐμὸν τὸ ἄφθονον".
| [63,28] 28. Pendant que cela se passait, une secousse se fit sentir avec tant
de violence qu'il lui sembla que toute la terre s' entr'ouvrait, et que toutes
les âmes de ses victimes s'élançaient contre lui. Reconnu, dit-on, malgré
son déguisement, et salué du titre d'empereur par quelqu'un de ceux qui
le rencontrèrent, il se détourna de la route et alla se cacher en un endroit
rempli de roseaux. Il y demeura, tout abattu, jusqu'au jour, afin de ne pas
être vu. Se défiant de tout homme qui passait, comme si cet homme se fut
dirigé contre lui, tremblant au son de toute parole comme si elle l'eût
appelé, un petit chien qui venait aboyer quelque part, un petit oiseau qui
se faisait entendre, une broussaille, une branche agitée par le vent, tout le
jetait dans un trouble terrible ; ces appréhensions l'empêchaient de
reposer et il n'osait parler à personne de ceux qui étaient avec lui, de peur
d'être entendu par un autre ; il pleurait sur son sort et se lamentait en lui-même.
Entre autres réflexions, il songeait que lui, fier autrefois d'avoir une
suite nombreuse à son service, il était réduit à se cacher avec trois
affranchis. Ce fut le dernier drame que les dieux lui donnèrent à jouer ; il
n'avait plus à représenter d'autres meurtriers de leur mère, ni d'autres
princes errants que lui-même; alors il se repentit des crimes qu'il avait
osés, comme s'il eût été en son pouvoir de faire qu'un seul d'eux fût non
avenu. Telle était la tragédie que jouait Néron, il répétait sans cesse ce
vers dans sa pensée :
"Épouse et père veulent que je meure misérablement" ;
et ce ne fut que tard enfin, quand il vit que personne ne le cherchait,
qu'il entra dans une caverne, et que là, poussé par la faim, il mangea d'un
pain dont jamais il n'avait mangé, et que, pressé par la soif, il but d'une
eau dont jamais il n'avait bu. Affligé de cette extrémité, il s'écria ; « Voilà
donc mon breuvage, et je n'en manque pas. »
|