[62,5] λέγω δὲ ταῦτα οὐχ ἵνα μισήσητε τὰ παρόντα (μεμισήκατε γάρ),
οὐδ´ ἵνα φοβηθῆτε τὰ μέλλοντα (πεφόβησθε γάρ), ἀλλ´ ἵνα ἐπαινέσω
τε ὑμᾶς ὅτι καὶ καθ´ ἑαυτοὺς πάνθ´ ὅσα δεῖ προαιρεῖσθε,
καὶ χάριν ὑμῖν γνῶ ὅτι καὶ ἐμοὶ καὶ ἑαυτοῖς ἑτοίμως συναίρεσθε.
φοβεῖσθε δὲ μηδαμῶς τοὺς Ῥωμαίους· οὔτε γὰρ πλείους ἡμῶν
εἰσιν οὔτ´ ἀνδρειότεροι. τεκμήριον δὲ ὅτι καὶ κράνεσι καὶ θώραξι
καὶ κνημῖσιν ἐσκέπασθε καὶ προσέτι καὶ σταυρώμασι καὶ τείχεσι
καὶ τάφροις ἐσκεύασθε πρὸς τὸ μήτι πάσχειν ἐξ ἐπιδρομῆς τῶν
πολεμίων. τοῦτο γὰρ αἱροῦνται μᾶλλον ὑπὸ τῶν φόβων ἢ τὸ καὶ
δρᾶσαί τι προχείρως ὥσπερ ἡμεῖς. τοσαύτῃ γὰρ περιουσίᾳ ἀνδρίας
χρώμεθα ὥστε καὶ τὰς σκηνὰς ἀσφαλεστέρας τῶν τειχῶν καὶ τὰς
ἀσπίδας πολυαρκεστέρας τῆς ἐκείνων πανοπλίας νομίζειν. ἐξ οὗπερ
ἡμεῖς μὲν καὶ κρατοῦντες αἱροῦμεν αὐτοὺς καὶ βιασθέντες ἐκφεύγομεν,
κἂν ἄρα καὶ ἀναχωρῆσαί ποι προελώμεθα, ἐς τοιαῦτα ἕλη
καὶ ὄρη καταδυόμεθα ὥστε μήτε εὑρεθῆναι μήτε ληφθῆναι· ἐκεῖνοι
δὲ οὔτε διῶξαί τινα ὑπὸ τοῦ βάρους οὔτε φυγεῖν δύνανται, κἂν
ἄρα καὶ ἐκδράμωσί ποτε, ἔς τε χωρία ἀποδεδειγμένα καταφεύγουσι,
κἀνταῦθα ὥσπερ ἐς γαλεάγρας κατακλείονται. ἔν τε οὖν τούτοις
παρὰ πολὺ ἡμῶν ἐλαττοῦνται, καὶ ἐν ἐκείνοις, ὅτι οὔτε λιμὸν οὔτε
δίψος, οὐ ψῦχος οὐ καῦμα ὑποφέρουσιν ὥσπερ ἡμεῖς, ἀλλ´ οἱ μὲν
καὶ σκιᾶς καὶ σκέπης σίτου τε μεμαγμένου καὶ οἴνου καὶ ἐλαίου
δέονται, κἂν ἄρα τι τούτων αὐτοὺς ἐπιλίπῃ διαφθείρονται, ἡμῖν
δὲ δὴ πᾶσα μὲν πόα καὶ ῥίζα σῖτός ἐστι, πᾶς δὲ χυμὸς ἔλαιον,
πᾶν δὲ ὕδωρ οἶνος, πᾶν δὲ δένδρον οἰκία. καὶ μὴν καὶ τὰ χωρία
ταῦτα ἡμῖν μὲν συνήθη καὶ σύμμαχα, ἐκείνοις δὲ δὴ καὶ ἄγνωστα
καὶ πολέμια· καὶ τοὺς ποταμοὺς ἡμεῖς μὲν γυμνοὶ διανέομεν, ἐκεῖνοι δὲ οὐδὲ
πλοίοις ῥᾳδίως περαιοῦνται. ἀλλ´ ἴωμεν ἐπ´ αὐτοὺς
ἀγαθῇ τύχῃ θαρροῦντες. δείξωμεν αὐτοῖς ὅτι λαγωοὶ καὶ ἀλώπεκες
ὄντες κυνῶν καὶ λύκων ἄρχειν ἐπιχειροῦσιν."
| [62,5] 5. « Mon dessein, en vous adressant ces paroles, n'est ni de vous
inspirer la haine du présent (vous le haïssez), ni la crainte de l'avenir
(vous le craignez), mais de vous louer d'avoir de vous-mêmes choisi le
parti nécessaire, et de vous être montrés prêts à me secourir, prêts à
vous secourir vous-mêmes. Ne redoutez pas les Romains : ils ne sont ni
plus nombreux ni plus vaillants que nous. La preuve, c'est qu'ils se
protègent par des casques, des cuirasses, des cuissards, et qu'ils se
sont préparé des palissades et des fossés pour se défendre des
incursions de leurs ennemis. Ce sont des précautions dont ils s'entourent
par crainte plutôt que de marcher résolument en avant comme nous. Il y a
chez nous, en effet, tant de courage, que nous croyons nos tentes plus
sûres que leurs murailles, nos boucliers préférables à leurs armures.
Ainsi, vainqueurs, nous les tenons en notre pouvoir; repoussés par la
force, la fuite nous dérobe à eux, et, en supposant que nous adoptions le
parti de la retraite, nous nous enfoncerons dans des marais et dans des
montagnes où ils ne sauront ni nous trouver ni nous prendre, tandis
qu'eux, le poids de leurs armures les rend également incapables de
poursuivre et de fuir ; en supposant qu'ils parviennent à s'échapper, leur
refuge est dans un endroit qu'on leur a indiqué à l'avance et où ils vont
s'enfermer comme dans des cages. Ils ont donc en cela une grande
infériorité, et aussi en ce qu'ils ne supportent pas comme nous la faim, la
soif, le froid, la chaleur, et qu'ils ont besoin d'ombre, d'abris, d'une
nourriture apprêtée, de vin, d'huile, et que le manque d'une de ces choses
cause leur perte; au lieu que, pour nous, toute herbe, toute racine nous
est nourriture ; tout suc nous est huile, toute eau nous est vin, tout arbre
nous est maison. En outre, ces pays nous sont familiers et favorables ;
pour eux, au contraire, ils sont, inconnus et ennemis ; nous, nous
traversons les fleuves nus et à la nage; eux, ils ont peine à les passer sur
des bateaux. Marchons donc contre eux, pleins de confiance en la bonne
fortune, et montrons-leur qu'ils ne sont que des lièvres et des renards qui
prétendent commander à des chiens et à des loups. »
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