[62,24] ὁ δὲ δὴ Σενέκας καὶ ὁ Ῥοῦφος ὁ ἔπαρχος ἄλλοι τέ τινες τῶν
ἐπιφανῶν ἐπεβούλευσαν τῷ Νέρωνι· οὔτε γὰρ τὴν ἀσχημοσύνην
οὔτε τὴν ἀσέλγειαν οὔτε τὴν ὠμότητα αὐτοῦ ἔτι φέρειν ἐδύναντο.
αὐτοί τε οὖν ἅμα τῶν κακῶν τούτων ἀπαλλαγῆναι κἀκεῖνον ἐλευθερῶσαι
ἠθέλησαν, ὥσπερ ἄντικρυς Σουλπίκιός τε Ἄσπρος ἑκατόνταρχος καὶ Σούβριος
Φλάουιος χιλίαρχος, ἐκ τῶν σωματοφυλάκων ὄντες, καὶ πρὸς αὐτὸν
τὸν Νέρωνα ὡμολόγησαν. ἐκεῖνός τε
γὰρ ἐρωτηθεὶς ὑπ´ αὐτοῦ τὴν αἰτίαν τῆς ἐπιθέσεως εἶπεν ὅτι
"ἄλλως σοι βοηθῆσαι οὐκ ἐδυνάμην", καὶ ὁ Φλάουιος "καὶ ἐφίλησά
σε" εἶπε "παντὸς μᾶλλον καὶ ἐμίσησα. ἐφίλησα μὲν ἐλπίσας
ἀγαθὸν αὐτοκράτορα ἔσεσθαι, ἐμίσησα δὲ ὅτι τὰ καὶ τὰ ποιεῖς·
οὔτε γὰρ ἁρματηλάτῃ οὔτε κιθαρῳδῷ δουλεύειν δύναμαι". μηνύσεως οὖν
γενομένης οὗτοί τε ἐκολάσθησαν καὶ ἄλλοι δι´ αὐτοὺς
πολλοί. πᾶν γὰρ ὅ τι τις ἐγκαλέσαι τῳ ἐκ περιχαρείας καὶ λύπης
ῥημάτων τε καὶ νευμάτων οἷός τε ἦν, καὶ ἐπεφέρετο καὶ ἐπιστεύετο·
οὐδ´ ἔστιν ὅ τι τῶν ἐγκλημάτων, εἰ καὶ ἐπέπλαστο,
ἀπιστεῖσθαι διὰ τὴν ἀλήθειαν τῶν τοῦ Νέρωνος ἔργων ἐδύνατο.
καὶ διὰ τοῦτ´ ἐς τὰ μάλιστα οἵ τε φίλοι οἱ πονηροὶ καὶ οἰκέται
τινῶν ἤνθησαν· τοὺς μὲν γὰρ ἀλλοτρίους τούς τε ἐχθροὺς ὑποπτεύοντες
ἐφυλάσσοντο, πρὸς δὲ δὴ τοὺς συνόντας καὶ ἄκοντες
ἐγυμνοῦντο.
| [62,24] An de Rome 618. Licinius Nerva et M. Vestinus consuls.
24. Sénèque, au, contraire, ainsi que Rufus, préfet du prétoire, et
quelques autres citoyens illustres, tramèrent un complot contre Néron ; ils
ne pouvaient plus supporter ni son infamie, ni ses désordres, ni sa
cruauté. Ils voulurent se délivrer eux-mêmes de ces maux et l'en
affranchir aussi, comme le confessèrent ouvertement devant Néron lui-même le centurion Sulpicius Asper et le tribun Flavius Subrius, faisant
tous les deux partie des gardes du corps. Le premier, interrogé sur les
motifs qui l'avaient poussé à conspirer, répondit : « Je n'avais pas d'autre
moyen de te secourir ; » Subrius lui dit : « Je t'ai aimé et je t'ai haï plus
que personne. Je t'ai aimé tant que j'ai espéré que tu serais un bon prince
; mais je t'ai haï parce que tu fais ceci et cela, car je ne saurais être
l'esclave d'un conducteur de char et d'un musicien. » La conjuration donc
ayant été découverte, ceux qui y avaient eu part furent punis, et plusieurs
autres à leur occasion. Tout transport de joie, toute tristesse, toute parole,
tout geste qu'on pouvait reprocher à quelqu'un était dénoncé et obtenait
créance ; il n'y avait pas, en effet, d'accusation, si calomnieuse qu'elle
fût, que la vérité des crimes de Néron ne rendît croyable. Aussi les
mauvais amis et les esclaves de certains citoyens se signalèrent-ils alors ;
car, si la défiance mettait quelqu'un en garde contre les étrangers et
contre ses ennemis, il se découvrait malgré lui à ceux avec qui il vivait.
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