[62,23] ὅτι ὁ Κορβούλων ἐν μὲν τῷ φανερῷ τὸν πρὸς Οὐολόγαισον
πόλεμον παρεσκευάζετο, καὶ πέμψας ἑκατοντάρχην ἐκέλευσεν αὐτὸν
ἀπαλλαγῆναι τῆς χώρας, ἰδίᾳ δὲ συνεβούλευέν οἱ τὸν ἀδελφὸν ἐς
τὴν Ῥώμην πέμψαι, καὶ ἔπεισεν, ἐπειδὴ κρείττων αὐτοῦ τῇ δυνάμει ἐδόκει εἶναι.
συνῆλθον οὖν ἐν αὐτῇ τῇ Ῥανδείᾳ ὅ τε Κορβούλων καὶ ὁ Τιριδάτης· τοῦτο γὰρ τὸ
χωρίον ἀμφοτέροις ἤρεσε, τῷ
μὲν ὅτι ἀπολαβόντες ἐς αὐτὸ τοὺς Ῥωμαίους ὑποσπόνδους ἀφῆκαν,
πρὸς ἔνδειξιν ὧν εὐηργέτηντο, τῷ δὲ ὅτι τὴν δύσκλειαν τὴν ἐν
αὐτῷ πρότερον συμβᾶσάν σφισιν ἀποτρίψεσθαι ἔμελλον. οὐδὲ γὰρ
ἁπλῶς λόγους τινὰς ἐποιήσαντο, ἀλλὰ καὶ βῆμα ὑψηλὸν ἠγέρθη
καὶ ἐπ´ αὐτοῦ εἰκόνες τοῦ Νέρωνος ἐστάθησαν, ὅ τε Τιριδάτης
πολλῶν μὲν Ἀρμενίων πολλῶν δὲ Πάρθων καὶ Ῥωμαίων παρόντων προσῆλθέ τε
αὐταῖς καὶ προσεκύνησεν, θύσας τε καὶ ἐπευφημήσας τὸ διάδημα ἀπό τε τῆς
κεφαλῆς ἀφεῖλε καὶ παρέθηκεν
αὐταῖς· καὶ ὁ Μονόβαζος καὶ ὁ Οὐολόγαισος πρὸς τὸν Κορβούλωνα ἦλθον καὶ
ὁμήρους αὐτῷ ἔδωκαν. καὶ ἐπὶ τούτοις ὁ Νέρων
αὐτοκράτωρ τε πολλάκις ἐπεκλήθη, καὶ τὰ ἐπινίκια ἔπεμψε παρὰ
τὸ νενομισμένον.
Κορβούλων μὲν οὖν, καίτοι καὶ ἰσχὺν μεγάλην καὶ δόξαν οὐκ
ἐλαχίστην ἔχων, καὶ δυνηθεὶς ἂν ῥᾷστα καὶ αὐτοκράτωρ, ἅτε καὶ
τῶν ἀνθρώπων τῷ τε Νέρωνι δεινῶς ἀχθομένων καὶ ἐκεῖνον ἐς
πάντα δὴ πάντως θαυμαζόντων, ἀποδειχθῆναι, οὔτε ἐνεωτέρισέ τι
οὔτε ᾐτιάθη. τά τε γὰρ ἄλλα ἔτι καὶ μᾶλλον ἐμετρίαζε, καὶ τὸν
γαμβρὸν Ἄννιον ὑποστρατηγοῦντά οἱ ἐς τὴν Ῥώμην, πρόφασιν μὲν
ὡς τὸν Τιριδάτην ἀνάξοντα, τὸ δ´ ἀληθὲς ἐφ´ ὁμηρείᾳ τῷ Νέρωνι
ἑκὼν ἔπεμψεν. οὕτω γάρ που ἐπεπίστευτο μηδὲν νεοχμώσειν ὥστε
καὶ τὸν γαμβρόν, καὶ πρὶν στρατηγῆσαι, ὕπαρχον λαβεῖν.
| [62,23] 23. Corbulon, aux yeux de tous, se préparait à la guerre contre
Vologèse, et il lui envoya même un centurion pour le sommer d'évacuer le
pays ; mais, secrètement, il lui conseillait d'envoyer son frère à Rome, et il
l'y décida, attendu qu'il passait pour avoir des forces supérieures aux
siennes. Il y eut donc une entrevue à Rhandéa même entre Corbulon et
Tiridate : cet endroit avait été choisi par tous les deux; il devait, pour l'un,
montrer le service rendu aux Romains qui, s'étant laissé envelopper,
avaient été remis en liberté en vertu d'une capitulation ; pour l'autre,
effacer la honte qu'ils avaient subie. En effet, ce ne fut pas simplement
une conférence : on éleva une haute tribune sur laquelle fut placé un
buste de Néron; Tiridate, en présence d'un grand nombre d'Arméniens,
de Parthes et de Romains, s'avança vers lui et se prosterna ; puis, après
avoir offert des sacrifices et adressé d'humbles prières, il enleva son
diadème de dessus sa tète et le déposa sur le buste de l'empereur ;
Monobaze et Vologèse vinrent trouver Corbulon, et lui donnèrent des
otages. Néron, à raison de ces faits, fut proclamé imperator plusieurs fois,
et triompha contrairement aux lois. Bien qu'en possession d'une grande
autorité et d'une gloire éclatante, bien que pouvant sans peine, attendu
qu'on haïssait fortement Néron et qu'on admirait en tout toutes les actions
de son général, se faire proclamer empereur, Corbulon, non seulement ne
se révolta pas, mais n'en fut pas même accusé. Il n'en fut que plus
modéré encore dans le reste de sa conduite, et envoya volontairement
son gendre Annius, qui lui servait de lieutenant, à Rome, sous prétexte d'y
conduire Tiridate, mais, en réalité, afin d'offrir un otage à Néron. Car on
était si bien convaincu qu'il ne tenterait aucun soulèvement, que son
gendre reçut le consulat avant même d'avoir été préteur.
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