[62,18] πάντων δὲ δὴ τῶν ἄλλων οὕτω διακειμένων, καὶ πολλῶν καὶ
ἐς αὐτὸ τὸ πῦρ ὑπὸ τοῦ πάθους ἐμπηδώντων, ὁ Νέρων ἔς τε τὸ ἄκρον τοῦ
παλατίου, ὅθεν μάλιστα σύνοπτα τὰ πολλὰ τῶν καιομένων ἦν,
ἀνῆλθε, καὶ τὴν σκευὴν τὴν κιθαρῳδικὴν λαβὼν ᾖσεν ἅλωσιν, ὡς
μὲν αὐτὸς ἔλεγεν, Ἰλίου, ὡς δὲ ἑωρᾶτο, Ῥώμης.
τοιούτῳ μὲν δὴ πάθει τότε ἡ πόλις ἐχρήσατο οἵῳ οὔτε πρότερόν ποτε οὔθ´
ὕστερον, πλὴν τοῦ Γαλατικοῦ. τό τε γὰρ Παλάτιον τὸ ὄρος σύμπαν καὶ τὸ
θέατρον τοῦ Ταύρου τῆς τε λοιπῆς
πόλεως τὰ δύο που μέρη ἐκαύθη, καὶ ἄνθρωποι ἀναρίθμητοι
διεφθάρησαν. ὁ μέντοι δῆμος οὐκ ἔστιν ὅ τι οὐ κατὰ τοῦ Νέρωνος ἠρᾶτο, τὸ μὲν
ὄνομα αὐτοῦ μὴ ὑπολέγων, ἄλλως δὲ δὴ τοῖς
τὴν πόλιν ἐμπρήσασι καταρώμενοι, καὶ μάλισθ´ ὅτι αὐτοὺς ἡ
μνήμη τοῦ λογίου τοῦ} κατὰ τὸν Τιβέριόν ποτε ᾀσθέντος ἐθορύβει.
ἦν δὲ τοῦτο "τρὶς δὲ τριηκοσίων περιτελλομένων ἐνιαυτῶν
Ῥωμαίους ἔμφυλος ὀλεῖ στάσις".
ἐπειδή τε ὁ Νέρων παραμυθούμενος αὐτοὺς οὐδαμοῦ ταῦτα
τὰ ἔπη εὕρασθαι ἔλεγε, μεταβαλόντες ἕτερον λόγιον ὡς καὶ Σιβύλλειον ὄντως ὂν
ᾖδον· ἔστι δὲ τοῦτο "ἔσχατος Αἰνεαδῶν μητροκτόνος ἡγεμονεύσει".
καὶ ἔσχεν οὕτως, εἴτε καὶ ὡς ἀληθῶς θεομαντείᾳ τινὶ προλεχθέν, εἴτε καὶ τότε
ὑπὸ τοῦ ὁμίλου πρὸς τὰ παρόντα θειασθέν·
τελευταῖος γὰρ τῶν Ἰουλίων τῶν ἀπὸ Αἰνείου γενομένων ἐμονάρχησε. χρήματα
δὲ ὁ Νέρων παμπληθῆ καὶ παρὰ τῶν ἰδιωτῶν
καὶ παρὰ τῶν δήμων, τὰ μὲν βίᾳ ἐπὶ τῇ προφάσει τοῦ ἐμπρησμοῦ,
τὰ δὲ καὶ παρ´ ἑκόντων δῆθεν ἠργυρολόγησεν, καὶ τῶν Ῥωμαίων
αὐτῶν τὸ σιτηρέσιον παρεσπάσατο.
| [62,18] 18. Pendant que tous les autres Romains étaient dans cette
disposition, et que même plusieurs, par la force de la douleur, s'élançaient
dans les flammes, Néron monta sur le haut du Palatin, d'où les regards
embrassaient le mieux la plus grande partie de l'incendie, et, vêtu en
cithariste, chanta, disait-il, la ruine d'Ilion, et, en réalité, celle de Rome. La
ville éprouva alors un malheur tel que jamais, ni auparavant ni dans la
suite, elle n'en éprouva, si ce n'est du temps des Gaulois. En effet, le
mont Palatin tout entier, le théâtre de Taurus et les deux tiers du reste de
la ville furent la proie des flammes, et il périt une quantité innombrable de
monde. Cependant il n'y eut pas d'imprécation dont le peuple ne chargeât
Néron, sans toutefois prononcer son nom, mais en maudissant en général
ceux qui avaient mis le feu à la ville, d'autant plus que le souvenir d'un
oracle, qui avait circulé au temps de Tibère, jetait le trouble dans les
esprits. Voici cet oracle :
"Trois fois trois cents ans accomplis, guerre civile perdra les Romains".
Néron, pour consoler le peuple, ayant dit que ces vers ne se
trouvaient nulle part, le peuple, changeant d'oracle, en fit circuler un autre
comme véritable oracle sibyllin. Le voici :
"Le dernier empereur de la race d'Énée sera meurtrier de sa mère".
La prédiction s'accomplit, soit que cet oracle ait été une prophétie
venant des dieux, soit qu'alors la multitude, poussée par l'inspiration
divine, l'ait appliqué à l'état présent des affaires ; car Néron fut le dernier
de la famille des Jules, issue d'Énée, qui eut le pouvoir suprême. Il leva
des sommes immenses sur les particuliers et sur les peuples, les unes
par force sous le prétexte de cet incendie, les autres de leur
consentement apparent, et supprima pour les Romains eux-mêmes les
distributions de blé.
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