[62,16] μετὰ δὲ ταῦτα ἐπεθύμησεν ὅπερ που ἀεὶ ηὔχετο, τήν τε πόλιν
ὅλην καὶ τὴν βασιλείαν ζῶν ἀναλῶσαι· τὸν γοῦν Πρίαμον καὶ αὐτὸς
θαυμαστῶς ἐμακάριζεν ὅτι καὶ τὴν πατρίδα ἅμα καὶ τὴν
ἀρχὴν ἀπολομένας εἶδεν. λάθρᾳ γάρ τινας ὡς καὶ μεθύοντας ἢ
καὶ κακουργοῦντάς τι ἄλλως διαπέμπων, τὸ μὲν πρῶτον ἕν που
καὶ δύο καὶ πλείονα ἄλλα ἄλλοθι ὑπεπίμπρα, ὥστε τοὺς ἀνθρώπους
ἐν παντὶ ἀπορίας γενέσθαι, μήτ´ ἀρχὴν τοῦ κακοῦ ἐξευρεῖν
μήτε τέλος ἐπαγαγεῖν δυναμένους ἀλλὰ πολλὰ μὲν ὁρῶντας πολλὰ
δὲ ἀκούοντας ἄτοπα. οὔτε γὰρ θεάσασθαι ἄλλο τι ἦν ἢ πυρὰ
πολλὰ ὥσπερ ἐν στρατοπέδῳ, οὔτε ἀκοῦσαι λεγόντων τινῶν ἢ ὅτι
τὸ καὶ τὸ καίεται· ποῦ; πῶς; ὑπὸ τίνος; βοηθεῖτε. θόρυβός
τε οὖν ἐξαίσιος πανταχοῦ πάντας κατελάμβανε, καὶ διέτρεχον οἱ
μὲν τῇ οἱ δὲ τῇ ὥσπερ ἔμπληκτοι. καὶ ἄλλοις τινὲς ἐπαμύνοντες
ἐπυνθάνοντο τὰ οἴκοι καιόμενα· καὶ ἕτεροι πρὶν καὶ ἀκοῦσαι ὅτι
τῶν σφετέρων τι ἐμπέπρησται, ἐμάνθανον ὅτι ἀπόλωλεν. οἵ τε
ἐκ τῶν οἰκιῶν ἐς τοὺς στενωποὺς ἐξέτρεχον ὡς καὶ ἔξωθεν αὐταῖς
βοηθήσοντες, καὶ οἱ ἐκ τῶν ὁδῶν εἴσω ἐσέθεον ὡς καὶ ἔνδον τι
ἀνύσοντες. καὶ ἦν ἥ τε κραυγὴ καὶ ὀλολυγὴ παίδων ὁμοῦ γυναικῶν
ἀνδρῶν γερόντων ἄπλετος, ὥστε μήτε συνιδεῖν μήτε συνεῖναί τι
ὑπὸ τοῦ καπνοῦ καὶ τῆς κραυγῆς δύνασθαι· καὶ διὰ ταῦθ´ ὁρᾶν
ἦν τινας ἀφώνους ἑστῶτας ὥσπερ ἐνεοὺς ὄντας. κἀν τούτῳ πολλοὶ
μὲν καὶ τὰ σφέτερα ἐκκομιζόμενοι, πολλοὶ δὲ καὶ τὰ ἀλλότρια
ἁρπάζοντες ἀλλήλοις τε ἐνεπλάζοντο καὶ περὶ τοῖς σκεύεσιν
ἐσφάλλοντο, καὶ οὔτε προϊέναι ποι οὔθ´ ἑστάναι εἶχον, ἀλλ´
ὤθουν ὠθοῦντο, ἀνέτρεπον ἀνετρέποντο. καὶ συχνοὶ μὲν ἀπεπνίγοντο συχνοὶ δὲ
συνετρίβοντο, ὥστε σφίσι μηδὲν ὅ τι τῶν δυναμένων
ἀνθρώποις ἐν τῷ τοιούτῳ πάθει κακῶν συμβῆναι μὴ συνενεχθῆναι. οὐδὲ
γὰρ οὐδ´ ἀποφυγεῖν που ῥᾳδίως ἐδύναντο· κἂν
ἐκ τοῦ παρόντος τις περιεσώθη, ἐς ἕτερον ἐμπεσὼν ἐφθείρετο.
| [62,16] 16. A la suite de cela, il eut le désir d'exécuter un dessein qui avait
toujours été l'objet de ses vœux, celui de ruiner de son vivant Rome tout
entière et l'empire ; car il enviait à Priam le rare bonheur d'avoir assisté à
la destruction de sa patrie et de son royaume. Il envoya sous main
quelques hommes qui, comme s'ils eussent été ivres ou dans l'intention
de faire un mauvais coup quelconque, mirent d'abord, les uns ici, les
autres là, le feu en un, en deux endroits et plus ; de sorte que les
habitants se trouvèrent dans la dernière perplexité, sans pouvoir découvrir
la cause première de ce malheur ni y mettre fin, voyant et entendant une
foule de choses étranges. On n'avait d'autre spectacle que celui d'un
immense brasier, comme dans un camp; on n'entendait répéter que ces
mots : « Le feu est ici, le feu est là ; où ? comment ? quel est l'auteur ? Au
secours ! » Tout le monde était partout en proie à un trouble inexprimable
; les uns couraient d'un côté, les autres d'un autre, comme des hébétés.
Quelques-uns, occupés à porter secours à d'autres, recevaient la nouvelle
que leur maison brûlait; d'autres, avant même d'avoir entendu dire que
quelque chose chez eux avait été attaqué par l'incendie, en apprenaient
la perte. Les uns s'échappaient, en courant de leurs maisons dans les
rues, pour tâcher de les sauver par dehors ; les autres s'élançaient de la
voie publique au dedans, pour mieux réussir dans l'intérieur. C'étaient des
clameurs et des hurlements incessants d'enfants, de femmes, d'hommes,
de vieillards, au point que la fumée et les cris empêchaient de rien
distinguer et de rien comprendre ; aussi pouvait-on voir des personnes
demeurées immobiles, sans voix, comme frappées de stupeur. Pendant
ce temps, beaucoup qui emportaient leurs meubles, beaucoup qui
enlevaient ceux des autres, s' entre-heurtaient et se trompaient de
mobilier; ils ne pouvaient ni rester en place ni avancer, ils poussaient et
étaient poussés, ils renversaient et étaient renversés. Plusieurs étaient
asphyxiés, plusieurs étaient écrasés, en sorte qu'il ne manquait aucun
des malheurs qui peuvent survenir à l'homme dans une pareille calamité.
En effet, on ne parvenait pas facilement à trouver un refuge ; et, si
quelqu'un avait la chance d'échapper sur le moment, il tombait dans un
autre embarras où il périssait.
|