[62,15] τοσαύτη δ´ ἦν ἡ τοῦ Νέρωνος ἀκολασία ὥστε καὶ ἅρματα
δημοσίᾳ ἤλαυνε. καί ποτε θηρία ἀποκτείνας ὕδωρ τε εὐθὺς ἐς
τὸ θέατρον ἐπωχέτευσε καὶ ναυμαχίαν ἐπετέλεσε, καὶ μετὰ τοῦτο
τὸ ὕδωρ ἀφεὶς μονομαχίαν ἐπιδιέθηκε, καὶ τέλος ἐσαγαγὼν αὐτὸ
αὖθις δεῖπνον δημοσίᾳ πολυτελὲς ἐδείπνισεν. ἑστιάτωρ μὲν ὁ
Τιγελλῖνος ἀπεδέδεικτο, καὶ παρασκευὴ πᾶσα πολλὴ ἐπεπόριστο·
ἐσκευάσθη δὲ τόνδε τὸν τρόπον. ἐν μὲν τῷ μέσῳ καὶ ἐπὶ τῷ
ὕδατι τά τε σκεύη τὰ οἰνηρὰ τὰ ξύλινα τὰ μεγάλα προκαθεῖτο,
καὶ ἐπ´ αὐτῶν σανίδες ἐπεπήγεσαν, πέριξ δὲ περὶ αὐτὸ καπηλεῖα
καὶ οἰκήματα ἐπεποίητο, ὥστε τὸν Νέρωνα καὶ τὸν Τιγελλῖνον
τούς τε συσσίτους αὐτῶν τὸ μέσον ἔχοντας ἐπί τε ταπήτων πορφυρῶν
καὶ ἐπὶ στρωμάτων ἁπαλῶν ἐπευωχεῖσθαι, τοὺς δὲ δὴ
ἄλλους πάντας ἐν τοῖς καπηλείοις εὐθυμεῖσθαι. ἔς τε τὰ πορνεῖα
ἐσῄεσαν, καὶ συνεγίγνοντο πάσαις ἀνέδην ἁπλῶς ταῖς ἐνταῦθα
καθημέναις· ἦσαν δὲ αἵ τε περικαλλέσταται καὶ ἐκφανέσταται,
δοῦλαί τε καὶ ἐλεύθεραι, ἑταῖραι, παρθένοι, γαμεταί τινων, οὐχ
ὅπως δημότιδες ἀλλὰ καὶ αὐταὶ αἱ εὐγενέσταται καὶ κόραι καὶ
γυναῖκες. καὶ ἦν ἐξουσία παντὶ τῷ βουλομένῳ σχεῖν ἣν ἤθελεν·
οὐ γὰρ ἐξῆν αὐταῖς οὐδένα ἀπαρνήσασθαι. ὥστε, οἷα συρφετώδης
ὅμιλος, ἀπλήστως τε ἅμα ἔπινον καὶ ἀσελγῶς ὕβριζον, καί τις
καὶ δοῦλος τῇ δεσποίνῃ παρόντος τοῦ δεσπότου καὶ μονομάχος
εὐγενεῖ κόρῃ ὁρῶντος τοῦ πατρὸς συνεγίνοντο. ὠθισμοί τε καὶ
πληγαὶ καὶ θόρυβοι, τοῦτο μὲν ἀπ´ αὐτῶν τῶν ἐσιόντων, τοῦτο
δὲ καὶ ἐκ τῶν ἔξωθεν περιεστηκότων, αἰσχροὶ συνέβαινον, καὶ
ἄνδρες τε ἐκ τούτων συχνοὶ ἐφθάρησαν καὶ γυναῖκες, αἱ μὲν
ἀποπνιγεῖσαι αἱ δὲ διαρπαγεῖσαι.
{ὅτι ἐκ τῶν συναχθέντων ἐς τὸ Ἄντιον πολλῶν ἀπολομένων
ὁ Νέρων ἐν ἑορτῆς μέρει τοῦτο ἐποιεῖτο}.
| [62,15] An de Rome 817. Lécanus Bassus et Licinius Crassus consuls.
15. Néron avait si peu de retenue qu'il conduisait des chars en public.
Un jour, après avoir tué des bêtes sauvages, il fit tout à coup arriver de
l'eau dans l'amphithéâtre et y représenta un combat naval ; puis, ayant
retiré l'eau, il y donna un combat de gladiateurs ; enfin, ramenant l'eau de
nouveau, il offrit au peuple un festin somptueux. Tigellinus fut nommé
ordonnateur du festin, dont tous les apprêts avaient été faits avec une
grande magnificence ; en voici, du reste, les dispositions. Au milieu de
l'amphithéâtre et sur l'eau avaient été d'abord placés de grands tonneaux
en bois, sur lesquels étaient fixées des planches; à l'entour on avait
construit des cabarets et des maisons de débauche, en sorte que Néron,
Tigellinus et leurs convives occupaient le milieu, se livrant à la bonne
chère sur des tapis de pourpre et de moelleux coussins, tandis que tous
les autres assistants contentaient leurs caprices dans les cabarets. Les
hommes entraient dans les lupanars et jouissaient à leur aise de toutes
les femmes, sans distinction, qui s'y tenaient assises : c'étaient les
femmes les plus belles et les plus remarquables, esclaves, libres,
courtisanes, vierges, femmes mariées; non seulement des filles et des
femmes du peuple, mais encore des plus nobles familles. Chacun avait la
liberté de prendre à son gré celle qui lui plaisait, car il ne leur était permis
de refuser qui que ce fût. Aussi la foule, composée de la lie du peuple,
buvait avec excès et se portait ensuite à une insolence brutale : un
esclave jouissait de sa maîtresse en présence de son maître ; un
gladiateur, d'une jeune fille noble sous les yeux de son père. Il y eut aussi
des altercations, des coups, des désordres honteux de la part non
seulement de ceux qui entraient, mais encore de ceux qui se tenaient en
dehors ; et, par suite, il y eut mort d'hommes et de femmes, dont les unes
furent étouffées, les autres écharpées.
{Beaucoup de ceux qui étaient rassemblés à Antium ayant péri,
Néron s'en fit une fête.}
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