[62,12] τοιαῦτα καὶ παραπλήσια τούτοις εἰπὼν ἦρε τὸ σημεῖον τῆς
μάχης· κἀκ τούτου συνῆλθον, οἱ μὲν βάρβαροι κραυγῇ τε πολλῇ
καὶ ᾠδαῖς ἀπειλητικαῖς χρώμενοι, οἱ δὲ Ῥωμαῖοι σιγῇ καὶ κόσμῳ,
μέχρις οὗ ἐς ἀκοντίου βολὴν ἀφίκοντο. ἐνταῦθα δὲ ἤδη βάδην
τῶν πολεμίων προσιόντων σφίσιν ἐξᾴξαντες ἅμα ἀπὸ συνθήματος
ἐπέδραμον αὐτοῖς ἀνὰ κράτος, καὶ ἐν μὲν τῇ προσμίξει ῥᾳδίως
τὴν ἀντίταξίν σφων διέρρηξαν, περισχεθέντες δὲ τῷ πλήθει πανταχόθεν
ἅμα ἐμάχοντο. καὶ ἦν ὁ ἀγωνισμὸς αὐτῶν πολύτροπος·
τοῦτο μὲν γὰρ οἱ ψιλοὶ τοὺς ψιλοὺς ἀντέβαλλον, τοῦτο δὲ οἱ
ὁπλῖται τοῖς ὁπλίταις ἀνθίσταντο, οἵ τε ἱππεῖς τοῖς ἱππεῦσι
συνεφέροντο, καὶ πρὸς τὰ ἅρματα τῶν βαρβάρων οἱ τοξόται τῶν
Ῥωμαίων ἀντηγωνίζοντο. τούς τε γὰρ Ῥωμαίους οἱ βάρβαροι
ῥύμῃ τοῖς ἅρμασι προσπίπτοντες ἀνέτρεπον, καὶ αὐτοὶ ὑπὸ τῶν
τοξευμάτων, ἅτε καὶ δίχα θωράκων μαχόμενοι, ἀνεστέλλοντο·
ἱππεύς τε πεζὸν ἀνέτρεπε, καὶ πεζὸς ἱππέα κατέβαλλε· πρός τε
τὰ ἅρματα συμφραξάμενοί τινες ἐχώρουν, καὶ ἄλλοι ὑπ´ αὐτῶν
ἐσκεδάννυντο· τούς τε τοξότας οἱ μὲν ὁμόσε σφίσιν ἰόντες ἔτρεπον,
οἱ δὲ πόρρωθεν ἐφυλάσσοντο. καὶ ταῦτα οὐ καθ´ ἓν ἀλλὰ τριχῇ
πάνθ´ ὁμοίως ἐγίνετο. ἠγωνίσαντο δὲ ἐπὶ πολὺ ὑπὸ τῆς αὐτῆς
ἀμφότεροι προθυμίας καὶ τόλμης. τέλος δὲ ὀψέ ποτε οἱ Ῥωμαῖοι
ἐνίκησαν, καὶ πολλοὺς μὲν ἐν τῇ μάχῃ καὶ πρὸς ταῖς ἁμάξαις τῇ
τε ὕλῃ κατεφόνευσαν, πολλοὺς δὲ καὶ ζῶντας εἷλον. συχνοὶ δ´
οὖν καὶ διέφυγον, καὶ παρεσκευάζοντο μὲν ὡς καὶ αὖθις μαχούμενοι,
ἀποθανούσης δὲ ἐν τούτῳ τῆς Βουδουίκης νόσῳ ἐκείνην
μὲν δεινῶς ἐπένθησαν καὶ πολυτελῶς ἔθαψαν, αὐτοὶ δ´ ὡς καὶ
τότε ὄντως ἡττηθέντες διεσκεδάσθησαν.
| [62,12] 12. Après ces paroles et d'autres semblables, il éleva le signal du
combat, et on en vint aux mains, les barbares avec de grands cris et des
chants de menace ; les Romains en silence et en bon ordre, jusqu'au
moment où ils arrivèrent à la portée du trait. Alors, comme les ennemis
commençaient à s'avancer lentement, les Romains, s'élançant tous à la
fois, à un instant donné, fondirent sur eux avec vigueur et n'eurent pas de
peine à enfoncer leurs rangs dans la mêlée ; mais, enveloppés par le
nombre, ils combattirent de tout côté à la fois. La lutte présenta des
aspects divers : ici, les soldats armés à la légère lancent des traits contre
les soldats armés à la légère ; là, les soldats pesamment armés résistent
aux soldats pesamment armés, la cavalerie charge la cavalerie, les
archers romains sont aux prises avec les chars des barbares. Les
barbares, en effet, avec leurs chars, s'élançant impétueusement contre
les Romains, les culbutaient ; eux-mêmes, à leur tour, attendu qu'ils
combattaient sans cuirasses, étaient repoussés par les flèches des
archers; un cavalier culbutait un fantassin, un fantassin renversait un
cavalier; des pelotons marchaient contre les chars, d'autres étaient
dispersés par eux; ceux-ci, en s'approchant des archers, les mettaient en
fuite; ceux-là s'en garaient de loin. Tout cela se passait pareillement non
sur un seul point, mais de trois côtés à la fois. On lutta longtemps de part
et d'autre avec la même ardeur et la même audace. A la fin pourtant, bien
que tard, les Romains eurent l'avantage; ils firent un grand carnage dans
le combat, auprès des chars et de la forêt, et ils prirent vifs beaucoup de
barbares. Un assez grand nombre de Bretons durent leur salut à la fuite,
et ils se préparaient à livrer une nouvelle bataille, mais Bunduica étant
morte de maladie dans cet intervalle, ils la pleurèrent amèrement et lui
firent des funérailles magnifiques, quant à eux, se tenant alors pour
véritablement vaincus, ils se dispersèrent. Voilà pour les affaires de la
Bretagne.
|