[61,9] ἐν δέ τινι θέᾳ ἄνδρες ταύρους ἀπὸ ἵππων, συμπαραθέοντές
σφισι, κατέστρεφον, τετρακοσίας τε ἄρκτους καὶ τριακοσίους λέοντας οἱ ἱππεῖς οἱ
σωματοφύλακες τοῦ Νέρωνος κατηκόντισαν, ὅτε
καὶ ἱππεῖς ἐκ τοῦ τέλους τριάκοντα ἐμονομάχησαν. ἐν μὲν δὴ οὖν
τῷ φανερῷ ταῦτ´ ἐποίει, κρύφα δὲ νύκτωρ ἐκώμαζε κατὰ πᾶσαν
τὴν πόλιν, ὑβρίζων ἐς τὰς γυναῖκας καὶ ἀσελγαίνων ἐς τὰ μειράκια,
ἀποδύων τε τοὺς ἀπαντῶντας, παίων τιτρώσκων φονεύων. καὶ ἐδόκει
μέν πως λανθάνειν (καὶ γὰρ ἐσθῆσι ποικίλαις καὶ κόμαις περιθέτοις ἄλλοτε
ἄλλαις ἐχρῆτο), ἠλέγχετο δὲ ἔκ τε τῆς ἀκουλουθίας
καὶ ἐκ τῶν ἔργων· οὐδεὶς γὰρ ἂν τοσαῦτα καὶ τηλικαῦτα ἀδεῶς
οὕτως ποιῆσαι ἐτόλμησεν. οὐδὲ γὰρ οὐδ´ οἴκοι μένειν ἀσφαλὲς
οὐδενὶ ἐγίγνετο, ἀλλὰ καὶ ἐς ἐργαστήρια καὶ ἐς οἰκίας ἐσεπήδα.
Ἰούλιος οὖν τις Μοντανὸς βουλευτής, ἀγανακτήσας ὑπὲρ τῆς γυναικός,
προσέπεσέ τε αὐτῷ καὶ πληγὰς πολλὰς ἐνεφόρησεν, ὥσθ´ ὑπὸ
τῶν ὑπωπίων συχναῖς αὐτὸν ἡμέραις κρυφθῆναι. καὶ ἔπαθεν ἂν
ἐπὶ τούτῳ δεινὸν οὐδέν (ὁ γὰρ Νέρων ἐκ συντυχίας ἄλλως ὑβρίσθαι
νομίσας οὐδεμίαν ὀργὴν ἐποιεῖτο), εἰ μὴ ἐπέστειλεν αὐτῷ συγγνώμην
αἰτούμενος. ὡς γὰρ ἀναγνοὺς ὁ Νέρων τὰ γράμματα ἔφη
"οὐκοῦν ᾔδει Νέρωνα τύπτων", αὑτὸν κατεχρήσατο. ἐν δέ τινι
θεάτρῳ θέας ἐπιτελῶν, εἶτα πληρώσας ἐξαίφνης τὸ θέατρον ὕδατος
θαλασσίου ὥστε καὶ ἰχθύας καὶ κήτη ἐν αὐτῷ νήχεσθαι, ναυμαχίαν
τε ἐποίησε Περσῶν δὴ τινῶν καὶ Ἀθηναίων, καὶ μετ´ αὐτὴν τό τε
ὕδωρ εὐθὺς ἐξήγαγε, καὶ ξηράνας τὸ δάπεδον πεζοὺς πάλιν οὐχ
ὅπως ἕνα πρὸς ἕνα ἀλλὰ καὶ πολλοὺς ἅμα πρὸς ἴσους συνέβαλεν.
| [61,9] 9. Dans des jeux qu'il donna, des hommes montés sur des chevaux
donnèrent la chasse à des taureaux qu'ils terrassèrent; les cavaliers de la
garde de Néron percèrent de javelots quatre cents ours et trois cents
lions; il y eut même trente chevaliers servant dans l'armée qui, alors,
combattirent comme des gladiateurs. Voilà les divertissements qu'il
prenait en public ; en secret, la nuit, il errait par toute la ville, en furieux,
outrageant les femmes, exerçant ses brutalités sur les enfants,
détroussant les passants, frappant, blessant, tuant. Il croyait être inconnu
(il faisait usage de diverses sortes d'habits et tantôt d'une perruque,
tantôt d'une autre), mais sa suite et ses actes le démasquaient :
personne, en effet, n'aurait impunément osé tant et de telles choses. Il n'y
avait de sûreté pour personne, même à rester chez soi; Néron forçait les
ateliers et les maisons. Aussi un sénateur, Julius Montanus, indigné des
outrages faits à sa femme, tomba sur lui et lui porta plusieurs coups dont
les traces, marquées sur le visage, l'obligèrent à rester caché pendant
quelques jours. Montanus, toutefois, n'en aurait souffert aucun mal
(Néron, s'imaginant avoir été blessé par hasard sur le moment, n'en
montrait aucune colère), s'il n'eût écrit au prince pour implorer sa grâce. A
la lecture de cette lettre, celui-ci s'écria : « Il savait donc que c'était Néron
qu'il frappait, » et Montanus se procura la mort. Après avoir, pendant des
jeux qu'il donnait dans un amphithéâtre, rempli tout à coup de l'eau de la
mer cet amphithéâtre, de sorte qu'on y vit nager des poissons et des
monstres marins, il y représenta le combat naval des Perses et des
Athéniens ; puis il retira l'eau aussitôt, et, le sol séché, il y fit combattre de
nouveau des gens de pied, non seulement un contre un, mais encore
plusieurs à la fois contre un nombre égal d'adversaires.
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