[61,10] ἐγένοντο δὲ μετὰ ταῦτα καὶ δικανικοὶ ἀγῶνες, ἐξ ὧν καὶ αὐτῶν
συχνοὶ καὶ ἔφυγον καὶ ἀπέθανον.
ὅτι ὁ Σενέκας αἰτίαν ἔσχε, καὶ ἐνεκλήθη ἄλλα τε καὶ ὅτι τῇ
Ἀγριππίνῃ συνεγίγνετο· οὐ γὰρ ἀπέχρησεν αὐτῷ τὴν Ἰουλίαν
μοιχεῦσαι, οὐδὲ βελτίων ἐκ τῆς φυγῆς ἐγένετο, ἀλλὰ καὶ τῇ Ἀγριππίνῃ τοιαύτῃ
τε οὔσῃ καὶ τοιοῦτον υἱὸν ἐχούσῃ ἐπλησίαζεν. οὐ
μόνον δὲ ἐν τούτῳ ἀλλὰ καὶ ἐν ἄλλοις πάντα τὰ ἐναντιώτατα οἷς
ἐφιλοσόφει ποιῶν ἠλέγχθη. καὶ γὰρ τυραννίδος κατηγορῶν τυραννοδιδάσκαλος
ἐγίνετο, καὶ τῶν συνόντων τοῖς δυνάσταις κατατρέχων οὐκ ἀφίστατο τοῦ
παλατίου, τούς τε κολακεύοντάς τινα
διαβάλλων αὐτὸς οὕτω τὴν Μεσσαλῖναν καὶ τοὺς τοῦ Κλαυδίου ἐξελευθέρους
ἐθώπευεν ὥστε καὶ βιβλίον σφίσιν ἐκ τῆς νήσου πέμψαι ἐπαίνους αὐτῶν ἔχον, ὃ
μετὰ ταῦτα ὑπ´ αἰσχύνης ἀπήλειψε.
τοῖς τε πλουτοῦσιν ἐγκαλῶν οὐσίαν ἑπτακισχιλίων καὶ πεντακοσίων μυριάδων
ἐκτήσατο, καὶ τὰς πολυτελείας τῶν ἄλλων αἰτιώμενος πεντακοσίους τρίποδας
κιτρίνου ξύλου ἐλεφαντόποδας ἴσους
καὶ ὁμοίους εἶχε, καὶ ἐπ´ αὐτῶν εἱστία. τοῦτο γὰρ εἰπὼν καὶ
τἆλλα τὰ ἀκόλουθα αὐτῷ δεδήλωκα, τάς τε ἀσελγείας, ἃς πράττων γάμον τε
ἐπιφανέστατον ἔγημε καὶ μειρακίοις ἐξώροις ἔχαιρε,
καὶ τοῦτο καὶ τὸν Νέρωνα ποιεῖν ἐδίδαξε, καίπερ τοσαύτῃ πρόσθεν αὐστηρότητι
τῶν τρόπων χρώμενος ὥστε καὶ αἰτήσασθαι
παρ´ αὐτοῦ μήτε φιλεῖν αὐτὸν μήτε συσσιτεῖν αὐτῷ.
καὶ τούτου μὲν καὶ πρόφασίν τινα ἔσχεν, ἵνα δὴ καὶ φιλοσοφεῖν ἐπὶ σχολῆς
δύνηται, μηδὲν ὑπὸ τῶν δείπνων αὐτοῦ ἐμποδιζόμενος, τὸ δὲ δὴ
τοῦ φιλήματος οὐκ ἔχω συννοῆσαι διότι ἐξέστη· ὃ γάρ τοι καὶ
μόνον ἄν τις ὑποπτεύσειεν, ὅτι οὐκ ἤθελε τοιοῦτο στόμα φιλεῖν,
ἐλέγχεται ἐκ τῶν παιδικῶν αὐτοῦ ψεῦδος ὄν. ἔκ τε οὖν τούτων
καὶ ἐκ τῆς μοιχείας ἐγκληθείς τινα τότε μὲν αὐτός τε μηδὲ κατηγορηθεὶς ἀφείθη
καὶ τὸν Πάλλαντα τόν τε Βοῦρρον ἐξῃτήσατο,
ὕστερον δὲ οὐ καλῶς ἀπήλλαξεν.
| [61,10] 10. Il y eut ensuite des luttes judiciaires, qui se terminèrent par l'exil
et par la mort de plusieurs personnes. Sénèque aussi fut mis en cause et
accusé, entre autres choses, de liaisons criminelles avec Agrippine ; {il ne
suffisait pas, en effet, à ce philosophe d'avoir été l'amant de Julie, et il ne
s'était pas amélioré en revenant de l'exil ; loin de la, il entretenait des
accointances avec Agrippine, femme d'un rang si élevé et mère d'un tel
fils}. Il fut, non seulement sur ce point, mais sur d'autres encore,
convaincu de tenir une conduite tout opposée à ses maximes. Il blâmait la
tyrannie, et il était le précepteur d'un tyran ; il s'élevait contre ceux qui
fréquentaient les princes, et il n'abandonnait pas le palais ; il censurait les
flatteurs, et il courtisait Messaline et les affranchis de Claude, {jusqu'à leur
adresser de son île un livre rempli de louanges, livre que, de honte, il
effaça dans la suite}. Il accusait les riches, et il possédait une fortune de
sept millions cinq cent mille drachmes ; il parlait contre le luxe des autres,
et il avait chez lui cinq cents trépieds en bois de citre avec pieds d'ivoire,
tous de même grandeur et de même forme, et il donnait dessus de
délicieux repas. Ce détail montre les dérèglements de sa conduite : il fit un
brillant mariage et ne laissa pas d'aimer les grands garçons et d'enseigner
cette débauche à Néron, bien qu'il eût autrefois montré une austérité de
mœurs telle qu'il avait prié le prince de ne pas l'embrasser et de ne pas le
faire manger avec lui. {Pour la dernière de ces demandes, Sénèque avait
un prétexte, celui de pouvoir consacrer ses loisirs à la philosophie sans en
être empêché par les festins de l'empereur ; mais, pour ce qui est du
baiser, je ne saurais comprendre pourquoi il l'évitait : le seul motif qu'on
en serait tenté de soupçonner, celui de ne pas vouloir baiser une telle
bouche, est d'une fausseté démontrée rien que par ses amusements.
Accusé à raison de ces faits et de ses amours adultères, il fut alors
acquitte avant d'avoir été mis en jugement, et il obtint aussi la grâce de
Pallas et celle de Burrus; plus tard, il ne s'en tira pas à son avantage.}
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