[61,6] τοιοῦτος μὲν τὸ σύμπαν ὁ Νέρων ἐγένετο, λέξω δὲ καὶ καθ´
ἕκαστον. περὶ μὲν οὖν τὰς ἱπποδρομίας τοσαύτῃ σπουδῇ ὁ Νέρων
ἐκέχρητο ὥστε καὶ τοὺς ἵππους τοὺς ἀγωνιστὰς τοὺς ἐπιφανεῖς
τοὺς παρηβηκότας στολῇ τε ἀγοραίῳ ὡς ἄνδρας τινὰς κοσμῆσαι
καὶ χρήμασιν ὑπὲρ σιτηρεσίου τιμῆσαι. ἐπαιρομένων δὲ δὴ καὶ
τῶν ἱπποτρόφων καὶ τῶν ἡνιόχων τῇ παρ´ αὐτοῦ σπουδῇ, καὶ δεινῶς τούς τε
στρατηγοὺς καὶ τοὺς ὑπάτους ὑβριζόντων, Αὖλος Φαβρίκιος στρατηγῶν ἐκείνοις
μὲν μὴ βουληθεῖσιν ἐπὶ μετρίοις τισὶν
ἀγωνίσασθαι οὐκ ἐχρήσατο, κύνας δὲ διδάξας ἕλκειν ἅρματα ἀντὶ
ἵππων ἐσήγαγε. γενομένου δὲ τούτου οἱ μὲν τῇ λευκῇ τῇ τε πυρρᾷ
σκευῇ χρώμενοι τὰ ἅρματα εὐθὺς καθῆκαν, τῶν δὲ δὴ πρασίων
τῶν τε οὐενετίων μηδ´ ὣς ἐσελθόντων ὁ Νέρων τὰ ἆθλα τοῖς ἵπποις αὐτὸς ἔθηκε,
καὶ ἡ ἱπποδρομία ἐτελέσθη.
ὅτι ἡ Ἀγριππῖνα οὕτω καὶ τὰ μέγιστα πράττειν ἐπεχείρει ὥστε
Μᾶρκον Ἰούνιον Σιλανὸν ἀπέκτεινε, πέμψασα αὐτῷ τοῦ φαρμάκου
ᾧ τὸν ἄνδρα ἐδεδολοφονήκει.
ὅτι ἦρχε τῆς Ἀσίας Σιλανός, καὶ ἦν οὐδὲ ἓν τοῖς ἤθεσι τοῦ
γένους ἐνδεέστερος. ἀφ´ οὗπερ καὶ τὰ μάλιστα ἔλεγεν αὐτὸν ἀποκτεῖναι, ἵνα μὴ
καὶ τοῦ Νέρωνος οὕτω ζῶντος προκριθείη. καὶ μέντοι καὶ ἐκαπήλευσε πάντα,
καὶ ἐκ τῶν βραχυτάτων τῶν τε αἰσχίστων ἠργυρολόγει.
ὅτι Λαιλιανὸς ὁ ἀποσταλεὶς ἐς τὴν Ἀρμενίαν ἀντὶ τοῦ Πωλίωνος τὴν τῶν
νυκτοφυλάκων ἀρχὴν προσετέτακτο, καὶ ἦν οὐδὲν
τοῦ Πωλίωνος βελτίων, ἀλλὰ καὶ ὅσῳ τῇ ἀξιώσει αὐτοῦ προεῖχε,
τόσῳ καὶ ἀπληστότερος ἐπὶ τοῖς κέρδεσιν ἐπεφύκει.
| [61,6] 6. Tel était en somme le caractère de Néron ; mais je vais entrer
dans le détail. Il avait une telle passion pour les courses de chevaux, que,
lorsqu'ils avaient passé l'âge, il décorait les coursiers illustres d'une toge
semblable à celles que l'on porte au Forum, comme s'ils eussent été des
hommes, et leur payait une certaine somme, à titre de pension
alimentaire. Cette inclination de l'empereur ayant enorgueilli les éleveurs
de chevaux et les conducteurs de chars au point qu'ils se montraient
d'une insolence révoltante envers les préteurs et les consuls, Aulus
Fabricius, durant sa préture, irrité de leur refus de combattre pour un prix
modéré, se passa d'eux; il amena dans le cirque, au lieu de chevaux, des
chiens qu'il avait dressés à tirer des chars. Les Blancs et les Rouges
ayant, devant cette provocation, lancé aussitôt leurs chars, sans que, pour
cela, les Verts et les Bleus entrassent en lice, Néron proposa de ses
deniers des prix pour les chevaux, et les jeux du cirque eurent leur
accomplissement.
{Agrippine cherchait tellement à prendre part au maniement des
affaires les plus importantes, qu'elle fit périr M. Junius Silanus, en lui
envoyant le poison avec lequel elle avait tué son mari.}
{Silanus était gouverneur d'Asie, et ses mœurs répondaient en tout à
sa naissance. Ce fut la principale raison alléguée par Agrippine pour le
mettre à mort; elle craignait qu'on ne le préférât à Néron menant la vie
qu'il menait. Du reste, elle vendait tout en vraie cabaretière, et retirait de
l'argent des moindres choses et des plus viles.}
{Lélianus, envoyé en Arménie à la place de Pollion, avait été préfet
des Vigiles ; il ne valait pas mieux que Pollion ; loin de là, plus il le
surpassait en dignité, plus son caractère se montra insatiable.}
|