[61,5] ὡς δ´ ἅπαξ ζηλῶσαι αὐτὸν ἐπεθύμησε, καὶ ὑπερεβάλετο, νομίζων
τῆς αὐτοκρατορικῆς καὶ τοῦτ´ ἰσχύος ἔργον εἶναι, τὸ μηδὲ ἐν τοῖς
κακίστοις μηδενὸς ὑστερίζειν. ἐπαινούμενος δὲ ἐπὶ τούτοις ὑπὸ
τοῦ ὁμίλου, καὶ πολλὰ ὑπ´ αὐτοῦ καὶ ἡδέα ἀκούων, οὐδ´ ἑαυτοῦ
ἐφείσατο, ἀλλὰ τὸ μὲν πρῶτον οἴκοι καὶ παρὰ τοῖς συνοῦσίν οἱ
ἐχειρούργησεν αὐτά, ἔπειτα καὶ ἐδημοσίευσεν, ὥστε πολλὴν μὲν
αἰσχύνην παντὶ τῷ Ῥωμαίων γένει προσθεῖναι, πολλὰ δὲ καὶ δεινὰ
αὐτοὺς ἐργάσασθαι. καὶ γὰρ βίαι καὶ ὕβρεις ἁρπαγαί τε καὶ
φόνοι καὶ ὑπ´ αὐτοῦ ἐκείνου καὶ ὑπὸ τῶν ἀεί τι παρ´ αὐτῷ δυναμένων ἀμύθητοι
ἐγίγνοντο. καὶ ὃ δὴ πάντως ἐξ ἀνάγκης πᾶσι
τοῖς τοιούτοις ἕπεται, πολλὰ μέν, ὡς εἰκός, χρήματα ἀνηλίσκετο,
πολλὰ δὲ ἀδίκως ἐπορίζετο, πολλὰ δὲ βιαίως ἡρπάζετο.
ἦν μὲν γὰρ οὐδ´ ἄλλως μικρόφρων· τεκμήριον δέ, Δορυφόρῳ τῷ τὰ τῆς
ἀρχῆς αὐτοῦ βιβλία διέποντι πεντήκοντα ἅμα καὶ διακοσίας μυριάδας
δοθῆναι κελεύσας, εἶτ´ ἐπειδὴ ἡ Ἀγριππῖνα ἐσώρευσεν
αὐτὰς ἵνα ἀθρόον τὸ ἀργύριον ἰδὼν μεταβάληται, ἤρετο πόσον
εἴη τὸ κείμενον, καὶ μαθὼν ἐδιπλασίασεν αὐτό, εἰπὼν ὅτι "ἠγνόησα
ὀλίγον οὕτω κεχαρισμένος". πολλῷ δὲ δῆλον καὶ ἐκ τοῦ πλήθους
τῶν δαπανωμένων ταχὺ μὲν τοὺς ἐν τῷ βασιλικῷ θησαυροὺς ἐξήντλησε,
ταχὺ δὲ πόρων καινῶν ἐδεήθη, καὶ τέλη τε οὐκ εἰθισμένα
ἐξελέγετο καὶ αἱ οὐσίαι τῶν ἐχόντων τι ἐπολυπραγμονοῦντο, καὶ
οἱ μὲν ἐκείνας ἐξ ἐπηρείας ἀπέβαλλον, οἱ δὲ καὶ αὐτοὶ προσαπώλλυντο. καὶ οὕτω
καὶ ἄλλους, εἰ καὶ μηδὲν μέγα ἐκέκτηντο,
ἀλλ´ ἀρετήν γέ τινα ἢ καὶ γένος εἶχον, ὑποπτεύων ἄχθεσθαί οἱ
καὶ ἐμίσει καὶ διέφθειρε.
| [61,5] 5. Une fois qu'il eut conçu le désir de l'imiter, il le surpassa, pensant
que c'était un des devoirs de l'autorité impériale de ne rester en arrière de
qui que ce soit, même dans les choses les plus détestables. {Accueilli, à
raison de cette conduite, par les éloges de la multitude, et entendant
fréquemment d'elle des acclamations flatteuses, il cessa de ménager sa
propre dignité; il se livra à ces excès d'abord dans le palais, au milieu de
ses familiers ; puis il s'y livra en public ; de sorte qu'il couvrit de honte le
peuple romain tout entier et lui causa des malheurs affreux. Des
violences, des rapts, des meurtres sans nombre étaient commis
continuellement par le prince et par ceux qui étaient puissants auprès de
lui. En outre, ce qui en est la conséquence nécessaire,} il y eut, comme
cela se comprend, bien des dépenses excessives, bien des levées
injustes, bien des exactions violentes. Il n'avait pas, d'ailleurs, de
bassesse dans ses sentiments. La preuve, c'est qu'ayant donné l'ordre de
compter deux millions cinq cent mille drachmes à Doryphore, caissier
général de l'empire, et Agrippine ayant fait mettre la somme en tas devant
lui, dans l'espoir que la vue de cet argent rassemblé lui inspirerait un
changement de résolution, il demanda à combien cela montait; puis,
quand il l'eut appris, il doubla la somme, en disant : « Je ne savais pas
avoir donné si peu. » Il est clair, même pour un aveugle, qu'avec la
multitude de ses dépenses, le fisc ne tarda pas à s'épuiser et qu'il fallut de
nouvelles ressources ; on leva des impôts extraordinaires, on rechercha
curieusement la fortune de ceux qui en possédaient, et les uns en furent
injustement dépouillés, les autres perdirent la vie par-dessus le marché.
{C'est ainsi que d'autres encore, qui, sans posséder de grandes
richesses, avaient cependant soit quelque mérite, soit une naissance
distinguée, étaient en butte, de sa part, à des soupçons d'inimitié qui
attiraient sur eux sa haine, puis la mort.}
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