[61,3] ἑπτὰ δὲ καὶ δέκα ἔτη ἦγεν ὅτ´ ἦρξεν, ἔς τε τὸ στρατόπεδον
ἐσῆλθε, καὶ ἀναγνοὺς ὅσα ὁ Σενέκας ἐγεγράφει, ὑπέσχετο αὐτοῖς
ὅσα ὁ Κλαύδιος ἐδεδώκει. τοσαῦτα δὲ καὶ πρὸς τὴν βουλήν, πρὸς
τοῦ Σενέκου καὶ αὐτὰ γραφέντα, ἀνέγνω ὥστε καὶ ἐς ἀργυρᾶν
στήλην ἐγγραφῆναι καὶ ἐν ταῖς νέαις τῶν ἀεὶ ὑπάτων ἀρχαῖς ἀναγινώσκεσθαι
ψηφισθῆναι. καὶ οἱ μὲν ἐκ τούτων ὡς
καὶ κατὰ συγγραφήν τινα καλῶς ἀρχθησόμενοι παρεσκευάζοντο. καὶ τὸ μὲν
πρῶτον ἡ Ἀγριππῖνα πάντα αὐτῷ τὰ τῇ ἀρχῇ προσήκοντα διῴκει, καὶ τὰς
ἐξόδους ἅμα ἐποιοῦντο, πολλάκις μὲν καὶ ἐν τῷ αὐτῷ φορείῳ κατακείμενοι·
τὸ δὲ δὴ πλεῖον
ἡ μὲν ἐφέρετο, ὁ δὲ συμπαρείπετο. ταῖς τε πρεσβείαις ἐχρημάτιζε καὶ ἐπιστολὰς
καὶ δήμοις καὶ ἄρχουσι καὶ βασιλεῦσιν ἐπέστελλεν.
ὅτι ὁ Πάλλας συνὼν τῇ Ἀγριππίνῃ πάντα φορτικὸς καὶ ἐπαχθὴς ἦν,
ὁ δὲ Σενέκας καὶ ὁ Βοῦρρος κ.τ.λ.
ὡς δὲ ἐπὶ πολὺ τοῦτ´ ἐγίνετο, ἐδυσχέρανεν ὅ τε Σενέκας καὶ
ὁ Βοῦρρος, φρονιμώτατοί τε ἅμα καὶ δυνατώτατοι τῶν περὶ τὸν
Νέρωνα ἀνδρῶν ὄντες (ὁ μὲν γὰρ ἔπαρχος τοῦ δορυφορικοῦ ἦν, ὁ δὲ
διδάσκαλος αὐτοῦ), καὶ ἔπαυσαν τὸ γινόμενον τοιᾶσδε ἀφορμῆς λαβόμενοι.
πρεσβείας Ἀρμενίων ἐλθούσης καὶ ἡ Ἀγριππῖνα ἐπὶ
τὸ βῆμα, ἀφ´ οὗ σφίσιν ὁ Νέρων διελέγετο, ἀναβῆναι ἠθέλησεν.
ἰδόντες οὖν αὐτὴν ἐκεῖνοι πλησιάζουσαν ἔπεισαν τὸν νεανίσκον
προκαταβῆναι καὶ προαπαντῆσαι τῇ μητρὶ ὡς καὶ ἐπὶ δεξιώσει
τινί. πραχθέντος τε τούτου οὔτε τότε ἐπανῆλθον, ἐμβαλόντες
τινὰ αἰτίαν, ὥστε μὴ καὶ ἐς τοὺς βαρβάρους τὸ νόσημα τῆς ἀρχῆς ἐκφανῆναι,
καὶ μετὰ τοῦτ´ ἔπραττον ὅπως μηδὲν ἔτ´ αὐτῇ τῶν κοινῶν ἐπιτρέπηται.
| [61,3] 3. Néron n'avait que dix-sept ans lorsqu'il parvint à l'empire; il se
rendit d'abord au camp, et, après avoir lu aux soldats un discours
composé par Sénèque, il promit de leur donner tout ce que Claude leur
avait donné. Il lut ensuite dans le sénat un autre discours pareil,
également composé par Sénèque, dont l'impression fut telle qu'on décréta
qu'il serait gravé sur une plaque d'argent et lu lors de l'entrée en charge
des consuls. C'était, de la part du sénat, comme une sorte de contrat,
pour obliger le prince à gouverner équitablement. Quant à ce qui est
d'Agrippine, {entretenant des relations criminelles avec le fier et
orgueilleux Pallas}, elle s'acquittait, au commencement, pour Néron, de
tous les devoirs du gouvernement ; ils sortaient ensemble, souvent dans
la même litière ; la plupart du temps même, Agrippine était seule portée et
Néron marchait à côté d'elle. Elle donnait audience aux ambassadeurs, et
elle écrivait aux peuples, à leurs magistrats et à leurs rois. Cet état de
choses, qui se prolongeait depuis longtemps, indisposa Sénèque et
Burrus, les deux hommes les plus habiles et aussi les plus puissants
parmi ceux qui entouraient Néron (l'un était chef de la garde prétorienne,
l'autre, précepteur du prince ) ; et ils profitèrent de l'occasion que je vais
dire, pour y mettre fin. Des ambassadeurs arméniens étant venus à
Rome, Agrippine voulut monter aussi sur la tribune d'où Néron
s'entretenait avec eux. Sénèque et Burrus, en la voyant s'approcher,
persuadèrent au jeune prince de prévenir sa mère, en descendant et en
allant au-devant d'elle, comme pour la recevoir. Cela fait, ils ne
retournèrent pas, pour le moment, sur la tribune, trouvant un prétexte pour
ne pas montrer aux barbares la maladie du gouvernement ; et, dans la
suite, ils s'arrangèrent de façon qu'elle n'eut plus aucune part aux affaires
publiques.
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