[61,20] καὶ ἔδει γὰρ καὶ τὸν κολοφῶνα ἄξιον τῶν πραττομένων ἐπενεχθῆναι,
παρῆλθέ τε καὶ αὐτὸς ὁ Νέρων ἐς τὸ θέατρον, ὀνομαστὶ
πρὸς τοῦ Γαλλίωνος ἐσκηρυχθείς, καὶ ἔστη τε ἐπὶ τῆς σκηνῆς ὁ
Καῖσαρ τὴν κιθαρῳδικὴν σκευὴν ἐνδεδυκώς, καὶ "κύριοί μου, εὐμενῶς μου
ἀκούσατε" εἶπεν ὁ αὐτοκράτωρ, ἐκιθαρῴδησέ τε Ἄττιν
τινὰ ἢ Βάκχας ὁ Αὔγουστος, πολλῶν μὲν στρατιωτῶν παρεστηκότων,
παντὸς δὲ τοῦ δήμου, ὅσον αἱ ἕδραι ἐχώρησαν, καθημένου,
καίτοι καὶ βραχὺ καὶ μέλαν, ὥς γε παραδέδοται, φώνημα ἔχων,
ὥστε καὶ γέλωτα ἅμα καὶ δάκρυα πᾶσι κινῆσαι. καὶ αὐτῷ καὶ ὁ
Βοῦρρος καὶ ὁ Σενέκας, καθάπερ τινὲς διδάσκαλοι, ὑποβάλλοντές
τι παρειστήκεσαν, καὶ αὐτοὶ τάς τε χεῖρας καὶ τὰ ἱμάτια, ὁπότε
φθέγξαιτό τι, ἀνέσειον, καὶ τοὺς ἄλλους προσεπεσπῶντο. ἦν μὲν
γάρ τι καὶ ἴδιον αὐτῷ σύστημα ἐς πεντακισχιλίους στρατιώτας
παρεσκευασμένον, Αὐγούστειοί τε ὠνομάζοντο καὶ ἐξῆρχον τῶν ἐπαίνων·
ἠναγκάζοντο δέ σφισι καὶ οἱ ἄλλοι πάντες καὶ ἄκοντες, πλὴν
τοῦ Θρασέα, ἐκβοᾶν. οὗτος μὲν γὰρ οὐδέποτε αὐτῷ συγκαθῆκεν,
οἱ δὲ δὴ ἄλλοι, καὶ μάλισθ´ οἱ ἐπιφανεῖς, σπουδῇ καὶ ὀδυρόμενοι
συνελέγοντο, καὶ πάνθ´ ὅσαπερ οἱ Αὐγούστειοι, ὡς καὶ χαίροντες,
συνεβόων· καὶ ἦν ἀκούειν πως αὐτῶν λεγόντων "ὁ καλὸς Καῖσαρ,
ὁ Ἀπόλλων, ὁ Αὔγουστος, εἷς ὡς Πύθιος. μά σε Καῖσαρ, οὐδείς
σε νικᾷ." ποιήσας δὲ ταῦτα ἐδείπνισε τὸν δῆμον ἐπὶ πλοίων ἐν
τῷ χωρίῳ ἐν ᾧ ἡ ναυμαχία ὑπὸ τοῦ Αὐγούστου ἐγεγόνει· καὶ
ἐξ αὐτοῦ νυκτὸς μεσούσης ἐς τὸν Τίβεριν διὰ τάφρου κατέπλευσε.
| [61,20] 20. De plus (il fallait bien mettre à ces infamies le comble dont elles
étaient dignes), Néron monta lui-même sur le théâtre, après y avoir été
nommément proclamé par Gallion, faisant office de héraut : le César parut
sur la scène en habit de cithariste ; l'empereur dit : « Messeigneurs,
écoutez-moi favorablement; » et l'Auguste joua Attis, ou les Bacchantes,
environné d'un grand nombre de soldats, tandis que tout ce qu'on avait pu
admettre de peuple était assis en face sur les sièges, quoiqu'il eût,
comme le rapporte la tradition, une voix si faible et si sourde qu'il excita à
la fois les rires et les larmes de tous. Burrus et Sénèque, faisant les
maîtres de scène, se tenaient debout, à côté de lui, pour le souffler; ils
agitaient leurs mains et leurs vêtements quand le prince avait chanté un
morceau, et entraînaient les autres. Néron, en effet, avait à lui un corps
particulier, composé d'environ cinq mille soldats. On les nommait
"Augustani" : ils commençaient d'applaudir, et tous les spectateurs étaient
contraints de faire entendre, malgré eux, des acclamations, excepté
Thraséas. Car, pour Thraséas, il ne se prêta jamais aux bassesses de
l'empereur; mais les autres spectateurs, et principalement les
personnages de distinction, s'empressaient, non sans gémir, de se
rassembler et d'unir, comme s'ils eussent été remplis de joie, leurs
acclamations à toutes celles des Augustani. On pouvait les entendre
s'écrier : « Tu es le beau César, l'Auguste Apollon, tu es semblable au
dieu Pythien. Nous le jurons par toi, César, personne n'est supérieur à toi. »
A la suite de cet exploit, Néron fit servir un festin au peuple, sur des
barques, à l'endroit où Auguste avait donné une naumachie, et, de là, au
milieu de la nuit, il descendit jusqu'au Tibre par le canal.
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