[61,17] ὅτι καὶ τὴν Δομιτίαν τὴν τηθίδα, ἣν καὶ αὐτὴν ὡς μητέρα
τιμᾶν ἔλεγεν, ἐπαπέκτεινε φαρμάκῳ, οὐδ´ ἀνέμεινεν ὀλίγας ἡμέρας
ἵν´ ἄλλως ὑπὸ τοῦ γήρως ἀποθάνῃ, ἀλλ´ ἐπεθύμησε καὶ ἐκείνην
ἀπολέσαι. καὶ ἔσπευσέ γε τοῦτο ποιῆσαι διὰ τὰ κτήματα αὐτῆς
τὰ ἐν ταῖς Βαίαις καὶ ἐν τῇ Ῥαβεννίδι ὄντα, ἐν οἷς καὶ ἡβητήρια
εὐθὺς μεγαλοπρεπῆ κατεσκεύασεν, ἃ καὶ δεῦρο ἀνθεῖ.
ἐπὶ δὲ δὴ τῇ μητρὶ καὶ ἑορτὴν μεγίστην δὴ καὶ πολυτελεστάτην ἐποίησεν,
ὥστε ἐν πέντε ἢ καὶ ἓξ ἅμα θεάτροις ἐπὶ πολλὰς
ἡμέρας πανηγυρίσαι, ὅτε δὴ καὶ ἐλέφας ἀνήχθη ἐς τὴν ἀνωτάτω
τοῦ θεάτρου ἁψῖδα, καὶ ἐκεῖθεν ἐπὶ σχοινίων κατέδραμεν ἀναβάτην φέρων.
ἐκεῖνο δὲ δὴ καὶ αἴσχιστον καὶ δεινότατον ἅμα ἐγένετο,
ὅτι καὶ ἄνδρες καὶ γυναῖκες οὐχ ὅπως τοῦ ἱππικοῦ ἀλλὰ καὶ τοῦ
βουλευτικοῦ ἀξιώματος ἐς τὴν ὀρχήστραν καὶ ἐς τὸν ἱππόδρομον
τό τε θέατρον τὸ κυνηγετικὸν ἐσῆλθον ὥσπερ οἱ ἀτιμότατοι, καὶ
ηὔλησάν τινες αὐτῶν καὶ ὠρχήσαντο τραγῳδίας τε καὶ κωμῳδίας
ὑπεκρίναντο καὶ ἐκιθαρῴδησαν, ἵππους τε ἤλασαν καὶ θηρία
ἀπέκτειναν καὶ ἐμονομάχησαν, οἱ μὲν ἐθελονταὶ οἱ δὲ καὶ πάνυ
ἄκοντες. καὶ εἶδον οἱ τότε ἄνθρωποι τὰ γένη τὰ μεγάλα, τοὺς
Φουρίους τοὺς Ὀρατίους τοὺς Φαβίους τοὺς Πορκίους τοὺς Οὐαλερίους, τἆλλα
πάντα ὧν τὰ τρόπαια ὧν οἱ ναοὶ ἑωρῶντο, κάτω τε
ἑστηκότας καὶ τοιαῦτα δρῶντας ὧν ἔνια οὐδ´ ὑπ´ ἄλλων γινόμενα
ἐθεώρουν. καὶ ἐδακτυλοδείκτουν γε αὐτοὺς ἀλλήλοις, καὶ ἐπέλεγον
Μακεδόνες μέν "οὗτός ἐστιν ὁ τοῦ Παύλου ἔκγονος", Ἕλληνες δὲ
"οὗτος τοῦ Μομμίου", Σικελιῶται "ἴδετε τὸν Κλαύδιον", Ἠπειρῶται "ἴδετε τὸν
Ἄππιον", Ἀσιανοὶ τὸν Λούκιον, Ἴβηρες τὸν
Πούπλιον, Καρχηδόνιοι Ἀφρικανόν, Ῥωμαῖοι δὲ πάντας. τοιαῦτα
γάρ που προτέλεια τῆς αὑτοῦ ἀσχημοσύνης ποιῆσαι ἠθέλησεν.
| [61,17] 17. {Il fit encore périr par le poison sa tante Domitia, qu'elle aussi il
révérait, disait-il, comme une mère ; au lieu d'attendre quelques jours pour
que la vieillesse lui épargnât le crime de sa mort, il voulut se défaire d'elle.
Il se hâta d'exécuter cette résolution à cause des biens que Domitia
possédait à Baïes et à Ravennes, où il construisit de magnifiques
gymnases}, qui sont encore aujourd'hui florissants. Il donna aussi, pour la
mort de sa mère, une fête si grande et si somptueuse, qu'elle fut célébrée
pendant plusieurs jours sur cinq ou six théâtres à la fois : un éléphant fut
monté jusqu'au haut de l'abside du théâtre, et il en redescendit sur des
cordes, avec un cavalier sur son dos. Autre spectacle, honteux et cruel à
la fois : des hommes et des femmes, non seulement de l'ordre équestre,
mais aussi de l'ordre sénatorial, se produisirent sur la scène, dans le
cirque, dans l'amphithéâtre, comme des hommes de la plus basse
condition; plusieurs d'entre eux se firent entendre sur la flûte, dansèrent,
représentèrent des tragédies et des comédies, jouèrent de la lyre,
conduisirent des chevaux, tuèrent des bêtes et se battirent comme
gladiateurs, les uns de leur gré, les autres tout à fait à contrecœur. On vit
alors les grandes familles, les Funus, les Fabius, les Porcius, les Valérius,
et toutes les autres dont on pouvait contempler les trophées et les
temples, debout au-dessous des spectateurs, se livrer à des exercices
dont quelques-uns, faits par d'autres, n'auraient pas même attiré leurs
regards. On se les montrait au doigt l'un à l'autre ; les Macédoniens
disaient : « Voilà le petit-fils de Paulus ; » les Grecs : « Voilà celui de
Mummius ; » les Siciliens : « Regardez Claude; » les Épirotes :
«Regardez Appius ; » les habitants de l'Asie montraient Lucius ; les Espagnols,
Publius ; les Carthaginois, l'Africain; les Romains les montraient tous. Tel
fut l'apprentissage que Néron voulut faire de son propre déshonneur.
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