[61,14] οὕτω μὲν ἡ Ἀγριππῖνα ἡ τοῦ Γερμανικοῦ θυγάτηρ, ἡ τοῦ
Ἀγρίππου ἔγγονος, ἡ τοῦ Αὐγούστου ἀπόγονος, ὑπ´ αὐτοῦ τοῦ υἱέος,
ᾧ τὸ κράτος ἐδεδώκει, δι´ ὃν ἄλλους τε καὶ τὸν θεῖον ἀπεκτόνει,
κατεσφάγη. μαθὼν δὲ ὁ Νέρων ὅτι τέθνηκεν, οὐκ ἐπίστευσεν·
ὑπὸ γὰρ τοῦ μεγέθους τοῦ τολμήματος ἀπιστία αὐτῷ ὑπεχύθη·
καὶ διὰ τοῦτο αὐτόπτης ἐπεθύμησε τοῦ πάθους γενέσθαι. καὶ
αὐτήν τε πᾶσαν εἶδε γυμνώσας καὶ τὰ τραύματα αὐτῆς ἐπεσκέψατο,
καὶ τέλος πολὺ καὶ τοῦ φόνου ἀνοσιώτερον ἔπος ἐφθέγξατο· εἶπε
γὰρ ὅτι "οὐκ ᾔδειν ὅτι οὕτω καλὴν μητέρα εἶχον". καὶ τοῖς τε
δορυφόροις ἀργύριον ἔδωκεν, ἵνα δῆλον ὅτι πολλὰ τοιαῦτα γίνεσθαι
εὔχωνται, καὶ τῇ γερουσίᾳ ἐπέστειλεν, ἄλλα τε ὅσα συνῄδει αὐτῇ
καταριθμῶν, καὶ ὅτι ἐπεβούλευσέ τε αὐτῷ καὶ φωραθεῖσα ἑαυτὴν
διεχρήσατο. καὶ τῇ μὲν βουλῇ ταῦτα ἐπέστειλεν, αὐτὸς δὲ ταῖς τε
νυξὶν ἐξεταράττετο ὥστε καὶ ἐκ τῆς εὐνῆς ἐξαπιναίως ἀναπηδᾶν,
καὶ μεθ´ ἡμέραν ὑπὸ σαλπίγγων δή τινων πολεμικόν τι καὶ θορυβῶδες ἐκ τοῦ
χωρίου ἐν ᾧ τὰ τῆς Ἀγριππίνης ὀστᾶ ἔκειτο ἠχουσῶν ἐδειματοῦτο. διὸ καὶ
ἄλλοσε ᾔει, καὶ ἐπειδὴ κἀνταῦθα τὰ
αὐτὰ αὐτῷ συνέβαινεν, ἄλλοσε ἐμπλήκτως μεθίστατο.
| [61,14] 14. C'est ainsi qu'Agrippine, fille de Germanicus, petite-fille
d'Agrippa et arrière-petite-fille d'Auguste, fut, par ordre de ce même fils à
qui elle avait donné l'empire et pour qui elle avait, entre autres
personnages, fait périr son oncle, misérablement égorgée. Quand Néron
apprit sa mort, il n'y crut pas : la grandeur du forfait qu'il avait osé lui
inspira des doutes; aussi voulut-il voir de ses propres yeux. Il la fit mettre
entièrement nue pour la contempler, examina ses blessures, et enfin
prononçant une parole bien plus abominable encore que le meurtre lui-même :
« Je ne savais pas, dit-il, que j'avais une mère si belle. » Il
distribua de l'argent aux prétoriens, évidemment pour leur faire souhaiter
beaucoup d'exécutions pareilles ; puis, dans une lettre au sénat, il
énumérait contre sa mère tous ceux de ses crimes dont il avait été le
complice, ajoutant qu'elle avait conspiré contre lui, et que, son complot
ayant été découvert, elle s'était elle-même donné la mort. Telle fut sa
lettre au sénat ; quant à lui, il était, la nuit, en proie à un trouble qui
l'obligeait à sauter tout à coup à bas de son lit ; le jour, il était effrayé par
le bruit guerrier et tumultueux de trompettes dont les sons partaient de
l'endroit où Agrippine était enterrée. C'est pourquoi il changea de
résidence, et, comme dans chacune les mêmes terreurs l'assiégeaient, il
se transporta, épouvanté, autre part encore.
|