[61,13] ἐλθών τε ἐς Βαύλους δεῖπνά τε πολυτελέστατα ἐπὶ πολλὰς ἡμέρας
ἐποίησε καὶ τὴν μητέρα ἐν αὐτοῖς φιλοφρόνως εἱστίασεν, ἀποῦσάν
τε πάνυ ποθεῖν ἐπλάττετο καὶ παροῦσαν ὑπερησπάζετο, αἰτεῖν τε
ἐκέλευεν ὅ τι βούλοιτο, καὶ μὴ αἰτούσῃ πολλὰ ἐχαρίζετο. ἐπεὶ δὲ
ἐνταῦθα 〈ἦν〉, οὕτω δὴ ἀπὸ τοῦ δείπνου περὶ μέσας νύκτας περιλαμβάνει
τε αὐτήν, καὶ πρὸς τὸ στέρνον προσαγαγών, καὶ φιλήσας
καὶ τὰ ὄμματα καὶ τὰς χεῖρας "μῆτέρ" τε εἰπών, "ἔρρωσό μοι καὶ
ὑγίαινε· ἐν γὰρ σοὶ καὶ ἐγὼ ζῶ καὶ διὰ σὲ βασιλεύω", παρέδωκεν
αὐτὴν Ἀνικήτῳ ἀπελευθέρῳ ὡς καὶ κομιοῦντι οἴκαδε ἐπὶ τοῦ πλοίου
οὗ κατεσκευάκει. ἀλλ´ οὐ γὰρ ἤνεγκεν ἡ θάλασσα τὴν μέλλουσαν
ἐπ´ αὐτῇ τραγῳδίαν ἔσεσθαι, οὐδ´ ὑπέμεινε τὴν ψευδολογίαν τῆς
ἀνοσιουργίας ἀναδέξασθαι, διελύθη μὲν ἡ ναῦς καὶ ἡ Ἀγριππῖνα
ἐς τὸ ὕδωρ ἐξέπεσεν, οὐ μέντοι καὶ ἀπέθανεν, ἀλλὰ καίτοι καὶ ἐν
σκότῳ καὶ διακορὴς μέθης οὖσα, τῶν τε ναυτῶν ταῖς κώπαις ἐπ´
αὐτὴν χρωμένων ὥστε καὶ Ἀκερρωνίαν Πῶλλαν τὴν σύμπλουν αὐτῆς
ἀποκτεῖναι, διεσώθη. καὶ ἐλθοῦσα οἴκαδε οὔτε προσεποιήσατο οὔτ´
ἐξέφηνε τὸ ἐπιβούλευμα, ἀλλὰ καὶ πρὸς τὸν υἱὸν ἔπεμψε κατὰ
τάχος, καὶ τό τε συμβεβηκὸς αὐτῇ ὡς κατὰ τύχην συμπεπτωκὸς
ἔλεγε, καὶ ὅτι σώζοιτο εὐηγγελίζετο δῆθεν αὐτῷ. ἀκούσας δὲ ταῦθ´
ὁ Νέρων οὐκ ἐκαρτέρησεν, ἀλλὰ καὶ τὸν πεμφθέντα ὡς ἐπὶ τῇ
αὑτοῦ σφαγῇ ἥκοντα ἐκόλασε, καὶ ἐπὶ τὴν μητέρα τὸν Ἀνίκητον
εὐθὺς μετὰ τῶν ναυτῶν ἀπέστειλε· τοῖς γὰρ δορυφόροις οὐκ ἐπίστευσε τὸν
θάνατον αὐτῆς. ἰδοῦσα δέ σφας ἐκείνη ἔγνω τε ἐφ´ ἃ ἥκουσι, καὶ ἀναπηδήσασα
ἐκ τῆς κοίτης τήν τε ἐσθῆτα περιερρήξατο, καὶ τὴν
γαστέρα ἀπογυμνώσασα "παῖε", ἔφη, "ταύτην,
Ἀνίκητε, παῖε, ὅτι Νέρωνα ἔτεκεν".
| [61,13] 13. Arrivé à Baules, ce furent pendant plusieurs jours des festins
somptueux où il traita sa mère avec toute sorte de marques d'affection;
quand elle était absente, il feignait d'en être chagrin, et, quand elle était
présente, il lui prodiguait les caresses; il la pressait de lui demander ce
qu'elle voudrait, et lui accordait une foule de grâces qu'elle n'avait pas
demandées. Lorsque vers le milieu de la nuit, au sortir du souper, il
l'entoure de ses bras en la serrant sur sa poitrine, et après lui avoir
embrassé les yeux et les mains, en disant : « Ma mère, je t'en supplie,
prends soin de toi, songe à ta santé; car, moi aussi, je vis en toi, et c'est
par toi que je règne, » il la remit à Anicétus, son affranchi, comme pour la
conduire à sa résidence sur le vaisseau qui avait été préparé à cet effet.
Cependant (la mer, en effet, ne supporta pas la tragédie qui allait se jouer
sur ses flots, et elle refusa d'accepter, avec le mensonge, la complicité de
cet acte abominable) le vaisseau s'ouvrit et Agrippine tomba dans l'eau,
mais elle n'en mourut pas : bien que dans les ténèbres et gorgée de vin,
malgré les efforts des matelots qui, faisant usage contre elle de leurs
rames, assommèrent Acerronia Polla, embarquée avec elle, elle parvint à
se sauver. Quand elle fut arrivée dans sa maison, elle ne fit semblant de
rien et ne dévoila pas le piège qu'où lui avait tendu : elle se hâta
d'envoyer vers son fils, pour lui dire l'accident qui était arrivé comme un
effet du hasard, et lui annonça qu'elle avait eu le bonheur de se sauver. A
cette nouvelle, Néron ne se contint plus, il fit punir le messager comme
coupable d'attentat envers sa personne, et dépêcha aussitôt à sa mère
Anicétus et les matelots, car il n'osa pas confier sa mort aux prétoriens.
Agrippine, à leur vue, comprit le motif qui les amenait, et s'élançant de
son lit, elle déchira ses vêtements, puis, découvrant son sein : « Frappe,
dit-elle, Anicétus, frappe ce sein, il a porté Néron. »
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