|
[71,35] πάμπολλα μὲν γὰρ καὶ ὑπὸ παιδείας ὠφελήθη, ἔν τε τοῖς ῥητορικοῖς
ἔν τε τοῖς ἐκ φιλοσοφίας λόγοις ἀσκηθείς· τῶν μὲν γὰρ τόν τε Φρόντωνα τὸν
Κορνήλιον καὶ τὸν Ἡρώδην τὸν Κλαύδιον διδασκάλους εἶχε, τῶν
δὲ τόν τε Ῥούστικον τὸν Ἰούνιον καὶ Ἀπολλώνιον τὸν Νικομηδέα,
τοὺς Ζηνωνείους λόγους μελετῶντας, ἀφ´ οὗ δὴ παμπληθεῖς φιλοσοφεῖν
ἐπλάττοντο, ἵν´ ὑπ´ αὐτοῦ πλουτίζωνται. πλεῖστον δὲ ὅμως
ὑπὸ τῆς φύσεως ἐξήρθη· καὶ γὰρ πρὶν ἐκείνοις ὁμιλῆσαι, ἰσχυρῶς
πρὸς ἀρετὴν ὥρμητο. τοῖς τε γὰρ συγγενέσι πᾶσι, πολλοῖς καὶ δυνατοῖς
πλουσίοις τε οὖσιν, οὕτω τι ἔτι παῖς ὢν ἤρεσεν ὥσθ´ ὑπὸ
πάντων αὐτῶν ἀγαπηθῆναι, καὶ διὰ τοῦτο ὑπὸ τοῦ Ἁδριανοῦ ὅτι
μάλιστα ἐς τὸ γένος ποιηθεὶς οὐχ ὑπερεφρόνησεν, ἀλλὰ καίτοι νέος
ὢν καὶ Καῖσαρ τῷ τε Ἀντωνίνῳ παρὰ πᾶσαν τὴν ἀρχὴν ἐμμελέστατα
ἐδούλευσε καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς πρώτους ἀνεπαχθῶς ἐτίμησεν.
ἠσπάζετό τε τοὺς ἀξιωτάτους ἐν τῇ Τιβεριανῇ οἰκίᾳ ἐν ᾗ
ᾤκει, πρὶν τὸν πατέρα ἰδεῖν, οὐχ ὅπως τὴν στολὴν τὴν καθήκουσαν
ἐνδεδυκώς, ἀλλὰ καὶ ἰδιωτικῶς ἐσταλμένος, καὶ ἐν αὐτᾷ γε τῷ δωματίῳ
ἐν ᾧ ἐκάθευδε. καὶ πολλοὺς νοσοῦντας ἐπεσκέπτετο, καὶ
πρὸς τοὺς διδασκάλους οὐκ ἔστιν ὅτε οὐκ ἐφοίτα. μανδύας τε
φαιάς, ὁσάκις γε καὶ ἄνευ τοῦ πατρὸς προῄει, ἐνεδύετο, καὶ τῷ
φωτὶ τῷ προηγουμένῳ οὐκ ἔστιν ὅτε καθ´ ἑαυτὸν ἐχρήσατο. καὶ
πρόκριτος τῆς ἱππάδος ἀποδειχθεὶς ἐσῆλθεν ἐς τὴν ἀγορὰν μετὰ
τῶν λοιπῶν, καίπερ Καῖσαρ ὤν. οὕτω μὲν οὖν ἄλλως τε καλῶς
ἐπεφύκει καὶ ἐκ τῆς παιδείας ἐπὶ πλεῖστον ὠφελήθη, Ἑλληνικῶν
τε καὶ Λατίνων ῥητορικῶν καὶ φιλοσόφων λόγων, καίπερ ἐς ἄνδρας
ἤδη τελῶν καὶ ἐλπίδα αὐταρχήσειν ἔχων, ἀεὶ διεπίμπλατο.
| [71,35] Il tira de grands profits de son éducation, s'étant exercé d'après les
préceptes de la rhétorique et de la philosophie ; il eut pour maîtres,
dans la première de ces sciences, Cornélius Fronton et Claudius Hérodès ;
dans la seconde, Junius Rusticus et Nicomédès Apollonius, qui suivaient la
doctrine de Zénon, et ce goût, de sa part, poussa une foule de gens à
feindre d'aimer la philosophie, afin d'attirer ses libéralités. Néanmoins
ce fut surtout à la nature qu'il dut l'élévation de son caractère ; car,
avant d'avoir conversé avec ces philosophes, il avait un fort penchant
pour la vertu. Il sut tellement plaire, dès son enfance, à tous ses
parents, qui étaient nombreux, puissants et riches, qu'il fut aimé de tous
; c'est aussi pour cela principalement qu'après qu'Adrien l'eut, en
l'adoptant, fait entrer dans sa famille, loin de montrer de l'orgueil, il
resta, bien que jeune et César, docilement soumis à Antonin durant tout
son règne, et honora avec modestie les premiers citoyens. Il saluait dans
la maison qu'il habitait près du Tibre, avant d'aller voir son père, les
citoyens constitués en dignité, non seulement sans revêtir la toge qui
convenait à son rang, mais encore habillé en simple particulier, et dans
la chambre même où il couchait. Il visitait souvent les malades, et se
rendait assidûment chez ses professeurs. Toutes les fois qu'il sortait
sans son père, il se couvrait d'une lacerne de couleur sombre, et jamais,
pour ce qui était de lui personnellement, il ne se faisait précéder du
fanal. Nommé sévir de cavalerie, il vint avec les autres au Forum, bien
qu'il fùt César. Telle était l'excellence de son naturel, et tel fut le
fruit qu'il retira de son éducation ; sans cesse il se nourrissait des
préceptes de la rhétorique et de la philosophie des Grecs et des Latins,
bien qu'arrivé à l'âge viril et ayant l'espoir d'être empereur.
| [71,36] καὶ πρὸ τοῦ Καῖσαρ ἀποδειχθῆναι ὄναρ ἔδοξεν ὤμους τε καὶ χεῖρας
ἐλεφαντίνους ἔχειν καὶ αὐταῖς πάντα ὅσα τοῖς ἄλλοις χρῆσθαι.
ἐκ δ´ οὖν τῆς πολλῆς ἀσχολίας τε καὶ ἀσκήσεως ἀσθενέστατον τὸ
σῶμα ἔσχε, καίτοι τοσαύτῃ εὐεξίᾳ ἀπ´ ἀρχῆς χρησάμενος ὥστε καὶ
ὁπλομαχεῖν καὶ σῦς ἀγρίους ἐν θήρᾳ καταβάλλειν ἀπὸ ἵππου, τάς
τε ἐπιστολὰς τὰς πλείστας οὐ μόνον ἐν τῇ πρώτῃ ἡλικίᾳ ἀλλὰ καὶ
μετὰ ταῦτα αὐτοχειρίᾳ τοῖς πάνυ φίλοις γράφειν. οὐ μέντοι καὶ
ἐπαξίως ἑαυτοῦ εὐδαιμόνησεν· οὔτε γὰρ τὸ σῶμα ἔρρωτο, καὶ κακοῖς
πλείστοις παρὰ πᾶσαν ὡς εἰπεῖν τὴν ἡγεμονίαν περιέπεσεν.
ἀλλ´ ἔγωγε ἐξ αὐτῶν τούτων μᾶλλον αὐτὸν τεθαύμακα, ὅτι ἔν τε
ἀλλοκότοις καὶ ἐν ἐξαισίοις πράγμασι αὐτός τε διεγένετο καὶ τὴν
ἀρχὴν διεσώσατο. ἓν δ´ οὖν τοῦτο ἐς τὴν οὐκ εὐδαιμονίαν αὐτοῦ
συνηνέχθη, ὅτι τὸν υἱὸν καὶ θρέψας καὶ παιδεύσας ὡς οἷόν τε ἦν
ἄριστα, πλεῖστον αὐτοῦ ὅσον διήμαρτε. περὶ οὗ ἤδη ῥητέον, ἀπὸ
χρυσῆς τε βασιλείας ἐς σιδηρᾶν καὶ κατιωμένην τῶν τε πραγμάτων
τοῖς τότε Ῥωμαίοις καὶ ἡμῖν νῦν καταπεσούσης τῆς ἱστορίας.
| [71,36] Avant d'être nommé César, il eut un songe où il crut avoir des épaules
et des bras d'ivoire, dont il faisait tous les mêmes usages que des autres
membres. Son assiduité à l'étude et ses exercices affaiblirent beaucoup
son corps, bien qu'il eût été autrefois assez robuste pour combattre les
armes à la main, tuer, à cheval, à la chasse, des sangliers ; et pour
écrire de sa propre main, non seulement dans le premier âge, mais plus
tard encore, la plupart de ses lettres à ses intimes amis. Néanmoins il
ne jouit pas du bonheur qu'il méritait : son corps, en effet, était
débile, et, pendant tout le temps de son règne, pour ainsi dire, il
éprouva de nombreux malheurs. A mes yeux, c'est là une raison de l'admirer
davantage, pour s'être tiré lui-même d'affaires difficiles et
embarrassantes et avoir maintenu l'intégrité de l'empire. Une seule chose
fut mise sur le compte de son infortune : c'est qu'après avoir élevé et
instruit son fils aussi bien que possible, il fut complétement déçu dans
ses espérances. Il faut, dès à présent, parler de ce fils, puisque, pour
nous aujourd'hui, comme les affaires pour les Romains de ce temps,
l'histoire est tombée d'un règne d'or dans un règne de fer et de rouille.
| | |