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[60,13] ἐτίθει μὲν οὖν συνεχῶς μονομαχίας ἀγῶνας· πάνυ γάρ σφισιν
ἔχαιρεν, ὥστε καὶ αἰτίαν ἐπὶ τούτῳ σχεῖν· ἀπώλλυντο δὲ θηρία
μὲν ἐλάχιστα ἄνθρωποι δὲ πολλοί, οἱ μὲν ἀλλήλοις μαχόμενοι οἱ
δὲ καὶ ὑπ´ ἐκείνων ἀναλούμενοι. τοὺς γὰρ δούλους τούς τ´ ἀπελευθέρους
τοὺς ἐπί τε τοῦ Τιβερίου καὶ ἐπὶ τοῦ Γαΐου τοῖς δεσπόταις
σφῶν ἐπιβουλεύσαντας, τούς τε τὴν ἄλλως συκοφαντήσαντάς
τινας ἢ καὶ καταψευδομαρτυρήσαντάς τινων, δεινῶς ἐμίσει, καὶ
αὐτῶν τοὺς μὲν πλείους οὕτως ἀνήλισκε, τοὺς δὲ ἕτερόν τινα τρόπον
ἐκόλαζε, πολλοὺς δὲ καὶ τοῖς δεσπόταις αὐτοῖς ἐπὶ τιμωρίᾳ
παρεδίδου. τοσοῦτον δ´ οὖν τὸ πλῆθος τῶν ἐν τῷ κοινῷ θνησκόντων
ἐγίγνετο ὥστε καὶ τὸν τοῦ Αὐγούστου ἀνδριάντα τὸν ἐν τῷ
χωρίῳ ἐκείνῳ ἱδρυμένον ἑτέρωσέ ποι μετενεχθῆναι τοῦ δὴ μήτε
ἐφορᾶν αὐτὸν τοὺς φόνους νομίζεσθαι μήτε ἀεὶ κατακαλύπτεσθαι.
καὶ ἐπὶ μὲν τούτῳ γέλωτα ὠφλίσκανεν, εἰ δὴ ὅσα μηδὲ τὸν χαλκὸν
τὸν ἀναίσθητον δοκεῖν ὁρᾶν ἠξίου, τούτων αὐτὸς διεπίμπλατο· τά
τε γὰρ ἄλλα καὶ τοὺς διὰ μέσου τῆς θέας παρὰ τὸν τοῦ ἀρίστου
καιρὸν κατακοπτομένους ἥδιστα ἐθεώρει, καίτοι λέοντα δεδιδαγμένον
ἀνθρώπους ἐσθίειν καὶ πάνυ γε διὰ τοῦτο τῷ πλήθει ἀρέσκοντα
ἀποκτείνας ὡς οὐ προσῆκον ὂν τοιοῦτό τι θέαμα ὁρᾶν Ῥωμαίους·
ὅτι δὲ δή σφισι κοινῶς τε ἐν τῇ θέᾳ συνῆν καὶ παρεῖχεν ὅσα
ἐβούλοντο, καὶ κήρυξι μὲν ἐλάχιστα ἐχρῆτο, τὰ δὲ δὴ πλείω ἐς
σανίδας γράφων διεδήλου, σφόδρα ἐπῃνεῖτο.
| [60,13] Il donnait sans cesse des combats de gladiateurs,
car il les aimait au point de s'être attiré le blâme à ce sujet.
Fort peu de bêtes y périssaient, mais en revanche
beaucoup d'hommes, les uns en combattant, les autres
dévorés par les bêtes. En effet, les esclaves et les affranchis
qui, sous Tibère et sous Caius, avaient dressé
des embûches à leurs maîtres, ceux qui avaient légèrement
intenté des accusations calomnieuses ou porté de
faux témoignages contre des citoyens, étaient de sa part
l'objet d'une haine impitoyable : il en fit périr de
cette manière le plus grand nombre; d'autres furent
châtiés différemment, beaucoup aussi furent remis à
leurs maîtres pour être punis par eux. Telle était la
multitude des condamnés livrés en public au supplice,
que la statue d'Auguste érigée en cet endroit fut transportée
ailleurs, pour qu'elle fut censée ne pas voir ces
meurtres et ne restât pas perpétuellement voilée. Cette
précaution excita un rire général, attendu que, les spectacles
qu'il voulait que l'airain insensible semblât ne pas
voir, lui-même il s'en repaissait ; car, entre autres délassements,
dans l'intervalle des spectacles, au moment de
son dîner, il prenait plaisir à voir des combattants qui
se déchiraient les uns les autres, et cela, bien qu'il eût
fait tuer un lion instruit à manger des hommes et qui,
pour ce sujet, était fort agréable au peuple, sous le prétexte
qu'une pareille vue était indigne de Romains; mais
les manières populaires qu'il montrait en assistant aux
spectacles, la facilité avec laquelle il accordait tout ce
qu'on lui demandait, et le peu d'usage qu'il faisait de
hérauts, écrivant sur des tablettes la plupart de ses
communications, lui attiraient de grands éloges.
| [60,14] ἐθισθεὶς δ´ οὖν αἵματος καὶ φόνων ἀναπίμπλασθαι προπετέστερον
καὶ ταῖς ἄλλαις σφαγαῖς ἐχρήσατο. αἴτιοι δὲ τούτου οἵ τε
Καισάρειοι καὶ ἡ Μεσσαλῖνα ἐγένοντο· ὁπότε γὰρ ἀποκτεῖναί τινα
ἐθελήσειαν, ἐξεφόβουν αὐτόν, κἀκ τούτου πάνθ´ ὅσα ἐβούλοντο
ποιεῖν ἐπετρέποντο. καὶ πολλάκις γε ἐξαπιναίως ἐκπλαγεὶς καὶ κελεύσας
τινὰ ἐκ τοῦ παραχρῆμα περιδεοῦς ἀπολέσθαι, ἔπειτα ἀνενεγκὼν
καὶ ἀναφρονήσας ἐπεζήτει τε αὐτόν, καὶ μαθὼν τὸ γεγονὸς
ἐλυπεῖτό τε καὶ μετεγίγνωσκεν. ἤρξατο δὲ τῶν φόνων τούτων ἀπὸ
Γαΐου Ἀππίου Σιλανοῦ. τοῦτον γὰρ εὐγενέστατόν τε ὄντα καὶ τῆς
Ἰβηρίας τότε ἄρχοντα μεταπεμψάμενος ὥς τι αὐτοῦ δεόμενος, καὶ
τήν τε μητέρα οἱ τὴν τῆς Μεσσαλίνης συνοικίσας, καὶ αὐτὸν ἔν
τε τοῖς φιλτάτοις καὶ ἐν τοῖς συγγενεστάτοις χρόνον τινὰ τιμήσας,
ἔπειτ´ ἐξαίφνης ἔσφαξεν, ὅτι τῇ τε Μεσσαλίνῃ προσέκρουσεν οὐκ
ἐθελήσας αὐτῇ συγγενέσθαι πορνικωτάτῃ τε καὶ ἀσελγεστάτῃ οὔσῃ,
καὶ τῷ Ναρκίσσῳ τῷ ἀπελευθέρῳ αὐτοῦ δι´ ἐκείνην. καὶ οὐ γὰρ
εἶχον οὔτ´ ἀληθὲς οὔτε πιθανόν τι κατ´ αὐτοῦ εἰπεῖν, συνέπλασεν
ὄναρ ὁ Νάρκισσος ὡς σφαττόμενον τὸν Κλαύδιον ὑπὸ τοῦ Σιλανοῦ
αὐτοχειρίᾳ ἰδών, καὶ αὐτός τε εὐθὺς ὑπὸ τὴν ἕω ἐν τῇ εὐνῇ οἱ
ἔτ´ ὄντι ὑπότρομος διηγήσατο, καὶ ἡ Μεσσαλῖνα παραλαβοῦσα ἐδείνωσε.
καὶ ὁ μὲν οὕτως ἐξ ἐνυπνίου παραπώλετο.
| [60,14] Habitué à se repaître ainsi de sang et de meurtres,
il n'en fut que plus porté à ordonner les autres supplices.
Les auteurs de ces crimes furent les Césariens et
Messaline. Quand ils voulaient tuer quelqu'un, ils effrayaient
le prince et obtenaient ainsi la permission de
faire tout ce qu'ils voulaient. Souvent même, frappé tout
à coup de terreur, et ayant, dans le saisissement de la
crainte, ordonné la mort de quelqu'un, lorsque ensuite
il était revenu à lui et avait repris son calme, il le redemandait,
et, en apprenant ce qui s'était passé, il en était
chagrin et plein de repentir. Le premier de ces meurtres
fut celui de C. Appius Silanus. Claude, après avoir mandé
près de lui, comme s'il eût besoin de ses services, ce Silanus,
qui était d'une haute naissance et alors gouverneur
de l'Espagne, après l'avoir marié à la mère de Messaline
et l'avoir quelque temps honoré comme l'un de
ses plus grands amis et de ses plus proches parents, le
fit ensuite mettre à mort tout à coup, pour avoir offensé
Messaline en refusant les faveurs de cette femme impudique
et luxurieuse, et, par elle, Narcisse, affranchi du
prince. Narcisse, attendu qu'ils n'avaient rien de vrai ni
de croyable à dire contre Silanus, imagina un songe où
il avait vu Claude égorgé de la propre main de Silanus,
et il vint, dès le point du jour, raconter, tout tremblant,
ce songe au prince qui était encore au lit, et Messaline,
reprenant le récit de Narcisse, l'exagéra encore. C'est
ainsi que Silanus mourut victime d'un songe.
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