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[58,15] τῶν οὖν αἰτιαθέντων συχνοὶ μὲν καὶ κατηγορήθησαν παρόντες καὶ
ἀπελογήσαντο, καὶ παρρησίᾳ γε εἰσὶν οἳ μεγάλῃ ἐχρήσαντο· οἱ δὲ δὴ πλείους
αὐτοὶ ἑαυτοὺς πρὶν ἁλῶναι διέφθειραν. ἐποίουν δὲ τοῦτο μάλιστα μὲν
τοῦ μήτε τὴν ὕβριν μήτε τὴν αἰκίαν φέρειν (πάντες γὰρ οἵ τινα
τοιαύτην αἰτίαν λαβόντες, οὐχ ὅπως ἱππῆς ἀλλὰ καὶ βουλευταί,
οὐδ´ ὅπως ἄνδρες ἀλλὰ καὶ γυναῖκες, ἐς τὸ δεσμωτήριον συνεωθοῦντο,
καὶ καταψηφισθέντες οἱ μὲν ἐκεῖ ἐκολάζοντο, οἱ δὲ καὶ
ἀπὸ τοῦ Καπιτωλίου ὑπὸ τῶν δημάρχων ἢ καὶ τῶν ὑπάτων κατεκρημνίζοντο,
καὶ ἔς τε τὴν ἀγορὰν τὰ σώματα ἁπάντων αὐτῶν
ἐρρίπτετο καὶ μετὰ τοῦτο ἐς τὸν ποταμὸν ἐνεβάλλετο), ἤδη δὲ καὶ
ὅπως οἱ παῖδες τῶν οὐσιῶν αὐτοὺς κληρονομῶσιν· ὀλίγαι γὰρ πάνυ
τῶν ἐθελοντηδὸν πρὸ τῆς δίκης τελευτώντων ἐδημεύοντο, προκαλουμένου
διὰ τούτου τοὺς ἀνθρώπους τοῦ Τιβερίου αὐτοέντας γίγνεσθαι,
ἵνα μὴ αὐτός σφας ἀποκτείνειν δοκῇ, ὥσπερ οὐ πολλῷ
δεινότερον ὂν αὐτοχειρίᾳ τινὰ ἀποθανεῖν ἀναγκάσαι τοῦ τῷ δημίῳ
αὐτὸν παραδοῦναι.
| [58,15] Parmi ceux qui étaient mis en cause, un certain
nombre furent accusés en face et se défendirent : il y en
eut même qui usèrent d'une grande liberté de langage;
mais la plupart prévinrent leur condamnation en se donnant
eux-mêmes la mort. Ils le faisaient en vue surtout de
se soustraire aux injures et aux tourments (tous ceux qui
étaient mis en cause pour un fait de cette nature, chevaliers
et sénateurs, hommes et femmes, étaient entassés
dans la prison; puis, quand ils avaient été condamnés,
les uns étaient livrés au supplice dans la prison
même, les autres étaient précipités du haut du mont
Capitolin par les tribuns du peuple ou par les consuls,
et leurs corps à tous étaient jetés sur le Forum et ensuite
lancés dans le fleuve) ; ils le faisaient aussi pour que
leurs enfants héritassent de leurs biens ; en effet, de ceux
qui moururent volontairement avant d'être condamnés,
il y en eut très peu dont les biens furent confisqués;
c'était un moyen employé par Tibère pour pousser ses
victimes à se donner la mort, afin de n'en point paraître
l'auteur, comme si ce n'était pas chose bien plus affreuse
de forcer quelqu'un à se tuer, que de le livrer au bourreau.
| [58,16] αἱ δ´ οὖν πλεῖσται τῶν οὐχ οὕτως ἀποθανόντων
οὐσίαι ἐδημοσιοῦντο, βραχέος τινὸς ἢ καὶ μηδενὸς τοῖς κατηγορήσασιν
αὐτῶν διδομένου. καὶ γὰρ τὰ χρήματα δι´ ἀκριβείας ἤδη
πολὺ μᾶλλον ἐποιεῖτο. καὶ διὰ τοῦτο καὶ τέλος τι διακοσιοστὴν
ἔχον ἑκατοστὴν ἤγαγε, καὶ ἐκληρονόμει παντὸς τοῦ καταλειφθέντος
αὐτῷ· κατέλειπον δὲ δὴ πάντες ὀλίγου καὶ οἱ ἑαυτοὺς ἀναχρώμενοι,
ὥσπερ καὶ τῷ Σεϊανῷ ὅτε ἔζη. τῇ δ´ αὐτῇ ἐκείνῃ διανοίᾳ ᾗ τὰ
τῶν ἑκόντως ἀποθνησκόντων χρήματα οὐκ ἀφῃρεῖτο, καὶ τὰς ἐσαγγελίας
πάσας ἐς τὴν γερουσίαν ἐσῆγεν, ὅπως αὐτός τε ἔξω αἰτίας,
ὥς γε καὶ ἐδόκει, ᾖ, καὶ ἡ βουλὴ αὐτὴ ἑαυτῆς ὡς καὶ ἀδικούσης τι
καταψηφίζηται. ὅθεν καὶ πάνυ ἀκριβῶς ἔμαθον, αὐτοὶ δι´ ἑαυτῶν
ἀπολλύμενοι, ὅτι καὶ τὰ πρότερον ἐκεῖνα οὐ τοῦ Σεϊανοῦ μᾶλλον
ἢ τοῦ Τιβερίου ἔργα ἦν. οὐ γὰρ μόνον οἱ κατηγορήσαντές τινων
ἐκρίνοντο ἢ καὶ οἱ καταμαρτυρήσαντες κατεμαρτυροῦντο, ἀλλὰ καὶ
οἱ κατεψηφισμένοι τινῶν ἀνθηλίσκοντο. οὕτως οὔθ´ ὁ Τιβέριός
τινων ἐφείδετο, ἀλλὰ καὶ πᾶσιν αὐτοῖς κατ´ ἀλλήλων ἀπεχρῆτο,
οὔτ´ ἄλλον βέβαιον φίλον οὐδένα - - -, ἀλλ´ ἐν τῷ ἴσῳ καὶ τὸ
ἀδικοῦν καὶ τὸ ἀναμάρτητον τό τε ὑποπτεῦόν τι καὶ τὸ ἀδεὲς πρὸς
τὴν τῶν Σεϊανῶν ἐγκλημάτων ἀνάκρισιν ἐγίγνετο. ἔδοξε μὲν γάρ
τινα ἀμνηστίαν αὐτῶν ὀψέ ποτε ἐσηγήσασθαι· καὶ γὰρ πενθεῖν
τοῖς βουλομένοις αὐτὸν ἐπέτρεψε, προσαπειπὼν μηδὲ ἐφ´ ἑτέρου
τινὸς κωλύεσθαί τινα τοῦτο ποιεῖν, ὃ πολλάκις ἐψηφίζετο· οὐ μὴν
καὶ τῷ ἔργῳ ἐβεβαίωσεν αὐτήν, ἀλλ´ ὀλίγον διαλιπὼν ἔπειτα καὶ
ἐπὶ τῷ Σεϊανῷ καὶ ἐφ´ ἑτέροις ἀθεμίτοις ἐγκλήμασι συχνοὺς ἐκόλασεν,
ᾐσχυγκέναι τε καὶ ἀπεκτονέναι καὶ τὰς συγγενεστάτας σφίσιν αἰτιαθέντας.
| [58,16] Quant à ceux qui n'étaient pas morts ainsi, leurs
biens étaient, la plupart du temps, confisqués, et tout
au plus une petite partie en était donnée aux accusateurs.
Car Tibère était déjà devenu beaucoup plus avide d'argent.
Dans la suite, il finit même par substituer à l'impôt
du deux-centième celui du centième et par recueillir tous
les legs qui lui étaient faits. Presque tous les citoyens,
en effet, même ceux qui se donnaient eux-mêmes la
mort, lui faisaient quelque legs, ainsi que cela se pratiquait
pour Séjan, lorsqu'il était vivant. La même intention
qui le portait à ne pas toucher aux biens de ceux
qui mouraient volontairement, l'engageait à déférer
toutes les accusations au sénat, afin de se mettre lui-même,
c'est du moins mon avis, hors de cause, et de faire
que cette assemblée prît sur elle-même la faute de ces
jugements. Les sénateurs alors, en périssant victimes de
leurs propres arrêts, reconnurent bien que les misères
d'autrefois n'étaient pas plus l'oeuvre de Séjan que celle
de Tibère. Non seulement les accusateurs étaient traînés
en justice, et les témoins qui avaient déposé contre des
accusés succombaient sous le coup d'autres témoignages;
mais ceux même qui avaient voté des condamnations
étaient à leur tour condamnés. Ainsi Tibère, loin de
faire grâce à personne, abusait des uns contre les autres,
et loin d'avoir aucun ami sûr, traitait, dans la poursuite
des crimes reprochés à Séjan, de la même façon les
coupables et les innocents, ceux qui craignaient et ceux
qui se croyaient en sûreté. A la fin, cependant, il sembla,
bien que tardivement, accorder une sorte d'amnistie ;
il permit à qui le voudrait de pleurer Séjan, avec
défense d'empêcher personne de le faire pour tout autre,
chose qui était souvent décrétée ; néanmoins il ne confirma
pas cette permission par ses actes; car, peu de
temps après, il se mit à punir une foule de citoyens à
cause de Séjan et à cause d'autres accusations injustes,
comme celles d'avoir déshonoré et tué leurs plus proches parentes.
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