[55,21] πεῖραν οὖν ἀπ´ αὐτῶν τούτων ἀρξάμενοι ποιησώμεθα. τάχα γὰρ
ἂν καὶ αὐτοὶ μεταβάλοιντο καὶ τοὺς ἄλλους ἀμείνους ποιήσειαν· καὶ γὰρ ὁρᾷς
ὅτι καὶ ὁ Κορνήλιος καὶ εὐγενὴς καὶ ὀνομαστός ἐστι. δεῖ δέ που καὶ ταῦτα
ἀνθρωπίνως ἐκλογίζεσθαι. οὐ πάντα τοι τὸ ξίφος διαπράττεται (μέγα γὰρ ἦν
ἂν ἀγαθόν, εἰ σωφρονίζειν τέ τινας καὶ πείθειν ἢ καὶ καταναγκάζειν
φιλεῖν τινὰ ἀληθῶς ἐδύνατο), ἀλλὰ τὸ μὲν σῶμά τινος φθείρειεν
ἄν, τὰς δὲ δὴ τῶν ἄλλων ψυχὰς ἀλλοτριώσειεν· οὐ γὰρ ἐξ ὧν ἂν
ἕτεροι τιμωρηθῶσι, προσφιλέστεροί τινι, ἀλλ´ ἐξ ὧν ἂν αὐτοὶ φοβηθῶσιν,
ἐχθίους γίγνονται. καὶ ταῦτα μὲν οὕτως ἔχει, οἱ δὲ δὴ
συγγνώμης τινὸς τυχόντες καὶ μετανοοῦσιν, αἰσχυνόμενοι αὖθίς τι
τοὺς εὐεργέτας ἀδικῆσαι, καὶ πολλὰ αὐτοῖς ἀνθυπουργοῦσιν, ἐλπίζοντες
πλείω ἀντ´ εὖ πείσεσθαι· ὑφ´ οὗ γὰρ ἄν τις ἀδικηθέντος τι
σωθῇ, τοῦτον εὖ παθόντα οὐδὲν ὅ τι οὐκ εὐεργετήσειν ἑαυτὸν ἡγεῖται.
πείσθητι οὖν μοι, φίλτατε, καὶ μεταβαλοῦ. οὕτω μὲν γὰρ
καὶ τἆλλα τὰ δυσχερῆ πάντα ἀνάγκῃ πεποιηκέναι δόξεις· οὐ γὰρ
ἔστι πόλιν τηλικαύτην ἐκ δημοκρατίας πρὸς μοναρχίαν ἄγοντα ἀναιμωτὶ
μεταστῆσαι· ἂν δὲ ἐπὶ τοῖς αὐτοῖς ἐπιμένῃς, καὶ ἐκεῖνα γνώμῃ
δεδρακέναι νομισθήσῃ."
| [55,21] « Commençons donc l'essai de cette façon d'agir
avec les conjurés. Peut-être changeront-ils de sentiment
et amèneront-ils les autres à plus de sagesse. Tu
le vois, Cornélius est de noble extraction et porte
un nom illustre. Ce sont là des considérations dont
un homme doit tenir compte. Le glaive ne vient
pas à bout de tout (ce serait un grand bien, s'il
pouvait corriger certaines gens, les persuader, et
les forcer d'aimer véritablement) ; il tuera bien le
corps de quelqu'un, mais il aliénera les esprits de tous
les autres : car le châtiment des coupables ne gagne
l'affection de personne; au contraire, en imprimant
la terreur, il inspire une haine plus forte. Ainsi
vont les choses : ceux qui ont obtenu un pardon,
craignent, dans leur repentir, d'offenser de nouveau
leur bienfaiteur, et lui rendent de bons offices
dans l'espoir d'obtenir en retour d'amples récompenses :
l'homme qui a reçu la vie de celui qu'il a
offensé s'imagine qu'il n'est aucun bien qu'il ne
doive en attendre après avoir été traité favorablement.
Cède donc à mes conseils, cher époux, change
de conduite. De cette façon il semblera que tous tes
actes de rigueur ont été commandés par la nécessité ;
attendu qu'il est impossible de ne pas répandre du
sang, quand, changeant la constitution d'une si grande
ville, on la fait passer du gouvernement démocratique
au gouvernement monarchique. Si tu persévères dans
ta résolution, on croira que tu aimais les actes de cruauté."
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