HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livre LV

Chapitre 20

  Chapitre 20

[55,20] ὥστε ἔγωγε ταῦτά τε ἀκούουσα καὶ πρὸς ταῦτα ἀποβλέπουσα κινδυνεύω καὶ παντελῶς ἀπειπεῖν σοι μηδένα διὰ τοιοῦτό τι ἀποκτιννύναι. αἵ τε γὰρ προστασίαι ἐπί τε τῇ τῶν ἀρχομένων σωτηρίᾳ καθίστανται, ὅπως μηδὲν μήθ´ ὑπ´ ἀλλήλων μήθ´ ὑπὸ τῶν ἀλλοφύλων βλάπτωνται, οὐ μὰ Δία οὐχ ὅπως ὑπ´ αὐτῶν ἐκείνων τι λυπῶνται· καὶ εὐκλεέστατόν ἐστιν οὐ τὸ πολλοὺς τῶν πολιτῶν ἀπολλύναι, ἀλλὰ τὸ πάντας, ἂν οἷόν τε , σώζειν δύνασθαι. παιδεύειν μὲν γὰρ αὐτοὺς καὶ νόμοις καὶ εὐεργεσίαις καὶ νουθεσίαις δεῖ, ὅπως σωφρονῶσι, καὶ προσέτι καὶ τηρεῖν καὶ φυλάττειν, ἵνα κἂν ἀδικεῖν ἐθελήσωσι μὴ δυνηθῶσιν· ἂν δὲ δὴ νοσήσῃ τι, θεραπεύειν τε τρόπον τινὰ αὐτὸ καὶ ἐπανορθοῦν, ἵνα μὴ παντελῶς φθαρῇ. τό τε γὰρ φέρειν τὰ τῶν πολλῶν ἁμαρτήματα καὶ πάνυ μεγάλης καὶ φρονήσεως καὶ δυνάμεως ἔργον ἐστίν· ἄν τέ τις πάντα ἁπλῶς τὰ τοιαῦτα κατὰ τὴν ἀξίαν κολάζῃ, λήσει τοὺς πλείους τῶν ἀνθρώπων ἀπολέσας. ὅθεν καὶ διὰ ταῦτά σοι γνώμην δίδωμι θανάτῳ μὲν μηδένα τῶν τοιούτων τιμωρεῖσθαι, ἑτέρως δέ πως αὐτούς, ὥστε μηδὲν ἔτι δεινὸν δρᾶσαι, σωφρονίζειν. τί γὰρ ἂν ἀδικήσειέ τις ἐς νῆσον κατακλεισθείς, καὶ ἐν ἀγρῷ πόλει τέ τινι, οὐχ ὅπως ἄνευ πλήθους οἰκετῶν χρημάτων, ἀλλὰ καὶ μετὰ φρουρᾶς ὤν, ἄν γε καὶ τούτου δεήσῃ; εἰ μὲν γὰρ ἐγγύς που ἐνταῦθα οἱ πολέμιοι ἦσαν, καὶ τῆς θαλάσσης ταύτης ἀλλότριόν τι ἦν, ὥστε τινὰ αὐτῶν διαδράντα πρὸς ἐκείνους κακόν τι ἡμᾶς ἐργάσασθαι, πόλεις τέ τινες ἐν τῇ Ἰταλίᾳ ἐχυραὶ καὶ τείχη καὶ ὅπλα ἔχουσαι ὑπῆρχον, ὥστε τινὰ καταλαβόντα αὐτὰς φοβερὸν ἡμῖν γενέσθαι, ἕτερος ἂν ἦν λόγος· ἀόπλων δὲ δὴ πάντων τῶν ταύτῃ καὶ ἀτειχίστων ὡς πρὸς πόλεμον ὄντων, καὶ τῶν πολεμίων παμπληθὲς ἀπ´ αὐτῶν ἀφεστηκότων (πολλὴ μὲν γὰρ θάλασσα πολλὴ δὲ καὶ γῆ, καὶ ὄρη καὶ ποταμοὺς δυσδιαβάτους ἔχουσα, διὰ μέσου ἐστί), τί ἄν τις φοβηθείη τὸν δεῖνα τὸν δεῖνα, γυμνούς, ἰδιωτεύοντας, ἐνταῦθά που ἐν μέσῃ τῇ σῇ ἀρχῇ ὄντας καὶ ἐντὸς τῶν σῶν ὅπλων κατακεκλειμένους; ἐγὼ μὲν γὰρ οὔτ´ ἂν ἐννοῆσαί τινα τοιοῦτον οὐδέν, οὔτ´ ἄν, εἰ καὶ τὰ μάλιστα μανείη τις, δύνασθαί γέ τι πρᾶξαι νομίζω. [55,20] « C'est parce que j'ai entendu porter ces jugements et que j'y fais attention, que je suis tentée de te conseiller d'une façon absolue de ne mettre personne à mort pour un motif semblable. Le pouvoir est établi pour le salut des gouvernés, pour empêcher qu'ils soient incommodés ou les uns par les autres ou par les peuples étrangers, et non, par Jupiter! pour qu'ils soient maltraités par les gouvernants : la gloire consiste, non à perdre un grand nombre de citoyens, mais à être capable de les sauver tous, s'il est possible. Il faut les instruire par des lois, par des bienfaits, par des remontrances, afin de les rendre sages; il faut, de plus, les observer et les surveiller, afin que, s'ils ont la volonté de nuire, il n'en aient pas le moyen ; si quelque membre vient à être malade, il faut y appliquer, pour ainsi dire, des remèdes et le guérir, afin qu'il n'achève pas de se corrompre. Supporter les fautes de la multitude est l'effet d'une grande sagesse et d'une grande puissance ; en les châtiant toutes indistinctement selon leur mérite, on ferait périr, sans y penser, plus d'hommes qu'on n'en laisserait vivre. Voilà la raison et le motif pour lesquels je te conseille de ne punir de mort aucun de ceux qui sont coupables d'un tel crime, mais de les ramener par un autre moyen qui ne leur permette pas désormais de faire rien de grave. Quel dommage, en effet, redouter d'un homme relégué dans une île, dans une campagne, dans une ville, où il n'aura ni domestiques nombreux, ni argent en abondance, et où, de plus, s'il est nécessaire, il sera gardé étroitement ? Si l'ennemi était dans le voisinage, si quelque partie de cette mer nous était hostile, de manière que le condamné, y trouvant une retraite, pût nous faire du mal, s'il y avait en Italie des villes fortifiées, ayant des remparts et des armes, d'où l'on pût, en s'en rendant maître, nous devenir redoutable, je te tiendrais un autre langage ; mais quand toutes les villes sont dégarnies d'armes et de remparts propres à soutenir une guerre, quand les ennemis sont fort éloignés (une vaste étendue de mer et de terre, des montagnes et des fleuves malaisés à passer nous en séparent), comment craindre tel ou tel, un homme sans ressources, un simple particulier, ici, au milieu de ton empire, entouré de tes troupes comme d'une enceinte ? Pour moi, je suis convaincue que personne ne saurait concevoir une pareille entreprise, ou que, du moins, quelle que fût sa folie, il ne pourrait rien mettre à exécution."


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Dernière mise à jour : 29/09/2006